. « Il
faut éduquer par l’exemple que l’on offre »
Le candidat du Pacte socialiste pour le
renouveau (PSR), Prof Komi Wolou a présenté à la presse hier, les grandes lignes
de son projet de société. Pour le mandat de 5 ans auquel il aspire, le juriste mettra
l’accent sur la refondation de la nation, l’émergence d’un Etat moderne,
l’épanouissement intégral de l’Homme et une coopération pragmatique. Dans ce
projet de société, le candidat prône la transformation des mentalités qui passe
par la gouvernance par l’équité, la solidarité nationale, la rupture avec
l’anonymat des citoyens et les services civils ou militaires. Il entend
également travailler à l’émergence d’un Etat moderne par l’effectivité du
droit, le respect des droits de l’homme, l’accès à la justice, l’indépendance
de la justice, les réformes institutionnelles, la transparence dans les
affaires publiques et le développement homogène des régions. Prof. Wolou promet
aussi l’épanouissement intégral de l’Homme à travers des leviers tels que l’emploi,
la santé, la protection sociale, le logement, l’éducation, la valorisation de
la diversité culturelle et celle des communautés religieuses dans le respect de
la loi et de la laïcité, le sport, les arts, les musiques, l’agriculture, l’industrie,
le commerce et l’environnement. Enfin, le projet de société, ci-dessous, touche
la coopération que le candidat veut pragmatique.
Projet
de société de Prof. Komi Wolou
Depuis plusieurs décennies, le Togo
traverse une crise profonde marquée par la confiscation du pouvoir d’Etat
malgré la volonté réelle de changement constamment réitérée par le peuple.
Convaincu que tout pouvoir qui ne correspond pas à la volonté réelle du peuple
est un instrument d’asservissement et contraire aux principes de la démocratie,
la lutte pour l’alternance apparaît comme un devoir sacré de tout citoyen
soucieux de la souveraineté du peuple.
Cependant, l’alternance tant voulue par
le peuple ne saurait se résumer en un changement de personne mais nécessite une
transformation radicale de la perception du pouvoir par les dirigeants et sa
traduction par les actes concrets en harmonie avec l’intérêt suprême du peuple.
En effet, malgré le caractère politique de la crise togolaise, elle est avant
tout une crise des valeurs, une crise morale.
Dans ces conditions, les qualités du
prochain président de la République seront déterminantes dans l’avenir de notre
pays car un bon projet de société porté par une personne qui manquerait de
hauteur plongera le peuple dans un désespoir plus accentué. Il faut éduquer par
l’exemple que l’on offre. Outre l’attachement au bien commun nécessaire à la
persuasion par l’exemple, il s’agira de
réconcilier les Togolais en vue d’un nouveau départ, de panser les plaies et de
guérir les rancœurs par le triomphe des valeurs.
Affirmant ma foi au caractère sacré de
l’homme qui doit être au centre de toute action, fondant mes actions sur le
respect des valeurs indispensables à la cohésion sociale et qui constitueront
ma boussole, déclarant solennellement que l’écoute dans l’humilité et l’action
dans la concertation guideront mes pas, je propose au peuple togolais, sous la
protection de Dieu, le présent projet de
société en quatre points : la refondation de la nation, l’émergence d’un Etat
moderne, l’épanouissement intégral de l’Homme et une coopération pragmatique.
I) La refondation de la nation togolaise
La nation repose essentiellement sur la
conscience d’une identité et l’aspiration à former et à maintenir la
communauté. Elle ne peut se former et se maintenir naturellement sans un lien
fort et volontaire que forge la justice entre ses différentes composantes. Elle
forme un tout et quand une partie de la nation souffre, toute la nation doit se
sentir concernée, peu importe l’ethnie, la condition sociale, la religion, le
sexe. Dans un monde victime des actes de violence, de terrorisme et des
affrontements quotidiens, notre conscience d’être un et indivisible, notre
conscience que nos sorts sont liés est le premier rempart contre ces
fléaux. Pour y parvenir des mesures
idoines s’imposent.
1) La transformation des mentalités
La transformation des mentalités est une
exigence préalable à une vie en commun apaisée et une participation librement
consentie, facteur de cohésion et de développement humain durable et
stable : • Enseignement obligatoire du droit dans les Lycées, puis dans
les collèges ; • L’éducation civique obligatoire ; • La recherche de
l’égalité des sexes par l’éducation ; • Compter
d’abord sur soi ; • La recherche de l’Excellence ; • Le bien public,
le bien commun, l’appartenance à une communauté ; • Le travail comme
valeur sociale.
