Présidentielle : Débats télévisés entre candidats dans un processus vicié

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Des débats télévisés sont annoncés dans
le cadre de la présidentielle de 2020. Les candidats ou leurs représentants
viendront présentés leurs programmes de société. Seulement, l’initiative cache
le malaise qui existe au sein des candidats par rapport aux mauvaises
conditions dans lesquelles se tiennent ses élections.

Le spectacle est une tradition dans
certains pays du monde. Depuis plusieurs années, les candidats aux élections
présidentielles s’affrontent dans des débats télévisés. C’est le cas, entre
autres, en France et aux Etats-Unis. Au pays de l’Oncle Sam, la campagne pour
l’élection présidentielle commence dès les primaires qu’organisent les partis
politiques afin de désigner le meilleur candidat. Durant plus d’une année, les
candidats participent à de nombreux débats. Récemment, certains pays africains
ont intégré cette pratique dans le processus électoral.

Cette année, la Haute autorité de
l’audiovisuel et de la communication (HAAC) évoque la tenue de ces débats.
L’annonce a été faite, jeudi dernier, lors d’une tournée d’une délégation de la
HAAC dans les médias publics. Selon l’autorité de régulation des médias, pour
le premier tour du scrutin, chaque candidat ou son représentant viendra
présenter son programme de société. Les débats, explique-t-elle, auront lieu
dans les locaux de la télévision nationale TVT, en synchronisation  avec Radios Lomé et Kara, et 54 radios
privées préalablement désignées, à cet effet, par la HAAC. C’est seulement en
cas de second tour que les deux candidats en personnes viendront défendre leurs
programmes de société.

Ces débats doivent être organisés et
animés de façon à permettre aux différents candidats de réellement s’exprimer
et présenter leurs programmes de société. Car on le sait, les messages des
partis politiques de l’opposition sont souvent censurés par les rédactions des
médias publics. La HAAC, comme annoncé par la délégation qui a fait la tournée
des médias, doit s’assurer que tout se déroule bien. Dans ce cas, elle aura
réussi sa mission.

Néanmoins, quelle que soit la réussite
des débats, cela ne doit pas occulter le fait que le processus électoral est
vicié. Depuis plusieurs mois, les différentes formations politiques de
l’opposition et les organisations de la société civile appellent à
l’amélioration des conditions d’organisation du scrutin. Leurs principales
revendications sont la recomposition de la Cour Constitutionnelle, de la
CENI et la mise en place d’un nouveau fichier électoral.

Malheureusement, aucune de ces
revendications n’a été satisfaite. Alors que les forces démocratiques
réclamaient un recensement électoral pour constituer un nouveau fichier, le
régime RPT/UNIR a organisé trois jours de révision électorale, en s’appuyant sur
le fichier rejeté par l’opposition. C’est donc sur la base de ce fichier et ses
nombreuses imperfections que les candidats se présenteront devant les
électeurs.

Outre le fichier électoral, la
Commission électorale nationale indépendante (CENI) est aussi décriée. A ce
jour, sa composition pose problème. Et pour cause, on y retrouve des
représentants de partis politiques qui ne sont pas candidats aux élections de
2020. C’est le cas, entre autres, du Nouvel Engagement togolais (NET) et de
l’Union des forces de changement (UFC) qui y sont présents alors qu’ils ne
participent pas à la présidentielle. Puisque la CENI est politique, cette
configuration pose problème. 

En plus de cette configuration, il faut
souligner que le Comité d’action pour le renouveau (CAR) a décidé, le 04
janvier dernier, de rappeler tous ses représentants à la CENI et dans ses
démembrements. Au-delà de la raison avancée, c’est aussi parce que le parti
n’entendait pas présenter de candidat pour la présidentielle de 2020. Le NET et
l’UFC, par exemple, doivent rappeler leurs représentants par souci de cohérence
puisqu’ils ne sont pas dans la course à la présidence de la République. L’autre
anomalie dans la configuration de la CENI, c’est l’absence des représentants de
certains candidats comme l’ex-chef de file de l’opposition Jean-Pierre Fabre et
Prof Komi Wolou du PSR. Sans être représentés, ils y vont quand même.

Que dire de la Cour Constitutionnelle du
Togo ? Après un long moment de refus de sa recomposition, Faure Gnassingbé
a finalement accédé à la demande de l’opposition. En guise de recomposition, il
a reconduit plusieurs membres. Comme dans les précédentes élections
frauduleuses, Aboudou Assouma est encore placé à la tête de l’institution.
Peut-être pour s’offrir encore une danse après la proclamation de résultats
frauduleux. Au lieu de 9 membres, cette cour n’en compte que 7. Les deux
restants doivent être désignés par le Sénat qui n’existe que dans les textes.
Plusieurs organisations ont dénoncé l’illégalité de la Cour Constitutionnelle.

Toutes ces anomalies montrent que ceux
qui participent à ces élections, en dehors de Faure Gnassingbé, y vont pieds et
mains liés. En résumé, ces débats télévisés annoncés par la HAAC ne constituent
qu’un enjoliveur. L’essentiel manque encore.

G.A.

source: Liberté

Source : TogoActu24.com