Police nationale Togo : Un curieux arrêté de Yark Damehame à l’origine d’un grand malaise, 3 fonctionnaires mis aux arrêts

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Chez les forces de sécurité, la sérénité n’est plus de mise. Le remous est à son point culminant après l’arrestation d’un fonctionnaire de la Police nationale, Kodjo Koutsodji. Ce dernier aurait fait part de son mécontentement à la suite de la nouvelle hiérarchisation des commandements qui porterait le sceau de Yark Damehame, le ministre de la Sécurité et de la Protection sociale.

Police nationale Togo : Un curieux arrêté de Yark Damehame à l’origine d’un grand malaise, 3 fonctionnaires mis aux arrêts

Le 06 juin dernier, le Col Yark Damehame a pris un surprenant arrêté. Il s’agit de l’équivalence des grades des personnels des unités de Police constituée. Un arrêté qui contraste avec le décret promulgué par le Chef de l’Etat et qui n’a jamais été exécuté. « Les personnels désignés pour composer les unités de Police constituée (FPU) déployées en opérations extérieures devront observer, pour les besoins de la cohésion et de l’opérationnalité de ces unités, les équivalences de grades ci-dessous (…) », pouvait-on lire dans le premier article de l’arrêté N°189/MSPC-CAB du 06 juin. Cette mesure en a rajouté à une profonde récrimination qui existait déjà. (Voire tableau portant statut spécial de la Police nationale et l’arrêté de Yark Damehame).

Car, malgré l’adoption de la loi portant nouveau statut de la Police nationale, elle ne s’est jamais matérialisée. Les policiers en étaient là à se plaindre de leur sort quand leur ministère de tutelle en rajoute à leur frustration par cet arrêté. Cet acte lèse davantage ce corps par rapport aux autres. Ainsi, la fronde latente s’est transformée en une contestation de la nouvelle hiérarchisation. L’officier Jean Kodjo Koutsodji rompt le silence et déverse toute sa bile sur whatsapp, une plateforme sur laquelle ils s’échangent. « Tout le monde a peur de parler car personne ne veut voir être recalé ou sauté de son poste. Pouvez-vous comparer quelqu’un de 10, 11, 12 ans de service avec un GA ? GA de mon cul. On parle de l’Opj ; l’Opj, c’est une spécialité. Ce n’est pas franchement du sérieux. (…). Ce qu’on nous enseigne à l’école de police, ce n’est pas du tout ça ». Et il paie pour son audace. Il est mis aux arrêts. Et cela fait quatre (04) jours que Jean Kodjo Koutsodji, recrue de 2007 de la Division de la sécurité routière (DSR) de Dapaong, est détenu en prison.

« Vous parlez de corruption. (…) Les gens sont corrompus, mais pourquoi ne demandez-vous pas pourquoi ces gens sont-ils corrompus ? Parce qu’ils ne sont pas bien payés. Il faut de l’argent pour que ces gens puissent nourrir leur famille et avoir un chez. Vous ne voyez pas au Ghana ou bien en Côte d’Ivoire ? Une seule prime d’un agent de Police de la Côte d’Ivoire, d’un gardien de la paix fait le salaire complet d’un fonctionnaire de police togolais », a-t-il fustigé sur la plateforme.

Selon certains de ses camarades, il a dit tout haut les injustices qu’ils subissent tous. « Par exemple, on dit à un officier de Police qu’un adjudant est son chef. Et à chaque mission, on piétine les droits des policiers en donnant la priorité aux gendarmes et aux militaires. On peut désigner un Capitaine de la Gendarmerie pour être le chef d’un contingent pour une mission et on désigne un Commissaire pour être son adjoint. Pourtant, le Capitaine est un officier subalterne et ne peut en principe pas commander un Commissaire. Au cours des missions, on désigne les officiers pour faire les patrouilles et les gardes. Au même moment, les adjudants se promènent en disant qu’ils sont des spécialistes », dénonce une source.

La pilule a du mal à passer. Et le ministère de la Sécurité opte pour une méthode répressive. Le but est de dissuader d’éventuels contestataires. Puisque dans le cadre de cette affaire, le Brigadier Akor et deux autres collègues de Jean Kodjo Koutsodji subiraient le même sort.

Visiblement, il ne fait pas bon sous le ministère de la Sécurité et de la Protection civile. Du moins pour les agents de la Police nationale. « C’est sous le ministre Yark que le problème a pris de l’ampleur. Il a essayé de le régler en rajoutant d’autres. On ne peut pas accepter que de telles pratiques se poursuivent et que les agents fassent leurs affaires avec les opérations que nous menons sur le terrain. Le ministre a pris un arrêté dans lequel il a violé beaucoup de dispositions en disant par exemple que le grade de Commissaire de Police équivaut à celui d’un Capitaine. Il veut mettre sur un pied d’égalité les policiers qui rentrent dans la Police avec le Bac et les adjudants qui sont recrutés dans l’Armée ou la Gendarmerie avec le CEPD », afffirme notre source.

Au-delà de cette goutte d’eau qui fait déborder le vase, c’est tout le mépris qui est réservé à ce corps de l’armée qu’il est donné de constater. La Police nationale a été toujours le parent pauvre de différentes revalorisations. Une part belle est faite aux gendarmes et aux militaires.

Statut de la Police nationale adopté

La commission spéciale recommande au gouvernement que, dans le décret qui sera pris en application de la loi portant statut spécial de la Police nationale, les indices de la Police soient alignés, à titre indicatif, sur ceux de la Gendarmerie nationale.

Exemples :

¨ Les grades hors hiérarchie doivent correspondre au corps des généraux des armées ;
¨ le Commissaire divisionnaire au Colonel des armées ;
¨ Le Capitaine de Police au Capitaine des armées dans le corps des officiers de Police ;
¨ L’Adjudant de Police à l’Adjudant des armées dans le corps des officiers de Police ;
¨ L’Adjudant de Police à l’Adjudant des armées dans le corps des sous-officiers et agents de Police

Source : L’Alternative No.620 du 16 juin 2017

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