Lorsqu’un citoyen naît dans une famille
modeste, seul le travail bien fait lui permettra de sortir avec honnêteté de sa
situation. Lorsque le travail bien fait n’est plus un moyen d’ascension sociale,
on expose la jeunesse au désespoir et aux vices. Il faut promouvoir le travail
comme valeur sociale.
2) La gouvernance par l’équité
a) l’Equité ethnique
La question ethnique occultée du débat public est pourtant
constamment présente dans les esprits et murmurée en privé. Nous ne devons pas
fuir les questions qui dérangent. Au contraire nous devons les aborder avec
responsabilité sans passion. Il faut reconnaître qu’il n’existe aucune
hostilité a priori entre les ethnies. Les ressentiments naissent plutôt de
l’idée que les unes sont favorisées par rapport aux autres dans l’accès aux
ressources et aux fonctions. Il faut y remédier, au besoin, en modifiant notre
constitution pour tenir compte de nos diversités enrichissantes.
• Les recrutements dans la fonction
publique se feront sur la combinaison de deux critères, la répartition en
fonction des groupes ethniques et l’excellence ; • Les nominations aux
postes de responsabilités se feront en tenant compte des critères ethniques et
de compétence.
b) L’équité entre les régions
Il n’est pas admissible qu’une partie du
territoire subisse les conséquences humaines, environnementales de l’extraction
des ressources nationales sans en retour bénéficier des compensations idoines.
Un traitement inapproprié est source de frustration qui fragilise le ciment
national.
3) La solidarité nationale
La nation formant un tout, une
solidarité devra s’établir entre les générations, entre les différentes couches
sociales de sorte à traiter avec équité les situations et à réduire les écarts sociaux. • Solidarité
entre les générations (Problèmes des retraités et des pensions à revaloriser).
Une pension qui ne permet pas de subvenir aux besoins fondamentaux est une
atteinte à la dignité humaine. • Solidarité entre les couches sociales. • Solidarité
avec les personnes en situation de handicap. Elle s’exprimera tant dans l’accès
aux fonctions que dans la prise en compte des situations spécifiques des
personnes.
4) Faire sortir les citoyens de l’anonymat
Il n’est pas possible de traiter les
citoyens avec équité lorsque prévaut une ignorance sur la situation de chacun
de nous, quant à ses ressources, quant à nos différentes situations et leur
évolution notre vie durant. • Informatisation
de l’état civil. • Connaissance de la situation réelle des citoyens à l’aide de
l’outil informatique pour une équité dans la solidarité (les orphelins, les
aides scolaires et universitaires). • À la fin du premier mandat, tous les Togolais seront
répertoriés, avec un numéro rattaché à
la protection sociale).
5) Services civils ou militaires.
• Renforcer
le sentiment d’une appartenance à la nation par une éducation appropriée. Les
modalités de ces services, les compensations et la durée seront déterminées.
II) L’émergence d’un Etat moderne
Il s’agira de poser définitivement les
bases d’un État de droit auquel aura concouru la transformation des mentalités
de sorte qu’aucune dictature ne puisse plus s’installer dans notre pays. Le
droit est un puissant instrument de développement et doit être mis à profit. De
même l’accès à l’information des citoyens est un moyen efficace du contrôle de
l’action publique.
1) L’effectivité du droit
• Toutes les autorités, le président de
la République, les ministres, toute personne qui détient une parcelle du
pouvoir étatique sera soumis à la loi. Il sera pour cela créé un observatoire
de l’État. • Tous les citoyens seront soumis à l’observation stricte de la loi.
Les lois sont nécessairement porteuses des valeurs. La violation d’un feu
tricolore expose la vie humaine à un danger, engendre le risque d’exposer les
enfants au statut d’orphelins. • Chaque citoyen doit être en mesure de
justifier son niveau de vie. La célébration des riches par détournement des
deniers publics ne peut être qu’une anomalie dont il faut guérir le peuple.
