Présidentielle 2020 : Un candidat confirme la défaite de Faure Gnassingbé

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Nouvelles d'actualité au Togo : Faure perd les elections 2020

Elle reste dans la forme et la manière, l’une des élections présidentielles la plus discutée sur la « Terre de nos Aïeux ». Car, même lâché par certains de ses collègues de l’opposition, Dr Gabriel Agbéyomé Messan Kodjo, le leader de la DMK n’a cessé de crier sa victoire, refusant depuis plus de deux ans de concéder une quelconque défaite : « Je suis le seul président démocratiquement élu du Togo », martèle-t-il depuis le 22 février 2020. Aujourd’hui, les langues se délient. Est-ce le temps des regrets et de repentance, période ultime d’aveux ou de déblatérations après une sublime occasion gâchée ? Ce qui est constant, embusqué dans une mesquinerie indicible dont lui seul connait sans nul doute le secret, l’un des candidats de l’opposition à la dernière élection présidentielle s’ouvre dans une confession intime au champion de la DMK, Agbéyomé Messan Kodjo (AMK).

On ne peut certes changer le passé, mais il n’est jamais trop tard pour bien faire, et tout corriger. Beaucoup en sont convaincus et, courageusement, ils agissent en conséquence. Par contre d’autres, pusillanimes, ils roulent toujours avec le frein à main.

En effet, candidat à la dernière élection présidentielle 2020, souvent membre des diverses coalitions de l’opposition, un septuagénaire opposant politique s’est fendu de plusieurs messages adressés à AMK pour dépeindre les embrouillaminis et autres contorsions à la limite d’une conspiration orchestrée contre un mouvement politique ami : la DMK. Pourtant, à l’instar d’autres partis de l’opposition, la DMK, cette alliance de partis de l’opposition, est mue par la même volonté d’alternance et du changement, tant souhaités par le peuple togolais.

« Pour toi et tes militants/sympathisants/amis et autres, en votant massivement pour toi, le peuple togolais a décidé de tourner définitivement la page à la dictature le 22 février 2020. Malheureusement, comme après les élections présidentielles passées qu’ils n’ont jamais gagné, après son père, Faure est toujours sur le fauteuil présidentiel, illégalement et sans légitimité. Et c’est dommage de croire que le 22 février 2020 est différent sur ce point de 1998, 2003, 2005, 2010 et 2015. Je laisse de côté l’ampleur des irrégularités de 2020. Cette situation suggère que comme par le passé, en plus de l’élection, il faut autre chose pour faire partir le dictateur. Par ton passé tu es très bien situé pour le comprendre et le savoir ».

C’est en ces termes que s’est exprimé ce président d’un parti membre de la défunte C14 (coalition des 14 partis de l’opposition), pour confirmer à Agbéyomé Messan Kodjo de l’illégalité et de l’illégitimité de Faure Gnassingbé, et témoigner une nouvelle fois du triomphe de la DMK, soit de la grande victoire de AMK à la présidentielle 2022.

Cependant, si les leaders de l’opposition n’ont pas choisi de prendre la rue, battre les pavés pour arracher la victoire au pouvoir, l’homme politique en question croit savoir la raison : « A ma connaissance, s’il est vrai que nous n’avions pas appelé la population à sortir, aucun leader (au moins moi je ne l’ai pas fait) n’a demandé à ses militants de ne pas répondre à l’appel de Mgr Kpodzro demandant à la population de sortir pour revendiquer sa victoire. Notre comportement s’expliquait par le fait que la population a été traumatisée et il fallait faire un travail de fonds », a-t-il indiqué avant de poursuivre : « En dépit de tout cela, j’ai déployé l’énergie nécessaire pour obtenir un consensus pour des actions communes pour contester les résultats proclamés. Tu connaissais la position de l’opposition et surtout de l’ANC. En outre, il y a incohérence entre affirmer que tu as gagné en donnant un % et réclamer en même temps la vérité des urnes : la preuve, le G5 te demandait les preuves que (tu) ne pouvais fournir. La seule façon d’y échapper, c’est de soutenir que du fait (de) la violence, les irrégularités… nous n’avons pas eu d’élection. Et c’est ce consensus que j’ai réussi à obtenir des autres candidats, JPF (Jean-Pierre Fabre, ndlr) compris, et des responsables d’autres partis et d’OSC. C’est ce que je suis venu proposer à Mgr Kpodzro en ayant soin de préciser que Faure a perdu que j’ai perdu mais que tu as fort probablement gagné. Mgr a refusé cette proposition », fait-il constater.

