Possibilité de destituer le Président au Ghana ; mais au Togo…

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« La chambre des députés, la moitié sont bons à rien. Les autres sont prêts à tout » (Coluche)

Il n’y a pas de démocratie sans un parlement qui joue pleinement son rôle. En tant qu’institution chargée de contrôler l’action du gouvernement, il lui appartient de veiller à ce que les gouvernements rendent des comptes aux peuples.

Au Ghana voisin, le principe sacro-saint de la séparation des pouvoirs est si ancré que le président du parlement, Alban Sumana Kingsford Bagbin a évoqué la possibilité de destituer le président de la République Nana Akufo-Addo. « Alban Sumana Kingsford Bagbin a annoncé au grand jour que la 8ème législature qu’il préside a le pouvoir de destituer le Président de la République et qu’il ne sera pas intimidé pour jouer un faire-valoir pour le pouvoir Exécutif », rapporte koaci.com.

« En se prononçant à Ho, la capitale de la région de la Volta, sur la présentation de la politique budgétaire 2022, Bagbin s’est inquiété du fait que le parlement approuve les budgets qui profitent davantage à l’exécutif qu’au législatif et au judiciaire. Bagbin a rappelé aux députés qu’ils peuvent provoquer la destitution du Président de la République. Dans la mesure où cette option devrait être mise en œuvre, le président du parlement a expliqué qu’il peut initier la procédure de destitution du Président, mais que l’inverse ne peut pas se produire. En ce sens, il a clarifié que «le parlement peut révoquer Son Excellence le Président… En tant que Président, Son Excellence ne peut pas me révoquer, mais je peux, par l’intermédiaire du parlement, le révoquer », écrit le confrère.

Ce qu’on peut appeler la témérité du président du parlement ghanéen est impensable au Togo. L’idée devrait faire trembler de peur les députés, surtout leur présidente. D’autant plus qu’ici, on a une Assemblée monolithique où les députés, à défaut d’être élus, ont été nommés au cours d’une parodie d’élection où le parti au pouvoir s’est octroyé 100% des sièges en affectant quelques strapontins à des partis alliés.

Se trouvant redevables à Faure Gnassingbé et à son régime, les députés cooptés pour siéger au parlement ont transformé l’Assemblée nationale en une chambre de propagande et de louange des actions du gouvernement.

Pilier de la démocratie, le parlement incarne la volonté des peuples, porte l’espérance que la démocratie réponde réellement à leurs besoins et contribue à résoudre les plus urgents des problèmes auxquels ils sont confrontés dans leur vie quotidienne. Il est constant de voir nos députés épauler le gouvernement pour bafouer les droits économiques et sociaux des Togolais alors qu’ils sont censés œuvrer à la protection efficace de ces droits.

Leurs silence et inaction face à la cherté de la vie, à la multiplication des taxes et l’augmentation des prix des produits de première nécessité ainsi que face aux scandales financiers qui défraient la chronique dans le pays, sont assez effarants. Plus grave, au plan de la gestion de la crise sanitaire liée au Covid-19, avec l’état d’urgence sanitaire et les mesures de vaccination et de pass sanitaire obligatoire, les fameux « élus » qui devraient représenter le peuple et défendre son intérêt, ont plutôt enfoncé davantage les citoyens en prenant le parti de l’exécutif et en lui déléguant leur pouvoir pour une période équivalente au double de celle sollicitée.

Bref au Togo, on a un parlement de pacotille qui nage à contre-courant de ses missions et agit dans l’insouciance et le mépris des populations.

Médard Amétépé

Source : Liberté / libertetogo.info

Source : 27Avril.com