Probable 4è mandat de Faure Gnassingbé : Sous le prisme des 14 ans de gouvernance « Populicide » !

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Probable 4è mandat de Faure Gnassingbé : Sous le prisme des 14 ans de gouvernance « Populicide » !

La présidentielle de 2020, on en est encore loin ; l’heure est pour l’instant aux locales, avec toutes les manœuvres du pouvoir afin de dévoyer le processus en sa faveur. Mais s’il y a un candidat connu d’avance pour ce scrutin de 2020, c’est bien Faure Gnassingbé. Sauf imprévu, il briguera un quatrième mandat au pouvoir. Mais que peut-il encore offrir aux Togolais en termes de gouvernance, après trois mandats d’une vacuité retentissante et une gestion « populicide » à la tête du pays ?

La voie pavée pour un 4e mandat

On savait l’homme boulimique devant l’Eternel quand il s’agit du pouvoir et désireux de briguer un quatrième mandat à la tête du pays en 2020, même s’il a fait un effort surhumain pour ne pas l’avouer. Ce sont ses collabos qui ont parlé et agi à sa place. Ils l’ont presque investi candidat et même gagnant avant l’heure. On pense notamment au Premier ministre Selom Komi Klassou qui le déclarait candidat naturel et même déjà vainqueur, au Secrétaire Exécutif du RPT/UNIR Atchole Aklesso qui l’annonçait comme porte-flambeau à la base militante, à la Cellule de réflexion du parti qui l’a investi presque. Mais un fait a levé les doutes sur cette aspiration à un 4e mandat au pouvoir : la mise en œuvre des réformes.

L’exécution de ces réformes constitutionnelles, institutionnelles et électorales attendue depuis 2006 a enfin eu lieu le 8 mai dernier. Mais c’était aux dépens de la démocratie dont elle devrait participer au renforcement, et surtout de l’alternance à la tête du pays attendue par le peuple. Avec ces réformes, notamment l’article 158 – « La législation en vigueur au Togo jusqu’à la mise en place des nouvelles institutions reste applicable, sauf intervention de nouveaux textes, et dès lors qu’elle n’a rien de contraire à la présente Constitution. Les mandats déjà réalisés et ceux qui sont en cours à la date d’entrée en vigueur de la présente loi constitutionnelle ne sont pas pris en compte dans le décompte du nombre de mandats pour l’application des dispositions des articles 52 et 59 relatives à la limitation du nombre de mandats -, ses députés « nommés » lui ont remis officiellement le compteur à zéro et l’autorisent à candidater en 2020 à un 4e mandat. Ils lui accordent en bonus l’impunité à vie pour tous les crimes commis ou qu’il viendrait à commettre, avec l’article 75 nouveau – « Les anciens Présidents de la République sont, de plein droit, membres à vie du Sénat. Ils ne peuvent être ni poursuivis, ni arrêtés, ni détenus, ni jugés pour les actes posés pendant leurs mandats présidentiels ».

Ces réformes lui pavent donc la voie pour rempiler pour un 4e mandat en 2020. C’était d’ailleurs le dessein secret nourri, et il a attendu que l’Assemblée nationale soit acquise à sa cause pour foncer.

14 ans de gouvernance « populicide »

Au-delà des ressentiments légitimes à son encontre, l’avènement au pouvoir de Faure Gnassingbé a un tant soi peu suscité des espoirs. Bien de Togolais lui avaient en effet le bénéfice du doute, le laissant faire ses preuves pour le juger sur pièce. Son niveau d’études et sa jeunesse avaient séduit bien de compatriotes et mis de l’eau à leur bouche. Mais quatorze (14) ans après son avènement au pouvoir, la gouvernance de Faure Gnassingbé aura été un fiasco, et l’homme même une déception.

