Le Togo se prépare à deux échéances électorales, les régionales et les législatives cette année. Des voix s’élèvent pour un couplage des deux consultations depuis un moment. Et l’une des conséquences sera l’abandon des détenus dans les centres de détention pour un bon moment. La raison, la décision du ministre de la Justice de nommer des juges d’instruction comme présidents de Commissions électorales locales indépendantes (CELI). Mais parallèlement à cette situation, au moins une préfecture suscite des interrogations dans la répartition des Comités de listes et cartes (CLC).
D’abord, il faut le reconnaître, l’institution mère, la CENI (Commission électorale nationale indépendante) est l’un des Plus grands communs diviseurs (PGCD) au Togo de par sa composition. Partiale, partisane et partielle, cette institution a de tout temps cristallisé la tension lors des scrutins. Majoritairement composée de membres à tendances proches du parti au pouvoir, la CENI a rarement rassemblé autour de sa structure. Mais si en plus d’elle, ses démembrements doivent avoir des choses à se reprocher, on se demande si les dés ne sont pas pipés avant le match.
Des juges d’instruction présidents de CELI. A-t-on nécessairement besoin de mobiliser ces juges du siège quand on sait que peuvent être nommés à ces postes des présidents de tribunaux et des juges ? A quelle sauce veut-on cuisiner les piles de dossiers sur la table de ces juges d’instruction ?
Il est vrai que les juges instructeurs aussi peuvent faire partie de cette catégorie, mais par rapport à leurs tâches au quotidien et à leurs responsabilités, la composition de la liste des présidents de CELI devrait se passer de leur présence que le pays en général ne s’en porterait que mieux, et particulièrement les Togolais qui sont en conflit avec la loi.
D’abord, par rapport à l’univers carcéral, il est démontré que les prisons au Togo sont bondées. Et l’une des causes de cette surpopulation est la lenteur dans les procédures. Ajouté à cette lenteur le récent mouvement des magistrats en termes d’affectations, il apparaît que bien des juges, surtout ceux qui sont à l’instruction, brandissent le manque de temps pour s’imprégner des dossiers à leurs nouveaux postes.
Mais lorsque le ministre de la Justice en vient à coopter des juges d’instruction alors que ce ne sont pas les juges et les présidents de tribunaux qui manquent, on peut se demander si le sort des détenus et autres dossiers en retard n’ont pas de prise sur les consciences des gens.
Car, ceux-ci devront être présents durant tout le processus électoral ; et si par malheur les deux scrutins ne sont pas couplés, alors on peut imaginer avec quelle absence de célérité les dossiers devant passer en instruction seront conduits. Des mois sans pouvoir défendre sa cause pour les détenus.
En temps normal, un juge d’instruction est supposé ne recevoir d’instructions de personne, encore moins de sa hiérarchie. Or, le ministre est membre du gouvernement, et dont a une tendance politique. Et l’organisation des élections au Togo est souvent pointée du doigt pour son côté tendancieux. Reste alors à savoir si les juges d’instruction sauront faire valoir leur indépendance.
En guise de rappel, ils sont treize juges d’instruction à bientôt siéger comme présidents de CELI dans: Tône 2 et 4 ; Oti sud ; Kozah 3 et 4 ; Bassar 2, 3 et 4 ; Tchaoudjo 3 et 4 ; Mô 1 et 2 ; Ogou 2 et 3 ; Haho 3 et 4 ; Kpele 1 et 2 ; Lac 3 et 4 ; Vo 2 et 4 ; Agoè Nyive 1 ; Agoe Nyive 4 et 6.
Des CLC d’un chef-lieu de préfecture font moins du 1/3 des CLC d’un autre canton
Les grandes manœuvres n’ont pas encore commencé que déjà, des situations bizarres en apparence se font jour. Et puisqu’en mathématiques, il suffit d’un seul contre-exemple pour remettre en cause un théorème, le cas d’une préfecture interpelle.
Préfecture d’Assoli. Canton de Bafilo (en même temps chef-lieu de préfecture), nombre de CLC : 16 ; canton de Boulade, nombre de CLC : 4 ; canton de Dako, nombre de CLC : 7 ; canton d’Aledjo, nombre de CLC : 6 ; canton de Koumonde, nombre de CLC : 18 ; canton de Soudou, nombre de CLC : 58.
Comme on peut le voir, conformément aux listes des CLC envoyées aux membres des CELI par la CENI, le nombre de CLC du chef-lieu et canton qui est Bafilo, est plus de trois fois inférieur à celui du canton de Soudou. Comment peut-on expliquer cette situation quand on sait que c’est souvent l’inverse qui est courant, et donc normal? Un natif du milieu estime que ce chiffre peut s’expliquer par les distances entre les villages de Soudou. Mais au point d’avoir un tel écart ?
Godson K.
Source: Liberté / libertetogo.info
Source : 27Avril.com