Cela fait bientôt deux semaines que notre prince héritier de la République s’est encore une fois proclamé président du Togo ; bien sure « en toute humilité ». Les plus naïfs ont cru que l’homme pressé allait renoncer à un autre mandat, mais c’est méconnaître Faure Gnassingbé et cette histoire (une histoire racontée par feu Gnassingbé Eyadéma à ses fils, selon laquelle, si le pouvoir échappe à la famille elle partira pour toujours) selon laquelle la famille Gnassingbé est née pour régner, quel que soit le prix à payer.
Rien d’autre. Sur ce plan, plusieurs analyses toutes aussi éclairées les unes que les autres sont légions et très diversifiées. Mais la vrai problématique aujourd’hui, c’est est-ce-que les Togolais sont encore prêts pour une nième mascarade électorale après avoir subi les plus âpres souffrances de son histoire sous le régime Gnassingbé.
Cela fait 61 ans maintenant que la République togolaise a été instituée et 59 ans que le premier et seul président (Sylvanus OLYMPIO) démocratiquement élu de notre pays a proclamé notre indépendance. Après 52 ans au pouvoir, il est temps que le RPT-UNIR (le RPT-UNIR a gouverné 52 ans sur les 59 ans de l’indépendance du Togo) fasse un bilan de la gestion du pouvoir. S’ils ne le font pas, c’est parce qu’il n’y a qu’un seul mot qui définit cette gouvernance : « Dictature ». Et le RPT UNIR a sa propre version de la dictature. Cette dernière n’a pas seulement montré ses limites. Elle a fait du mal au peuple togolais.
Les résultats de ces 52 années de gouvernance débridée avec des méthodes d’un autre siècle, n’est pas du tout reluisant. Le régime RPT UNIR a fait de notre pays, une République bananière, une nation sans repères et sans aucun modèle de développement. Les institutions de la République fonctionnent au gré et à l’humeur d’un clan.
Les élections présidentielles sont devenues des compétitions d’investisseurs, où l’on investit 20 millions pour en récolter 75 à la fin. Et le héros national est plébiscité avec un score. Après, on fait un semblant de dialogue et le cycle recommence.
Pour ce qui est du parlement, il est devenu une chambre d’immatriculation où les meilleurs militants et opposants dociles sont nominés pour y siéger. En fait, et cela est fait à dessein, il n’y a aucun contre-pouvoir dans le pays. C’est une gouvernance irrationnelle improvisée chaque jour et dont les charges sont reparties entre amis, famille (de père au fils) en tenant compte de la région de provenance. Le citoyen togolais n’a aucun contrôle sur la gestion du bien national.
Nous vivons dans un pays où le pouvoir est sous le contrôle de l’ancien colonisateur. Et comme dans le passé, l’oppresseur s’est toujours appuyé sur une ethnie ou un parti minoritaire pour nous asservir. Notre Constitution, notre loi suprême que nous pensions avoir voté à plus de 98% est « toilettée » au plaisir et a la volonté d’un seul homme qui semble avoir pour ambition principale dans sa carrière politique « le pouvoir a vie ».
Le climat de peur et l’autocensure sont devenus le socle de la stratégie du régime cinquantenaire aux abois. Le citoyen togolais doit se garder de critiques sensibles et rejoindre le rang des plus « Faure » s’il veut avoir une place au soleil.
Sur le plan ethnique, nous vivons un tribalisme attardé, antidaté dans lequel les ethnies sont montées les unes contre les autres. Même nos élites politiques qui prétendent diriger ce pays un jour en sont victimes.
Tout comme sur le plan politique, vos 52 années passées au pouvoir ne vous ont pas non plus permis d’œuvrer pour le bien-être social de la population. Les infrastructures manquent cruellement sur le plan sanitaire. Tenez, le Synphot, à l’occasion d’une récente sortie révélait à la population qu’actuellement, aucun scanner ne fonctionne dans aucune structure de santé publique (CHU, CHR, CHP etc.) sur toute l’étendue du territoire national. Dans certaines localités, les populations vont pour se soignent dans les pays frontaliers. Nous pouvons passer des heures, voir des jours pour vous parler des déficits de notre système de santé, mais arrêtons-nous seulement aux infrastructures de base qui n’existent seulement que ne nom actuellement et dont la plupart sont dans un état pitoyable.
Parlons maintenant d’éducation. Beaucoup d’établissements scolaires manquent de salles de classe, de sanitaires, d’enseignants et même de tables bancs. C’est pratiquement la même chose au niveau de nos universités publiques. Les images des étudiants assis à même le sol pour suivre les cours confirment l’état lamentable de notre système d’éducation.
La jeunesse est laissée sans avenir. En eux, l’espoir meurt peu à peu. Ils vivent au jour le jour sans oser rêver d’un avenir meilleur. Ils ne rêvent même pas encore du jour où ils achèteront leur première voiture, se marier, construire leur première maison. Ce sont les raisons qui les poussent à aller chercher l’eldorado ailleurs.L’affluence des jeunes au service passeport pour la loterie visa américaine en est une preuve. Dans ces conditions, sur qui compter pour construire l’avenir du pays ?
Sur le plan économique, notre régime a accouché d’un plan national de diversion qui a pour axe 1 la célébration du plan, axe 2 sa vulgarisation et axe 3 la diversion.
Le régime RPT-UNIR, c’est 52ans d’échec de manque de confiance dans la gouvernance du régime et dans le peuple qu’on prétend gouverner. C’est une fuite en avant avec un futur incertain.
Chers dirigeants, il est temps de penser à sortir notre pays de cette précarité et poser les bases pour un vrai changement et une vraie indépendance politique et économique. Un demi siècle de servitude et de fuite en avant ça suffit. Réveillons-nous et chassons l’imposteur. Il est temps d’inclure le citoyen togolais dans la gestion du bien national en instaurant un débat politique permanent qui permettra une éducation politique de notre peuple et décoloniser les mentalités et de faire face aux défis du 21 siècle.
Il faut que les togolais prennent conscience que nous ne sommes pas condamnés à subir le RPT Unir et ses maîtres. Et ceci n’est possible que par l’alternance au sommet de l’état. Apres 60 ans d’indépendance nous ne sommes libres que sous la dominance de la métropole. Le résultat de ces soixante années d’indépendance c’est le sous développement et la dictature. J’aimerais dire à mes concitoyens que notre condition actuelle n’est pas une fatalité. Etre sous développé dans l’ignorance et la servitude ne nous permettra pas de sortir du joug colonial.
Il faut également ajouter que toute la classe politique (pouvoir comme opposition) doit prendre conscience que nous n’appartenons qu’à une seule classe. La classe des exploités, depuis le chef suprême (président héritier de la république) jusqu’au misérable paysans de la Kozah, ensemble nous sommes tous des tristes victimes d’un système néo-esclavagiste conçue pour nous exploiter. Le monde change, les lignes évoluent, il est temps de changer de paradigme. Dynamisons, les mœurs politiques pour une prise de conscience nationale et régionale. Reprenons le flambeau de l’indépendance que nous ont léger nos aïeux pour un vrai changement et une vraie indépendance qui pourra sortir nos population de la pauvreté et restaurer notre dignité.
L’histoire nous enseigne qu’aucun peuple ou une nation du monde n’a été capable de faire face aux défit humain sans avoir au préalable détruit ses chaines. « La nuit est longue mais le jour vient », avait déclaré le père de notre nation. Soyons maître de notre destin.
Délali Zognrah
Source : Togoweb.net