À propos de la date exacte du décès de Tavio AMORIN… Un jeune ami activiste démocrate m’a posé la question suivante : « Tavio a rendu l’âme le 26 ou le 29 ? » (Juillet 1992). Voici la réponse que je lui ai faite et qui mérite d’être partagée à tous. Afin que nul n’en ignore…
♦♦♦Claude AMEGANVI♦♦♦
Il a rendu l’âme le dimanche 26 juillet 1992, c’est mensongèrement que les leaders de l’opposition ont fait pression sur sa famille pour qu’on n’annonce pas son décès le 26 juillet, car cela aurait contrecarré leurs plans machiavéliques et de trahison de la mémoire de Tavio.
Voici les faits…
Victime de l’attentat de Tokoin-Gbonvié le jeudi 23 juillet, il a immédiatement été évacué sur l’unité de soins intensifs de l’Hôpital de Tokoin où les jeunes du MO5, qu’on avait ensemble fondé, s’étaient mobilisés pour assurer une chaîne de sécurité autour du lieu de son hospitalisation. Parce qu’il perdait beaucoup de sang, les balles tirées sur lui ayant touché des organes vitaux, une chaîne de solidarité s’était spontanément constituée pour recueillir des dons de sang afin de le perfuser. Cela avait très bien marché, de nombreux volontaires s’étant présentés. Mais, dès qu’on le perfusait, le sang ressortait par les trous causés par les balles et on n’arrivait pas à stopper l’hémorragie. On se rendit alors compte que Tavio était condamné et qu’il n’en avait plus pour longtemps.
Après s’être concertés sur le sort de Tavio, les leaders de l’opposition et le régime d’EYADEMA décidèrent que, s’il venait à trépasser, l’annonce de son décès, dans le contexte d’alors, allait conduire à une terrible explosion populaire qui pourrait emporter le régime d’EYADEMA qu’ils se résolurent à sauver à tout prix. Ils décidèrent donc de faire évacuer Tavio sur la France où la complicité des autorités françaises leur permettrait de mieux maîtriser la situation. On s’empressa pour que, dès le surlendemain de l’attentat, samedi 25 juillet, un avion médicalisé soit à disposition, à Lomé, pour l’évacuation de Tavio sur l’Hôpital St Antoine de Paris. Dès le samedi 25 juillet, l’avion arriva effectivement à Lomé pour cette évacuation sanitaire. Ce qui s’est passé lors du transfert de Tavio de l’Hôpital de Tokoin à l’Aéroport de Lomé permet de comprendre qu’un véritable complot a été concocté pour que Tavio ne puisse plus jamais revenir vivant au Togo.
Ce fut cet incroyable et rocambolesque sabotage de la courroie de l’ambulance transportant Tavio sur le trajet de l’Hôpital à l’aéroport qui obligea, avec l’immobilisation du véhicule, à transférer Tavio, de cette ambulance à une autre qui faisait partie du cortège. Pourquoi : savait-on donc d’avance que l’ambulance tomberait en panne ? Toujours est-il que ce fut lors de ce transfert, d’une ambulance à une autre, qu’un individu surgit d’on ne sait où pour poignarder Tavio au niveau du sourcil droit, avec un poignard empoisonné, lui causant cette blessure, bien visible sur sa dépouille mortelle, qu’il n’avait pas à son départ de l’Hôpital. Plus tard, sommé de s’expliquer sur ce qui s’est passé, on verra le ministre de la santé d’alors du gouvernement de KOFFIGOH, David Ékoudé IHOU, tenter de se justifier maladroitement en brandissant à la télévision la courroie sectionnée du sabotage criminel. Il devra bien s’expliquer davantage un jour… Toujours est-il, qu’évacué sur Paris ce samedi 25 juillet, Tavio rendait l’âme dès le lendemain, dimanche 26 juillet, comme ceux qui lui ont fait quitter précipitamment le Togo le savaient d’ailleurs d’avance. Face aux conséquences explosives que pourraient avoir l’annonce de ce décès, les leaders de l’opposition, en accord avec EYADEMA et les autorités françaises, firent d’incroyables pressions sur la famille pour qu’elle garde le silence et se soumette au plan machiavélique qu’ils concoctèrent pour désamorcer l’inévitable explosion.
