A moins d’un cataclysme, les Togolais iront aux urnes le 22 février prochain pour le compte du premier tour de l’élection présidentielle 2020. Pour gagner cette élection, le pouvoir semble suivre un plan méthodiquement préparé.
Pour se renforcer le parti au pouvoir a décidé d’écarter certains de ses alliés. En effet, alors qu’il était le tout premier candidat à se déclarer pour l’élection présidentielle, le Net de Gerry Taama a finalement jeté l’éponge. Les spéculations disent que l’ancien officier de l’armée aurait été contraint, par ses bienfaiteurs, de se retirer de la course pour éviter de faire ombrage à Faure Gnassingbé dans certaines localités. Tout compte fait, le désistement du candidat du Net ne va pas bénéficier à l’opposition, loin de ce que Taama a indiqué en laissant le soin à ses militants de faire leur choix, mais c’est bien le parti au pouvoir qui profitera de la dispersion des voix.
Ainsi pour remporter cette élection, Unir veut mettre toutes les chances de son côté pour éviter un second tour « qui serait vécu comme une humiliation », indique une source proche du parti de Faure Gnassingbé. A ces fins , le candidat-président s’est lui-même montré très optimiste la semaine dernière à Atakpamé en insistant sur la formule consacrée « Un coup K.O ».
Toujours dans ce sens, la Cour constitutionnelle a trouvé le moyen d’invalider le dossier de Innoncent Kagbara du PDP et de Aubin Thon du Mouvement Novi. Pour l’ancien ministre de l’intérieur, François Akila Esso Boko, ces deux candidats sont des « faux-nez du RPT-UNIR ».*
Même si le Président du Mouvement Novi continue de contester son élimination « par erreur » de la course au fauteuil présidentiel, il sait que les décisions de la Cour constitutionnelle sont sans appel.
Pour l’instant, la première partie du plan semble marcher. Et la seconde pourrait également connaitre le même succès. Tant l’opposition se montre décevante.
Six contre un : diviser pour mieux régner…
Agbéyomé Kodjo (Forces démocratiques), Jean-Pierre Fabre (ANC), Aimée Gogué (ADDI), Georges William Kuessan (Santé du Peuple), Traoré Mohamed Tchassona (MCD) et Wolou Komi (PSR) sont les six candidats qui accompagnent Faure Gnassingbé.
A l’analyse, parmi les six candidats issus de l’opposition, seuls deux peuvent entretenir le rêve d’un second tour. En effet, lors des dernières élections municipales l’ANC de Jean-Pierre Fabre a montré qu’il possède une base électorale non négligeable. D’un autre côté, le candidat investi par Mgr Fanoko Kpodzro Agbéyomé Kodjo bénéficie de l’appui de plusieurs partis politiques non négligeables dont la CDPA. Par conséquent, la candidature de ces deux poids lourds va diviser sans aucun doute l’électorat de l’opposition.
D’ores et déjà, les attaques ont commencé par fuser de toutes parts. « Les gens s’accommodent sur le passé du candidat, sa participation au système, peut-être les positions qu’il a pris sur les dernières périodes. Les gens ne veulent pas dépasser ces aspects pour voir les atouts que disposent ce candidat », expose Fulbert Attisso, Coordonnateur de campagne de Agbéyomé Kodjo. Et pour cause, depuis l’annonce de l’ancien Premier ministre comme candidat des forces démocratiques, les critiques affluent sur les réseaux sociaux.
Certains ont même remis en cause la démarche du prélat qui aboutit à la désignation de Agbéyomé Kodjo. « L’infaillibilité du pape lui-même a été remise en question », a déclaré Eric Dupuy, Conseiller de Jean-Pierre Fabre.
A part ces deux ténors, il faut ajouter des partis comme ADDI qui a une assise politique dans le septentrion. Sans oublier aussi que les trois derniers à savoir Georges William Kuessan, Traoré Mohamed Tchassona et Wolou Komi sont également accrédités de quelques voix.
En sommes, la multitude de candidatures de l’opposition contre Faure Gnassingbé risque d’effriter l’électorat de l’opposition et placée le candidat du pouvoir dans les conditions idéales pour gagner dès le premier tour. Et tous semble concorder.
Mais, certains veulent garder la flamme du ralliement. « Je convie d’urgence les six (06) candidats de l’opposition démocratique togolaise à un conclave en vue de définir les meilleures stratégies face cette situation. Que les acteurs de la société civile et le peuple togolais tout entier accompagnent et imposent une dynamique unitaire pour le succès d’une telle démarche », a indiqué Akila Esso Boko. Il faut obtenir de meilleures conditions de transparence, a martelé l’ancien ministre de l’intérieur.
Aujourd’hui, tous les candidats, chacun dans son camp, incrimine l’organisation du scrutin mais ils rechignent à unir leur force pour la même cause. Pourtant, le temps presse.
Fraternité No.344
Source : Togoweb.net