Politique et éthique : Le ‘très vertueux’ Djimon Oré pris en flagrant délit d’escroquerie

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Il se fait passer pour le plus grand donneur de leçon dans le landernau politique togolais. Quelques années avant, il était un inconnu, un militant assidu et chevronné perdu dans l’Union des Forces de Changement (Ufc) de l’opposant ‘’préhistorique’’ Gilchrist Olympio. Et à la faveur d’un obscur accord UFC-RPT un 26 mai 2010 et suite à la désertion des cadres du parti vers d’autres horizons, la recherche des roues secours pour pallier au plus pressé, a sorti l’homme de son anonymat. Voilà le sieur Djimon Oré, ministre de la Communication par la volonté de Gilchrist Olympio, et accessoirement de Faure Gnassingbé.

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Sa nomination et ses premières apparitions ont provoqué conjectures sur fonds de railleries et sarcasmes. Ses détracteurs disaient de lui qu’il était un précepteur dans une école perdue dans la banlieue Nord de Lomé, doublé d’un statut de répétiteur d’un cadre de la TVT. Rien de mal à ça, surtout que dans la vie, tout individu est appelé à évoluer, et parfois à changer de statut social sous le coup du destin ou du hasard. Il serait malhonnête de ne pas reconnaitre que ce personnage a eu un curieux destin. Son expérience gouvernementale était des plus désastreuses. S’il a réussi à survivre à un premier remaniement grâce à la solidité de l’accord qui liait les deux parties, ses indélicatesses, son arrogance, son incompétence et son curieux rapport à l’argent ont fini par avoir raison de lui.

Côté argent, les journalistes qui ont dû crier au voleur pour dissuader un braquage (sic) d’une partie de leur subvention de l’Etat et ceux qui ont eu échos de la gestion de la numérisation de la TVT peuvent témoigner de quoi l’homme est capable. Pouvait-il en être autrement dans un pays où l’impunité est de règle.

Quoiqu’il en soit, au lendemain des législatives de 2013 sanctionnées par une lourde défaite de l’UFC, Faure Gnassingbé s’était résolu à accorder à son allié Gilchrist Olympio quelques strapontins, loin des postes importants occupés dans le gouvernement précédent. L’ancien précepteur et répétiteur qui a pris goût aux délices du pouvoir et changé ainsi de statut, élu député au nom de l’UFC dans son fief de l’Est-Mono, estimait être l’un des plus légitimes à continuer l’aventure gouvernementale. Mais son mentor Gilchrist Olympio et surtout Faure Gnassingbé ne voulait plus de ses services. Monsieur ne l’entendait pas de cette oreille. Fort de l’argent qu’il a amassé à la tête de son département, il décide de voler de ses propres ailes.

Avec son parti l’UFC, c’est la rupture, mais aussi la guerre. Gilchrist Olympio est devenu du coup le plus grand traître de l’histoire du Togo, un homme qui mériterait l’échafaud ou la guillotine, si on s’en tenait à tous les épithètes les plus infamants que Djimon Oré débitait contre son ancien bienfaiteur dans les médias. Avec quelques agitateurs du même acabit que lui, il lança sa propre formation politique baptisée FPD ( Front Patriotique pour la Démocratie). Souvent sollicité par les médias privés qu’il voulait voir disparaitre pendant qu’il était aux affaires, il ne se prive pas de traiter les autres acteurs politiques de moins que rien. Pour lui Faure Gnassingbé qui a accepté le prendre au gouvernement est l’un des pires dictateurs au monde. Quant au Chef de file de l’opposition, Jean-Pierre Fabre, c’est un moins que rien, un aventurier. Les autres acteurs politiques sont des plaisantins à ses yeux. Le seul à avoir la science infuse au Togo, le seul homme politique sérieux, crédible, c’est lui. Aucun autre acteur politique ne trouve grâce à ses yeux.

Il se dit que les hommes de petite taille ont souvent une grande estime de soi. Une grande ambition pour combler ce que la nature n’a pu leur donner, même si parfois ou souvent, cela leur joue un sacré mauvais tour. Napoléon Bonaparte était petit de taille, mais rêvait de conquérir l’Europe tout entière. Grandeur et décadence, ses rêves ont pris fin par la bataille de Waterloo.

Plus dure est la chute pour celui qui espérait continuer l’aventure gouvernementale. Ses indemnités de député à l’Assemblée nationale sont loin de satisfaire la grande vie à laquelle il s’est habitué lorsqu’il était encore aux affaires. Comme si cela ne suffisait pas, certains cadres de son parti ont fait défection pour rejoindre le PNP de Tikpi Atchadam. Raison de cette défection avancée par les transhumants, le narcissisme et le caractère dictatorial de leur président Djimon Oré. Lorsqu’on prend tant de plaisir à donner des leçons aux autres, à les traiter de moins que rien, à les accabler de tout et de rien, il faut être soi-même exemplaire. Visiblement, ce n’est pas le cas du président du FPD dont le nom revient dans une rocambolesque affaire d’escroquerie.