2) Le respect des droits de l’homme
• Sous ma présidence, il n’y aura aucun
détenu politique, aucun exilé politique. • Sous ma présidence, les auteurs des
tortures seront poursuivis conformément à la loi. • Sous ma présidence, les
discriminations fondées sur l’ethnie, le sexe, les opinions politiques
notamment seront sanctionnées. • L’adoption dans les six mois d’un code de
procédure pénale permettant d’éviter des détentions provisoire abusive dans
leur principe et dans leur durée.
3) L’accès à la justice
• C’est un droit fondamental qu’il faut
rendre effectif. Actuellement, le tribunal du travail n’existe qu’à Lomé. Les
travailleurs éloignés de Lomé, sont de fait privés du Droit d’accès à la
justice. Ce problème sera réglé dans les 100 jours de ma présidence. • Les
décisions de justice doivent être rendues dans un délai raisonnable. En
concertation avec les magistrats, un mécanisme de contrôle sera élaboré à cet
effet. • Aides juridictionnelles pour les indigents. • Autant les magistrats
seront protégés, autant tout acte de corruption sera traité avec rigueur sans
discrimination.
4) L’indépendance de la justice
Il faut impérativement couper le lien
incestueux entre le pouvoir politique et le juge qui fait naître l’impression
que le politique a tout pouvoir et est au-dessus de la loi. • La pénalisation
de l’instrumentalisation de la justice. • La définition des règles claires et
objectives d’affectation des magistrats sous l’autorité du conseil national de
la magistrature
5) Réformes institutionnelles
• Le renforcement du pouvoir législatif
(Le renforcement des capacités de l’Assemblée nationale par une assistance
parlementaire pluridisciplinaire au profit de chaque groupe parlementaire). • La
suppression du Sénat •Les réformes constitutionnelles et institutionnelles
consensuelles qui seront complétées par des lois organiques pour une meilleure
cohésion sociale. Permettant d’augmenter les ressources nécessaires aux
transformations. • Une mobilisation plus transparente et équitable dans les
ressources de l’État. • La modernisation
de l’Armée avec une amélioration sensible de leur situation.
6) La transparence dans les affaires
publiques
• Droit d’accès pour les journalistes et
les citoyens à tout document administratif sauf ceux relevant du secret d’État.
• Obligation de reddition des comptes • Suppression des dépenses de prestige
dans le fonctionnement de l’État.
7) Le développement homogène des régions
• Décentralisation
des services, les universités • Construction des hôpitaux modernes de
différents niveaux, à l’échelle des préfectures, des régions et des hôpitaux
spécialisés à l’échelle nationale. • Accès à l’électricité pour tous. • Accès à l’eau potable à moins d’un km pour toute agglomération de plus de 100
habitants.
III) L’épanouissement intégral de l’Homme
Elle passera par une politique
volontariste permettant la création d’emplois décents, l’accès aux soins pour
tous dans des conditions d’équité, la protection de la femme et de l’enfance.
1. Sur le plan social
a) Emploi
• Transparence
dans l’accès à l’emploi, même dans le secteur privé. Dès lors que l’entreprise
atteint un seuil qui sera fixé, probablement cinq salariés, l’entreprise doit
déterminer les critères objectifs vérifiables de recrutement. Les bons élèves
bénéficieront des avantages fiscaux. Des pénalités aux mauvais élèves. Une loi
sera votée rapidement dans ce sens. • Création
d’emplois décents : – Par la production locale des besoins ; – Par la
transformation des produits ; – Élaboration d’un code du travail adapté au
secteur informel. •Formation à l’entreprenariat et accompagnement des jeunes
sur la base de leur compétence et non sur leur appartenance politique. • Augmentation
des salaires : 5 % chaque année sur 4 ans
b) Santé
• Accès gratuit aux soins pour certaines
maladies. • Accès totalement gratuit aux soins pour certaines personnes. • Dotation
des hôpitaux régionaux de scanner et de laboratoire performants. • Disponibilité des produits de
premières urgences dans tous les hôpitaux •Rapprochement des centres de santé
des populations. • Mise en place d’un laboratoire moderne en vue du contrôle
strict de tout produit alimentaire entrant sur le territoire, sur la base des
normes répondant aux standards internationaux. • Redynamisation des services d’hygiène alimentaire et
environnementale.