Déjà ne serait-ce que sur le plan des couleurs sous lesquelles sont dits placés ses mandats successifs, le bilan de la gouvernance Faure Gnassingbé est loin de la moyenne, pour ne pas dire proche du néant. Le premier était dit sous le signe de la paix et de la réconciliation nationale, le second celui de la relance économique et du développement des infrastructures, et le 3e en cours aux couleurs du social. Si l’on peut concéder une certaine réhabilitation des infrastructures socioéconomiques au second mandat, le bilan global à l’épreuve des réalisations est d’une vacuité retentissante. La réconciliation est un mirage, les Togolais sont plus que jamais divisés avec les agissements du régime et leur quotidien ne s’est guère amélioré. La plus grande déception est sans doute cette incantation de mandat social ; rien à se mettre sous la dente, la pauvreté et la misère se sont accentuée. L’« homme simple » n’a jamais respecté les rares engagements pris, et c’est un secret de Polichinelle. On se rappelle ses nombreuses promesses dans les fameux « 20 Plus » qu’il avait fait miroiter aux populations lors de sa drague électorale de 2005 et bien d’autres choses. Tout ça n’aura été qu’escroquerie intellectuelle.

Durant ses quatorze ans de régence, Faure Gnassingbé n’a gouverné que pour la minorité qui l’entoure, créant les conditions idéales pour un accaparement des richesses nationales. Des ministres et autres responsables de structures étatiques peuvent se permettre de voler des milliards sans être inquiétés ; pendant ce temps, la majorité est laissée dans la misère. Sa gouvernance dans son ensemble aura été « populicide ». Le nombre de morts sous sa régence, du moins depuis février 2005 dépasse de loin les décès enregistrés sous son feu père. En dehors des discours, l’humain et le bien-être des populations n’ont jamais été au centre de ses préoccupations et actions. Les logements sociaux annoncés sont toujours attendus. Les Togolais qui tiraient déjà le diable par la queue et espéraient du mieux avec lui, ont plutôt été saignés à blanc. Sa gouvernance dans son ensemble aura plutôt nui au commun des citoyens…

Que peut encore offrir Faure ?

C’est la question qu’il urge de se poser, devant sa quête effrénée d’un quatrième mandat pour lequel il est prêt à tout – c’est ce dessein qui a justifié la sévérité dont son régime a fait preuve face à la contestation populaire de 2017- et face à son tableau sombre en termes de bilan. Ce serait naïf d’attendre du meilleur de lui, avec les limites de sa gouvernance montrées durant ses quatorze ans de cheminement avec le peuple togolais.

Un dirigeant est censé être au service de ses gouvernés, les écouter et satisfaire leurs désirs. Et le plus grand actuellement des Togolais que l’on puisse citer, c’est l’alternance à la tête du pays. Et c’est légitime à plus d’un titre, après plus d’un demi-siècle de règne d’une seule famille sur le Togo, pourtant officiellement une République. Mais c’est cette aspiration qui est déjà violée par ce sprint de Faure Gnassingbé vers un 4e mandat à la tête du pays. Il va sans dire qu’il sera opaque aux autres volontés du peuple durant cette quatrième pige annoncée.

Ce bilan nuisible du Prince à la tête du pays ne fait donc qu’annoncer les couleurs de sa gouvernance au cours des mandats à venir. Faure Gnassingbé n’a que faire des libertés publiques, de la vie humaine, les bases mêmes de la démocratie. Il n’a que faire de la bonne gouvernance, de la justice, des droits de l’homme, des élections transparentes, du devoir de rendre compte…D’ailleurs les choses vont de mal en pire. La preuve ultime avec la marche programmée des Forces vives Espérance pour le Togo, le rapport accablant de la Ligue togolaise des droits de l’Homme (LTDH), etc. Il est évident qu’un régime qui ne place pas l’humain au centre de sa gouvernance se révélera toujours comme une calamité pour les gouvernés. Vu sous le prisme de la vacuité de la gouvernance durant les quatorze ans, le 4e mandat annoncé ne promet rien de meilleur. C’est pratiquement un chemin de croix qui attend les populations, vu que le Prince a repris la main, après les moments mouvementés qu’il a vécus avec la récente crise politique…

Tino Kossi

Source : Liberté No.2928 du 24 mai 2019

Source : www.icilome.com