Djimon Oré, député « déshonorable »
Dans le souci de trouver des ressources additionnelles pour non seulement maintenir son niveau de vie, mais aussi faire tourner son parti, Djimon Oré s’est trouvé des talents d’homme d’affaires. Le 19 juin 2017, il signe une convention de partenariat avec deux établissements de la place pour servir d’intermédiaire entre un groupement de seize (16) agriculteurs et domiciliés dans l’Est-Mono (Canton de Kamina et de Badin-Copé) et des commerçantes domiciliées à Lomé. La convention de partenariat en fac-similé décline les engagements de Djimon Oré intermédiaire entre les financiers et les agriculteurs.

Conformément aux termes de la convention, les financiers mettent régulièrement à la disposition de Djimon Oré les fonds pour, dans un premier temps, soutenir les agriculteurs en amont et acheter les produits en aval. Les décharges signées de la main de Djimon Oré en fac-similé démontrent de l’encaissement régulier des fonds. De la date de la signature de la convention le 19 juin 2017 au 25 novembre de la même année, soixante millions huit cent mille (60 800 000) FCFA ont été remis au Président du FPD par les commerçantes. Comme on peut le constater, c’est un système de préfinancement et Djimon Oré avait assuré ces pauvres commerçantes que sa zone, c’est-à-dire l’Est-Mono produit à elle seule 200 000 tonnes de soja-bio. Un mensonge gros comme un nez planté au beau milieu du visage puisque tout le Togo ne produit même pas cette quantité.

Au moment de livrer les sacs de céréales, l’intermédiaire se soustrait de ses engagements et commence par jouer à un jeu de cache- cache avec les financiers. Les femmes acculées par leurs partenaires à l’extérieur qui risquent de les poursuivre, sont obligées de débloquer des fonds hors contrat, plus de 27 millions FCFA pour effectuer des achats directs sur le terrain et acheminer les marchandises jusqu’ à Lomé.

Pendant ce temps, l’intermédiaire se la coule douce à Lomé, si entre-temps, il n’a livré aux financiers quelques sacs incomplets loin des termes de la convention. Excédés par cette roublardise et incapables de mettre la main sur le principal concerné qui brandit son immunité parlementaire et se permet de changer de numéro de téléphone, les financiers, avec le concours de la Gendarmerie, mettent la main sur les hommes de main de Djimon Oré qui opèrent comme des agents de liaison sur le terrain.
Déférés à la prison civile de Lomé, ces individus indélicats se permettent de narguer leurs victimes et déclarent avoir des relations solides pour se retrouver dehors sans payer le moindre franc. Djimon Oré qui s’est entre-temps, attaché les services d’un avocat, fait un deal avec ses hommes de main en prison afin que ces derniers acceptent d’endosser le fait d’escroquerie. Or ce ne sont pas ces individus qui sont partie à la convention, encore moins qui ont reçu les préfinancements.

L’affaire est actuellement sur la table du Doyen des Juges d’instruction pendant que le député indélicat continue de se pavaner en ville, narguant ses victimes. Selon ces dernières et leurs proches, il aurait utilisé l’argent pour achever sa maison et s’offrir une nouvelle bagnole. Elle est belle, la vie de monsieur le député, surtout lorsqu’il s’agit de l’argent des autres.
Voici ainsi détaillés les faits d’arme des individus de réputation sulfureuse et de moralité douteuse qui sont appelés à légiférer à l’Assemblée nationale togolaise. Lorsqu’un élu du peuple dont la mission est de voter des lois et de contrôler l’action gouvernementale, se met à escroquer en bande organisée de pauvres commerçantes, on peut avec certitude, conclure que la république est en faillite. Les victimes sont déterminées à récupérer par tous les moyens leurs sous, et une saisine du bureau de l’Assemblée nationale est envisagée.

En attendant, l’indélicat député, le plus grand donneur de leçon devant l’éternel circule librement. Contacté par la Rédaction dans le cadre de ses investigations, le député qui a rappelé son étiquette de leader politique, de député et de responsable parti politique et d’ancien ministre de la Communication, s’est gardé de se prononcer sur le fond du dossier, estimant qu’il n’est pas le principal concerné .

« Je ne vais pas me mettre à parler à la place des premiers responsables de cette affaire qui sont en prison. J’ai parrainé ces documents parce que la dame s’est dirigée vers moi comme un élu du milieu. J’ai parrainé tout juste parce qu’elle a exigé une couverture d’une autorité que je suis. J’ai accepté et je l’ai fait. Au début du démarrage de ce partenariat, en aucun moment donné, il n’y a eu de difficulté qui aurait été portée à ma connaissance et du coup, j’apprends que les premiers responsables sont arrêtés et sont en prison. Là, je ne vais pas me prononcer. Le partenariat a à peine commencé et puis à la grande surprise de tout le monde, la dame a demandé que les premiers responsables viennent lui faire le point de l’évolution des activités. Et quand ces premiers responsables et elle se sont rencontrés, on m’apprend qu’on les a cherchés deux, trois jours en vain à Lomé. Finalement, on nous apprend qu’ils sont en prison, c’est tout. Je sais que c’est une arrestation abusive, c’est un coup monté et pour troubler la tranquillité de l’esprit, de notre population. Cette arrestation est anormale. Mais il n’y a pas eu de différend soulevé par une partie et j’apprends que les premiers responsables sont arrêtés et jetés en prison à Lomé. Il n’y a aucune décharge qui soit signée par moi seul », a-t-il répondu.

En fait tous ces paralogismes et sophismes dont fait preuve le député visent tout.

L’ALTERNATIVE

Source : www.icilome.com