Politique/Période post-législatives : Les dérives du RPT/UNIR

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Politique/Période post-législatives : Les dérives du RPT/UNIR


Le régime cinquantenaire des Gnassingbé n’est pas prêt à se débarrasser de ses oripeaux. Dans ses tentatives d’habiller le vieux avec du neuf, il en vient toujours à développer des réflexes précambriens. Au RPT/UNIR, impossible de refouler des actes democraticides. L’exemple est encore donné ce week-end à Anié où une réunion du Parti national panafricain (PNP), membre de la Coalition de l’opposition, a été dispersée violemment.

Le pouvoir en place développe une certaine phobie à l’endroit de l’opposition. Pas celle qui s’accommode avec la mascarade des dernières législatives, toute hilarante à l’Assemblée nationale comme un paysan qui débarque en ville pour la première fois et reste émerveillé à la vue d’un immeuble, fût-il crasseux. L’opposition, la vraie, celle qui est réunie au sein de la Coalition fait peur au RPT/UNIR malgré le semblant d’assurance qu’il se donne. De l’interdiction des manifestations à la dispersion des réunions de l’opposition, le régime tremble toujours.

Vendredi 18 janvier, dans la préfecture d’Anié dans la région des Plateaux. Les forces de l’ordre ont fait irruption dans une maison où se tenait une réunion hebdomadaire du PNP. Elles ont interrompu la séance en usant de la force disproportionnée. Selon les informations, les forces de l’ordre ont fait usage de gaz lacrymogènes et brutalisé les militants du parti à l’emblème du cheval juché sur ses deux pattes de derrière. Les images donnent une image de leur descente musclée. Les motos des militants et les chaises en plastique ont été endommagées. Cette interruption d’une manifestation politique montre une fois de plus que le régime cinquantenaire a du mal à se fondre dans l’air du temps en s’arc-boutant à ses vieilles méthodes.

Aussi cela sonne-t-il comme un acharnement contre le PNP. Au RPT/UNIR, on voue toujours aux gémonies le parti de Tikpi Atchadam. Toute initiative de ce parti suscite l’aversion du régime cinquantenaire. Il est contre tout ce qui peut réveiller les consciences endormies qu’on tient à maintenir sous le voile obscurantiste. Mais les peuples ont compris qu’il faut tourner la page du système qui a installé la prévarication du bien public qui ne profite qu’à une minorité. Et c’est ce réveil qui irrite les partisans de l’ordre ancien, obtus au changement.

Regain d’actes démocraticides

Les dernières mascarades électorales ont donné large victoire au parti au pouvoir. Beaucoup pensaient que la sérénité est revenue au RPT/UNIR, avec sa majorité à l’Assemblée nationale. Mais au lendemain du scrutin, le régime a plutôt montré ses faiblesses en renouant avec des pratiques liberticides. Des prétextes sont inventés pour interdire les manifestations de la société civile et de l’opposition.

Le lundi 24 décembre 2018, le Mouvement Forces vives « Espérance pour le Togo » avait prévu tenir une conférence de presse. Mais la manifestation a été interdite par Payadowa Boukpessi, le ministre de l’Administration territoriale, de la Décentralisation et des Collectivités locales. « N’ayant à ce jour rien reçu de votre part concernant cette conférence de presse, je vous signale en conséquence qu’elle (Ndrl, la conférence de presse) n’est pas acceptée », a prétexté le ministre dans un courrier qui a circulé sur les réseaux sociaux sans que ceux à qui il est destiné n’en aient connaissance à temps. « Je n’ai rien reçu, et encore moins les autres portes paroles de notre Mouvement », a répondu le Révérend Père Pierre Marie-Channel Affognon, Porte-parole du Mouvement Forces vives « Espérance pour le Togo ». Une semaine plus tôt, Payadowa Boukpessi a interdit à ce regroupement de la société civile un meeting de sensibilisation qu’il voulait organiser.

Comme on le voit, le ministre de l’Administration territoriale, de la Décentralisation et des Collectivités locales déborde d’alibis pour refuser les manifestations populaires et pacifiques. Et c’est encore le cas, avec le prétexte insuffisance de forces de l’ordre pour encadrer les meetings de la Coalition sur toute l’étendue du territoire. « En ce qui concerne les meetings du 20 janvier, je voudrais rappeler que mon collègue de la Sécurité et de la Protection civile et moi-même avons eu à plusieurs reprises à vous indiquer l’impossibilité pour les forces de l’ordre, de sécuriser simultanément plus de 10 manifestations au maximum par région. Cette situation demeure inchangée », a encore refusé Payadowa Boukpessi dans un courrier daté du 16 janvier et envoyé à ses interlocuteurs.

Le refus de permettre à l’opposition de marcher ou tenir des meetings est manifeste. Même si le ministre tente d’une manière malhabile de couvrir cela en concédant à la Coalition quelques villes comme Bassar, Bafilo, Tchamba, Sokodé, Tsévié, Atakpamé, Kpalimé, Afagnan, Baguida et Zanguéra, les violences commises sur les militants du PNP d’Anié témoignent que le régime cinquantenaire veut étouffer les actions de l’opposition. Ces actes qui resurgissent montrent que le parti au pouvoir a toujours abhorré toute initiative visant à sortir le peuple du joug de la dictature cinquantenaire très conservatiste et fermée à l’alternance au sommet de l’Etat. Aussi les interdictions des marches et meetings laissent-elles entrevoir la crainte à l’horizon 2020.

Le refus de laisser les leaders politiques tenir des meetings et marches est une tentative visant à parver la voie à Faure Gnassingbé en 2020. Mais cet empressement à intimider la Coalition est, en réalité, une course en bateau. La Coalition compte sur ses acquis pour rallier le peuple à sa cause au moment opportun. Le boycott massif des dernières législatives est une force non négligeable. Toute velléité visant à émousser les aspirations du peuple qui a compris où se trouve son destin, est une perte de temps.

Source : www.icilome.com