La présidentielle de 2020 est déjà mal partie. A peine le Président de l’Alliance Nationale pour le Changement (ANC) Jean-Pierre Fabre a-t-il saisi le chef de l’Etat pour l’ouverture des discussions politiques pour l’amélioration du cadre électoral que le Président de la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI) Tchambakou Ayassor lance un appel aux opérations de saisie, aux formateurs et agents techniques de signaler leur disponibilité pour la révision des listes électorales au plus tard le 5 octobre prochain.
De la pertinence de la sortie de l’ANC
Dans un communiqué en date du 26 septembre dernier, le Premier Vice-Président de l’ANC Patrick Lawson revient sur le contenu de la correspondance du président de l’ANC adressée au Chef de l’Etat. « Lors de sa dernière conférence de presse tenue à son siège de Bè-Kamalodo à Lomé, le 18 septembre 2019, l’ANC s’est engagée, notamment dans la perspective de l’élection présidentielle de 2020, à œuvrer pour l’ouverture sans délai, de discussions politiques visant l’amélioration du cadre électoral ainsi que les réformes institutionnelles et constitutionnelles nécessaires à l’organisation d’élections équitables et transparentes dans notre pays.
A cet effet, dans une lettre en date du 24 septembre 2019, le Président National de l’ANC, M. Jean-Pierre FABRE, demande au Chef de l’Etat d’inviter le gouvernement à ouvrir avec l’opposition, dans les meilleurs délais, des discussions sur les conditions d’organisation de la prochaine élection présidentielle, notamment sur les questions qui concourent à la transparence, à l’équité et à l’acceptabilité des consultations électorales : le fichier électoral ; la composition de la CENI et de ses démembrements ; la composition de la Cour Constitutionnelle ; l’authentification des bulletins de vote ; la publication des résultats bureau de vote par bureau de vote ; l’observation des élections ». Les points soulevés dans ce communiqué sont plus qu’une nécessité pour donner un sens aux élections du Togo. Le Togo ne peut continuellement excellé dans la curiosité. De la vitalité de la démocratie dans un pays dépend son essor socio-politique et économique.
Il est plus qu’urgent que des réponses appropriées soient données aux différents points soulevés par le Président de l’ANC.
La CENI Tchambakou disqualifiée pour 2020
Dans son communiqué le Président de la CENI avance que « dans le cadre de l’élection présidentielle de 2020, la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI) envisage d’organiser une révision des listes électorales. A cet effet, le Président de la CENI porte à la connaissance des opérateurs de saisie (OPS), des formateurs et des agents techniques ayant participé à l’opération de recensement électoral en 2018 et à la révision des listes électorales en 2019 et qui sont disponibles à travailler avec la CENI au cours de la prochaine révision des listes électorales prévue pour se tenir au dernier trimestre de 2019, qu’il peuvent confirmer leur disponibilité sur le site de l’Agence Nationale pour l’Emploi (ANPE) : www.anpetogo.org à compter du 28 Septembre 2019.
Les OPS qui ne confirmeront pas leur disponibilité au plus tard le 05 Octobre 2019 ne seront pas pris en compte et aucune réclamation ne sera acceptée après cette date quelle que soit la raison évoquée. Les OPS qui auront confirmé leur disponibilité suivront une formation à l’issue de laquelle, un test sera organisé en vue de sélectionner les meilleurs pour la révision des listes électorales ». En clair, c’est la CENI version Tchambakou qui s’active pour l’organisation de l’élection présidentielle de 2020. Une véritable aberration lorsqu’on jette un regard sur les cafouillages les plus abjects dans lesquels Tchambakou Ayassor et son groupe se sont illustrés lors des élections municipales. Pour se faire prendre un peu au sérieux, le minimum pour un scrutin crédible, c’est la recomposition de cette CENI qui n’a été capable que du pire. Et là, ce sont des élections municipales dont les enjeux sont loin de la présidentielle.
Laisser l’organisation d’une élection présidentielle entre les mains d’une CENI aussi minable et drôle, ressemblerait à des amusements des enfants du Jardin. Et on ne peut élire un président de la République à travers une institution aussi bancale et qui a démontré toutes ses infirmités. Bien plus, eu égard à tous les manquements et incompréhensions liés au recensement de 2018 et à la révision de 2019, pour un fichier crédible, un nouveau recensement en bonne et due forme s’impose.
Il faut s’arrêter un jour aussi au Togo pour réfléchir autour de l’organisation des élections crédibles et civilisées. Et cela passe par un minimum de consensus autour du cadre électoral. Des élections bâclées débouchent sur des dirigeants illégitimes qui passent tout leur temps à rechercher leur légitimité auprès de la communauté internationale. Le pouvoir cinquantenaire des Gnassingbé n’a fait que cela au détriment du développement du pays. Si Faure Gnassingbé prend véritablement la peine de mesurer la déliquescence avancée du Togo, il prendrait les mesures nécessaires pour se faire prendre au sérieux par ses concitoyens.
Il ne sert à rien de poursuivre la déshumanisation du Togo en lieu et place d’une gestion d’Etat à même de profiter à tous les habitants qui ont en partage ce Togo. En définitive, la CENI version Tchambakou est une calamité révélée qui n’a plus aucune raison de continuer ses basses besognes.
Kokou Agbemebio
Source : Le Correcteur
27Avril.com