Décidément les Togolais auront vu de toutes les couleurs pendant ce demi-siècle sur la manière dont ils sont gouvernés. Ils auront subi toutes les persécutions et humiliations de toutes sortes; Ils auront surtout atteint le plus haut sommet de la déshumanisation, sans forcément passer par une guerre qui est en principe le triste évènement qui est à même de laisser de telles traces insoutenables dans une société. Ne pouvons-nous pas affirmer aujourd´hui, sans risque de nous tromper, que le régime politique que nous subissons au Togo depuis 60 ans, est une dictature parfaite? Parfaite dans le sens que dans notre pays le mal tant commis par les tenants du pouvoir et tant dénoncé, à force de se perpétuer dans l´impunité la plus totale, semble être devenu malheureusement la norme. Et pour qu´une telle gouvernance aussi inhumaine puisse durer dans le temps et se donner le culot d´avoir des apparences démocratiques, il faut que des institutions de pacotille comme l´armée, la justice, le parlement, la cour constitutionnelle, et d´autres services intermédiaires, amusant la galerie, comme la Cour des Comptes, la Cellule nationale de traitement des informations financières (CENTIF), la Haute Autorité de prévention et de lutte contre la corruption et les infractions assimilées (HAPLUCIA), inutilement budgétivores, soient créés.
Le HCRRUN (Haut-Commissariat à la Réconciliation et au Renforcement de l’Unité Nationale) créé pour soi-disant mettre en oeuvre les recommandations de la non-moins scandaleuse CVJR (Commission Vérité, Justice et Réconciliation) est dirigé par la juriste Mme Awa Nana-Daboya. Juriste de formation, ancienne présidente de la Cour de justice de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO), Awa Nana n´est pas une inconnue dans le paysage politique togolais. Quel Togolais a oublié les élections présidentielles de 1998 et les faits d´armes de la présidente de la Commission Électorale Nationale (CEN) d´alors? Manquant de courage pour affronter le courroux du dictateur Gnassingbé Éyadéma que les premières tendances donnaient largement battu par Gilchrist Olympio, Nana Awa donna sa démission pour permettre au feu Général Séyi Mêmene, alors ministre de l´intérieur, de proclamer de faux résultats en faveur de qui tout le monde sait. Interrogée à plusieurs reprises à ce sujet, elle n´a jamais voulu, su ou pu dire exactement ce qui s´était vraiment passé pour qu´elle jetât l´éponge afin que le régime de dictature puisse continuer son règne sur le Togo.
Pour la récompenser pour services rendus à la dictature, elle fut donc appelée pour diriger une institution «coquille vide» pour tromper l´opinion nationale et internationale. Seulement, elle et ses complices de dirigeants ont oublié que les Togolais ne sont pas dupes et ont vite reconnu la ènième arnaque. « A l’heure du compte rendu aux populations, le HCRRUN peut se réjouir des résultats obtenus cette année. Selon les statistiques des experts qui vous sont présentées, 3361 victimes ont été satisfaites en 2022 dans le cadre de la cinquième étape de mise en œuvre du programme de réparations. Le taux de satisfaction calculé sur la base de la perception que les victimes ont des prestations qui leur sont offertes est estimé à 98,87%. Des mêmes statistiques, il ressort que de décembre 2017 à décembre 2022, les opérations ont permis dans l’ensemble de couvrir au total 23639 victimes.» Voilà une déclaration de la fameuse présidente du HCRRUN, apparemment satisfaite d´avoir bien accompli son devoir. Qui trompe qui? Madame la grande juriste, peut-il y avoir réparations ou indemnisations des victimes de crimes politiques sans connaître les auteurs de ces crimes, sans les amener devant la justice, afin qu´ils s´expliquent, reconnaissent leurs crimes, s´excusent et qu´ils soient punis? C´est au Togo qu´on peut parler de vérité, de justice, de réparations et de réconciliation alors que les tortionnaires, les tueurs, les violeurs, leurs commanditaires et les profiteurs de tous ces crimes humains, jouissent d´une totale impunité. Et c´est très dommage qu´il existe de grands cerveaux, de grands juristes de la trempe de Awa Nana-Daboya pour accepter de continuer à servir de béquille à un régime dont le caractère inhumain n´est plus un secret pour aucun Togolais.
Médiateur de la République! Une trouvaille de la dictature Gnassingbé pour donner l´impression que le Togo est une démocratie, alors que plusieurs dizaines de prisonniers politiques croupissent depuis plusieurs années dans des conditions inhumaines, sans oublier les exilés politiques dont un prélat de plus de 90 ans. Madame Awa Nana-Daboya est toujours là pour flouer les Togolais et donner une belle image à un régime qui massacre son peuple sur tous les plans. Madame la grande juge, la grande juriste, la grande intellectuelle,
Madame l´ancienne présdente de la cour de justice de la CEDEAO, dites-nous sincèrement, quelle médiation vous faites, entre qui et qui et sur quel sujet, alors que les violations des droits de l´homme continuent de plus belle, en toute impunité? Il paraît qu´en votre qualité de médiatrice ou médiateur de la république, après avoir prêté serment depuis octobre 2021, vous passez des journées sans rien faire, parce que Faure Gnassingbé et toute la bande de corrompus autour de lui refusent de venir déclarer leurs biens. Nous savons que personne ne viendra et qu´il ne se passera rien. La loi a-t-elle prévu des sanctions pour facilter le travail du Médiateur de la République dans ce cas? Même s´il existe des sanctions, elles ne seront jamais appliquées, car nous sommes au Togo où l´impunité semble être la chose la mieux partagée au sein du sérail. On nous parle déjà d´une Campagne de sensibilisation sur la Déclaration des biens.
Bienvenue au pays de toutes les contradictions, de tous les crimes et de la totale impunité pour tous ceux qui croient avoir le droit de vie et de mort sur leurs concitoyens! Mais pour combien de temps encore?
Samari Tchadjobo
Allemagne
Source : 27Avril.com