Prof Magloire Kuakuvi : « Le Togo est un pays de faussaires et de tricheurs en élections »

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Il est l’un des universitaires togolais qui n’a pas froid aux yeux lorsqu’il s’agit de porter un regard critique sur la situation sociopolitique, surtout relever les tares contenues dans les stratégies adoptées par l’opposition, et les dérives auxquels se livre le régime en place pour se maintenir au pouvoir. Le Professeur Marcel Magloire Kuakuvi, puisque c’est de lui qu’il s’agit, revient avec ses analyses en marge de la conférence-débat tenue jeudi dans le cadre des 13 ans du Conseil Episcopal Justice et Paix.

Les débats autour du « délai constitutionnel », avec la prétention du régime de Faure Gnassingbé d’organiser les élections sans les réformes nécessaires préconisées, expliquent pourquoi le gouvernement tente d’occulter les discussions dans le cadre du dialogue. Pour le Prof Magloire Kuakuvi, l’étau se referme sur l’opposition togolaise.

« L’opposition n’a pas les moyens d’empêcher le pouvoir togolais d’organiser des élections litigieuses et quelque référendum que ce soit. La fin du communiqué de la dernière rencontre de la CEDEAO, qui a évoqué les normes démocratiques et juridiques en dit long aux initiés de la politique togolaise. Le gouvernement togolais traîne les pas dans la négociation, pour évoquer des délais républicains et exiger des élections, sans faire les réformes constitutionnelles et institutionnelles nécessaires », a-t-il soutenu.

A l’en croire, le régime de Faure Gnassingbé est déjà dans les urnes. Mais il sera difficile, voire impossible d’avoir des élections crédibles au Togo, et donc d’être à l’abri d’autres soubresauts sociopolitiques, sources de blessés, de morts et de réfugiés. Le Prof Magloire Kuakuvi fonde son argument sur trois points essentiels.

D’abord, le fichier électoral. Il n’est plus un secret pour personne que ce fichier est corrompu. L’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) l’a évalué en 2010 et a reconnu que c’est un fichier corrompu. Mais rien n’a été fait jusqu’alors pour le purger.

Ensuite, le principe d’un homme une voix n’est pas respecté au Togo. Et selon l’universitaire qui se base sur le découpage arbitraire fait par le régime, une voix dans l’Assoli, par exemple, vaut treize (13) voix à Lomé et dans sa commune. Ce qui fait que le parti UNIR peut avoir moins de voix dans les urnes, mais avoir la majorité des députés au parlement. « C’est un piège qui fonctionne à merveille et que l’opposition n’arrive pas à démanteler », a-t-il souligné. Pour lui, dire seulement que les élections auxquelles se préparent actuellement le régime n’aura pas lieu, ou que Faure Gnassingbé ne fera pas un quatrième mandat, ne suffit pas. Il faut donc avoir les moyens de sa politique.

Enfin, l’appel lancé par les Togolais, depuis 1990, à l’ONU, la CEDEAO et l’Union Africaine (UA) pour leur venir au secours, n’a jamais été entendu.
Pour lui, il faut une mission de la communauté internationale, comme celle de l’ONU qui avait supervisé les nouvelles élections au Togo le 27 avril 1958 et qui avait permis l’installation d’une nouvelle assemblée, pour sauver le Togo. Dans le cas contraire, le cycle d’élections contestées continuera, puisque selon le Prof Magloire Kuakuvi, « la fraude électorale est un péché originel au Togo ».

« La conséquence principale que l’on peut tirer de ces trois points, c’est que pour avoir des élections équitables, libres, sûres et démocratiques au Togo, il faut que ces trois points soient respectés dans les normes démocratiques et juridiques. Le Togo évoquera la sacrosainte souveraineté d’un Etat de droit. Or tout le monde sait à l’ONU, surtout depuis les missions KING et DORSINVILLE, que le Togo est un pays de faussaires et de tricheurs en élections. L’OIF ne peut pas nous démentir, puisqu’elle est venue confirmer que le fichier électoral togolais est corrompu », a-t-il expliqué.

Dans tous les cas, au Togo, toutes les attentions sont orientées aujourd’hui vers la CEDEAO qui va rendre publique la feuille de route pour une sortie de crise. Bien que des supputations commencent déjà par nourrir l’opinion sur ce que sera le contenu de cette feuille de route, nombreux sont ceux qui attendent de voir jusqu’où l’institution communautaire est prête à la aller dans la résolution de la crise sociopolitique au Togo.

I.K

Source : www.icilome.com