S’agissant de l’incohérence évoquée par cet universitaire dans ses déblatérations, le champion de la DMK, Agbéyomé Kodjo a tenu à rassurer tout le monde qu’il n’y a aucune contradiction. Dans ses éclairages, il dit qu’il y a deux mouvements qui illustrent bien les faits. « Le premier mouvement date du 23 janvier 2020 dans la matinée quand, sur la base des informations qui ont été communiquées par nos représentants dans les bureaux de vote, nous avons soutenu que nous étions entre 59 et 61% des suffrages exprimés. Mais quand la CENI a tout précipité pour proclamer les résultats dans la nuit du 23 janvier 2020, c’est alors que nous avions commencé à exiger la vérité des urnes. C’est donc clair qu’il n’y a aucune incohérence entre affirmer que nous avons gagné et réclamer plus tard la vérité des urnes », a-t-il expliqué. Puis, concernant le Groupe des 5 (G5), il estime que pour redorer son blason auprès du peuple togolais, ce Groupe doit s’affranchir des menaces et autres chantages du pouvoir illégal et illégitime du Togo pour faire droit à cette population qui gémit sous la dictature depuis plus d’un demi-siècle. Il dit : « Quand ils (G5, ndlr) nous ont demandé d’apporter les preuves, les PV (procès-verbaux, ndlr) dont nous n’avons pas la totalité, nous leur avons rappelé que les Etats-Unis ont demandé un décompte, bureau de vote par bureau de vote, mais le pouvoir a refusé. Aussi avions-nous déclaré que nous sommes prêts à saluer la victoire de UNIR, si ce parti au pouvoir amène ses PV qui confirment les résultats qu’ils ont proclamé. Le pouvoir a aussi refusé cette requête, étant bien loin d’imaginer que des diplomates nous ont confié que nous leur avons écrasé, mais qu’ils ne veulent pas partir. Donc l’argumentaire développé par M. Gogué ne tient pas la route », peste l’ancien Premier ministre togolais, Agbéyomé Kodjo. Ainsi, le nom de son interlocuteur est lâché. Il s’agissait donc du Prof. Aimé Tchabouré Gogué, le président de ADDI, candidat à la dernière élection présidentielle 2020.

Revenant sur les premières heures de désignation du candidat unique de l’opposition, le Prof. Aimé Gogué, d’après nos recoupements, s’est présenté comme le meilleur candidat de l’opposition, sinon la meilleure alternative pour l’alternance, jurant de ne faire qu’un mandat si le choix du candidat unique est porté sur lui. Aujourd’hui, le monsieur reproche à Agbéyomé Kodjo son manque de collaboration avec les autres leaders de l’opposition lors de la présidentielle 2020. Ce qui, à l’analyse, pouvait en filigrane expliquer le refus des autres leaders de soutenir ouvertement Agbéyomé dans son combat démocratique pour la vérité des urnes au lendemain du scrutin présidentiel. Sur ce fait, le Prof. Gogué déclara : « Pour des raisons très simples à comprendre, tu n’avais voulu aucun rapport avec les autres candidats de l’opposition: en te réunissant avec nous, tu reniais indirectement au fait que tu as été choisi par le Saint esprit comme candidat unique. Oublions les circonstances de la sélection puisque tu sais très bien ma position sur la candidature unique : nous en avions discuté avant le choix effectué par le supposé comité des sages à qui j’ai répété ma position lorsqu’il m’a reçu ».

Au demeurant, il convient de rappeler les principales articulations des échanges entre les deux hommes, ces leaders de l’opposition, Agbéyomé Kodjo et Aimé Gogué : le peuple togolais a décidé de tourner la page définitivement à la dictature le 22 février 2020 en votant massivement pour Agbéyomé Kodjo ; après son père, Faure est toujours sur le fauteuil présidentiel, illégalement et sans légitimité ; nous n’avions pas appelé la population à sortir pour revendiquer sa victoire, parce que la population a été traumatisée et il fallait faire un travail de fonds…

Ces quelques lignes prouvent à suffisance que la victoire de la DMK, et donc de Agbéyomé Messan Kodjo ne devrait souffrir d’aucune ambiguïté, et pourtant… Ainsi, du fait de la mesquinerie de certains opposants, l’opposition togolaise a, pour la énième fois de son combat politique pour le changement, manqué une belle occasion de se réunir, se soutenir pour définitivement acter le vœu le plus cher des togolais : l’alternance. Et ça, c’est bien dommage, vu que le travail de Sisyphe continuera pour l’opposition togolaise. Mais jusqu’à quand ? La question reste posée.

Sylvestre Beni

Source : La Manchette N° 0184 du 05 Janvier 2022

Source : 27Avril.com