Accord de trahison
Rapidement, dès le lendemain, lundi 27 juillet, on annonça la tenue d’un dialogue, sous l’égide des représentants des grandes puissances, entre le régime d’EYADEMA et certains leaders de l’opposition soigneusement sélectionnés pour la cause : on l’appela « Commission mixte paritaire ». Dès le lendemain de cette première rencontre, mardi 28 juillet, on annonça la conclusion d’un « Accord de la Commission mixte paritaire » entre le régime RPT et l’opposition. Par cet accord de trahison, EYADEMA obtint ce qu’il voulait : pouvoir se présenter à l’élection présidentielle à venir, ce que lui interdisait, d’une part, la Constitution de la période de transition adoptée par la Conférence nationale et dont il avait « solennellement » proclamé l’acceptation, et, d’autre part, le nouveau projet de Constitution que venait d’élaborer le HCR, et que défendait farouchement Tavio. Ce fut seulement une fois cette trahison consommée qu’on annonça le lendemain, mercredi 29 juillet, la mort de Tavio.
Toutes ces révélations ont été faites par un des protagonistes de cette trahison qui, traumatisé par les remords, s’est confessé pour soulager sa conscience. Non, Tavio n’est pas mort le mercredi 29 juillet 1992 mais bien trois jours auparavant, le dimanche 26 juillet 1992.
Qu’on arrête donc de continuer à trahir sa mémoire en prétendant faussement qu’il est mort le 29 juillet 1992.
Pour conclure, il y a lieu de faire remarquer que le plan concocté pour désamorcer l’explosion populaire à l’annonce de la mort de Tavio a « bien fonctionné ». Lors d’une houleuse réunion du COD2, les leaders de l’opposition se sont farouchement opposés aux jeunes du MO5 qui voulaient immédiatement décréter une grève générale illimitée pour chasser du pouvoir EYADEMA qui venait d’assassiner leur camarade et ami. Ils n’acceptèrent qu’un seul jour de grève de protestation, parfaitement symbolique. Ce qu’on appelle dans le jargon politique un « baroud d’honneur ».
Quant à la population, totalement désemparée, elle fut réduite à l’impuissance du fait de la trahison des leaders en qui ils avaient jusqu’alors une confiance aveugle. C’est ainsi que le peuple togolais fut seulement contraint à rendre un hommage grandiose à Tavio lors de ses obsèques.
Ainsi continue à aller le Togo depuis 27 ans que Tavio a quitté le monde des vivants. Mais, un de ces quatre matins, ce même peuple vengera Tavio et tous ceux qui ont été lâchement assassinés comme lui. Que les assassins et les traîtres se le disent !
Epilogue :
Après la première publication de ces informations, ce vendredi 26 juillet 2019, date que le sort a mystérieusement voulu faire coïncider avec le jour même du 27e anniversaire de la mort de Tavio Ayawo Tobias AMORIN, un ami, après en avoir pris connaissance, nous a fait parvenir une judicieuse réaction relevant notamment ceci :
« Condoléances et courage à nous tous… Est-ce pour cet imbroglio que la date complète ne fut pas mentionnée sur la pierre tombale ? Probablement… »
Ce à quoi nous avons répondu ceci :
« Cela ne m’avait pas frappé mais, maintenant que tu le dis, je réalise que c’est certainement pour cette raison. Merci pour cette perspicacité. »
En effet, si on observe bien la photo de la pierre tombale de Tavio AMORIN ci-dessous, outre son portrait en médaillon à droite et une croix à gauche, elle ne porte, gravée au milieu, que cette inscription : « Tavio A. AMORIN – 1958-1992 »
Or, il est généralement de coutume, de par le monde entier, d’inscrire sur le tombeau d’un défunt la date de son décès. Pourquoi cela n’a-t-il pas été fait pour Tavio ? Poser la question n’est-ce pas y répondre ? Après les ignobles pressions antérieures qui l’ont réduite au silence à son décès, sa famille, surtout son inconsolable maman, aurait-elle ainsi subtilement trouvé la formule lui permettant de se dissocier de la profanation de sa mémoire ?
Claude AMÉGANVI
27 juillet 2019
Source : www.icilome.com