Pourquoi ces jeunes veulent partir ?

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Il y a quelques jours nous évoquions l’affluence inhabituelle au niveau des services du passeport de Lomé. Au fil des jours, la forêt humaine devient touffue, au point d’attirer les attentions.

Ce matin, le fil d’attente dépasse tout entendement. Une queue de plusieurs dizaines de mètres se fait remarquer de l’entrée de ces services jusque sur le goudron qui va vers le carrefour GTA. « Je suis ici depuis 4 heures du matin. Mais il y a au moins plus de 400 personnes avant moi sur la liste. Vous pouvez imaginer à quelle heure ces gens sont arrivés ici. C’est pas croyable », nous confie un demandeur.

Après avoir rempli le formulaire de demande de passeport, aussitôt arrivé sur les lieux, il faut avoir un le courage d’aller se mettre dans cette queue kilométrique pour enfin, à pas de tortue, arriver au guichet et se faire accepter le dossier. Commence alors une autre période d’interminable attente au bout de laquelle le postulant, une fois son tour arrivé, est appelé à faire les autres formalités.

C’est un parcours de combattant. Mais ces jeunes sont prêts au sacrifice, même à dormir sur les lieux s’il le faut. « Il y a des gens qui viennent ici à 1 heure du matin. En attendant l’ouverture des portes du services des passeports, ils dorment ici », informe un photographe rencontré sur les lieux.

Il ajoute : « Cette affluence est inhabituelle. Il est vrai que pendant les vacances, les demandeurs arrivent en grand nombre, mais ce que nous voyons ici depuis quelques jours est surprenant ».

La raison est toute simple. Tous ces jeunes veulent partir aux Etats Unis. Puisque dans les nouvelles dispositions des autorités américaines, pour jouer désormais à la DV Lottery (loterie visa), il faut avoir un passeport en cours de validité. Or chaque année, ils sont des milliers à jouer à la loterie visa, un programme du gouvernement américain.

La plupart de ces jeunes sont des diplômés sans emploi. « Je dois partir, aller loin de ce pays. Vous, vous voyez ce pays vous offrir une opportunité ? On nous demande de créer nous-mêmes notre entreprise, mais personne ne vous donne l’argent. Quand on va auprès des banques pour demander crédit, elles vous demandent des garanties, des titres fonciers avant de vous donner l’argent. Où est-ce qu’un jeune sorti des universités peut trouver un titre foncier ? », demande un autre postulant.

Pour lui, l’horizon n’est pas dégagé. L’avenir, au Togo, est difficile à prévoir. Il faut donc aller se chercher ailleurs. « Quand je vois des amis revenir de l’Europe ou des Etats Unis et réaliser des choses ici, je me demande ce qu’ils ont plus que moi. Mes talents, je préfère aller les vendre ailleurs, puisqu’on ne me les reconnaît pas ici. Nous sommes fatigués d’espérer dans ce pays. On fait trop d’effort pour finalement ne rien avoir. Quand on nous offre des opportunités ailleurs, il faut les saisir », ajoute-t-il.

Ces jeunes partent, parce qu’ils ne croient plus en leur pays qui est pillé, en leurs dirigeants qui refusent de procéder à une redistribution équitable des richesses.

I.K

Source : www.icilome.com