c) Protection sociale
•Régularisation de la situation des
enseignants auxiliaires avec une cotisation rétroactive pour la caisse
nationale de sécurité sociale. • L’effectivité des déclarations à la caisse
nationale de sécurité sociale. Aujourd’hui, même des entreprises parapubliques
omettent de déclarer des salariés à la caisse, les exposant à des situations
d’insécurité. •L’organisation de la protection sociale dans le secteur agricole
et dans le secteur informel •Prise en compte de la totalité des salaires par la
caisse nationale de sécurité en cas de maternité. • Protection de l’enfance. La
création des crèches publiques dans les zones à forte concentration de travailleurs afin de
rapprocher l’enfant de la mère sans perturber cette dernière dans sa
profession.
d) Logement
• Une loi sur les baux d’habitation
visant à assainir les rapports bailleurs/ locataires •Facilitation de l’accès
au crédit pour des logements modestes. • Destruction et reconstruction des
quartiers insalubres des villes, notamment Lomé.
2. Sur le plan culturel
a) Education
• Redéfinition des programmes scolaires
vers l’acquisition des savoir-faire pratiques et utiles. • La professionnalisation
des métiers et la recherche de l’excellence par la création des écoles de
formations aux différents métiers. • Gratuité de l’enseignement primaire et
secondaire public avec fourniture des livres et cahiers à compter de la
deuxième rentrée scolaire de notre mandat. • Scolarisation obligatoire jusqu’à
14 ans sur l’ensemble du territoire • Encouragement à l’alphabétisation des
jeunes ne pouvant plus se scolariser du fait de leur âge • La dotation des
universités d’importants moyens de recherche dans les domaines prioritaires
tenant compte des besoins nationaux et de l’existant.
b)
Valorisation de la diversité culturelle
c)
Valorisation des communautés religieuses dans le respect de la loi et de la
laïcité
d)
Sport, Arts, Musiques
• Promotion des artistes méritants. • Politique
de détection et de suivi à la base des jeunes talents
3. Sur le plan économique
L’objectif prioritaire doit consister à
limiter les importations et à créer les emplois par une industrialisation
appropriée, une agriculture moderne
a) Agriculture
• Définition quantitative des résultats
à atteindre de sorte à mettre fin dans un délai donné à l’importation des
produits alimentaires, particulièrement le riz. • Mécanisation significative du
secteur agricole • Regroupement des producteurs
en entités susceptibles d’obtenir l’assistance technique et financière
de l’État. • Identification des marchés porteurs sur le plan international de
sorte à permettre la production et l’exportation de certains produits si
nécessaire après transformation.
b) Industrie
L’industrie doit être mise au service du
bien-être de l’Homme par la création d’emplois décents et la satisfaction des
besoins. • Fiscalisation favorable à la transformation des produits locaux en
vue de la consommation locale et de l’exportation. • Fiscalisation très
favorables aux industries à forte main d’œuvre. • Développement d’une industrie
vestimentaire de qualité orientée à la fois vers la consommation locale et
l’exportation. • Une
disponibilité à coût raisonnable de l’électricité aux fins industrielles. Les
compétences seront mises au service de cette finalité.
c) Le commerce
• Nécessité
de réduire les importations par la production et la consommation locale sur
tous les plans, autant que faire se peut. • Nécessité
de la qualité et de la compétitivité des produits destinés à l’exportation.
4. L’environnement
L’environnement est un patrimoine commun
à l’humanité. De sa gestion dépendront les conditions de vie des générations
futures. Il importe dès à présent d’éviter des dommages écologiques
irréversibles. • L’usage des engrais chimiques
doit être limité par l’éducation et la recherche d’alternatives crédibles
pour une agriculture rentable et protectrice de l’environnement. • L’usage des
sachets plastiques doit être prohibé dans un délai raisonnable. • La
reconstruction des forêts par une politique de reboisement appropriée.
IV) Une coopération pragmatique
La coopération internationale et surtout
communautaire doit être au service des peuples. • Promouvoir la coopération en vue de la réalisation des
œuvres communes notamment des hôpitaux de références mondiales, des
laboratoires de recherches. •Une coopération fondée sur le respect mutuel, la
complémentarité et non une demande d’assistanat.
La
mobilisation des ressources
• Suppression
des dépenses de prestiges de l’État. • Création des conditions nécessaires à
l’investissement privé national mais aussi international. • Transparence dans
la mobilisation des recettes nationales. • Fiscalité attractive.
Source : TogoActu24.com