Présidentielle au Togo: sans grande surprise !

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Le samedi 22 février, le peuple togolais s’est rendu aux urnes pour le premier tour de l’élection présidentielle. Si beaucoup de personnes dans le pays attendaient une alternance à l’issue du scrutin, peu s’attendait  à ce que l’élection reflète ce sentiment puisque son équité a été contestée.

Le gouvernement a récemment annulé les lettres de créance des observateurs électoraux de la plus grande organisation de la société civile et a décidé, malgré les critiques, d’éliminer le décomptage des voix par voie électronique.

Le Togo, ancienne colonie française, n’est pas étranger à la domination continue de la dynastie des Gnassingbé. Avant l’accession de Faure Gnassingbé à la présidence en 2005, ce poste était occupé par son père, Eyadéma Gnassingbé, un ancien sergent militaire.

Eyadéma Gnassingbé est arrivé au pouvoir par un coup d’État en 1967, renversant les réformes pro-démocratiques et établissant un État à parti unique. Le pays n’était alors plus qu’à six ans de l’indépendance, et Gnassingbé a contribué au renversement des deux premiers présidents. Il allait gouverner pendant 38 ans, son fils prenant la relève à sa mort soudaine en 2005. Faure a dit un jour : « mon père m’a dit de ne jamais laisser le pouvoir ». Il semble qu’il suit ce conseil.

Les réformes constitutionnelles adoptées en 2018 ont plafonné le mandat d’un président à deux mandats de quatre ans, mais les changements étaient rétroactifs : ils ne tenaient pas compte des trois mandats passés de Gnassingbé.

S’il était à nouveau élu, il pourrait rester au pouvoir jusqu’en 2030. Malheureusement, la manipulation du vote est une norme historique : la famille Gnassingbé a remporté les six élections présidentielles grâce à toute une série de tactiques controversées.

Par exemple, en 1998, lors de la deuxième élection multipartite, Eyadéma Gnassingbé a vu le vote se diriger vers les partis d’opposition, et par conséquent a fermé le réseau national. Cela a permis d’arrêter la transmission des résultats des bureaux de vote, obligeant le commissaire électoral à démissionner et le ministère de l’intérieur à prendre en charge le décompte des voix. Il a déclaré Gnassingbé vainqueur trois jours plus tard, avec 52 % des voix.

Son fils se montre tout aussi résistant au changement de régime. Le président a survécu aux manifestations de masse en 2017-18, qui ont vu  jusqu’à 800 000 personnes (10 % de la population) descendre dans les rues. Bien que certaines concessions aient été faites aux militants, 16 personnes ont été tuées lors de la répression policière.

« Soyons réalistes ! Aucun des candidats [de l’opposition] ne peut remporter cette élection présidentielle au premier tour si l’élection est vraiment transparente. Mais c’est aux opposants de travailler pour minimiser la fraude », a déclaré Spero Mahoule, membre du Collectif des associations contre l’impunité au Togo.

Les partis d’opposition ont choisi de ne pas soutenir un candidat unique, en espérant que l’élection soit portée au second tour.

Mais le parti du président a prédit une victoire presque certaine pour lui, comme l’a déclaré un porte-parole : « étant donné le niveau de mobilisation, nous sommes convaincus et certains que cet enthousiasme se reflétera également dans les sondages ».

Faure Gnassingbé a promis de maintenir le taux de croissance de 5 % du pays et de garantir la paix et la sécurité face aux menaces croissantes de l’extrémisme dans la région de l’Afrique de l’Ouest. Pourtant, plus de la moitié de la population vit dans la pauvreté, ce qui en fait l’une des nations les plus pauvres au monde. Malheureusement, l’espoir est mince de voir les changements nécessaires se produire avec cette élection.

Auteur: Holly Barsham est Étudiant à l’université d’Édimbourg

Source : Togoweb.net