Le processus de choix d’un nouveau Directeur technique national pour le football togolais a du plomb dans l’aile. Une note adressée par la Fédération togolaise de football à son ministre de tutelle révèle le choix de Tchanilé Tchakala comme nouveau DTN. « Sur la base de ces résultats, M. Tchanile Tchakala qui a obtenu une note de 18/20, est retenu comme directeur technique national de la FTF », lit-on dans le courrier qui a fuité sur les réseaux sociaux. Seulement, deux semaines après la fuite, c’est toujours le statu quo. Ça coince quelque part.
Mais certains ont vite fait de désigner un coupable : Claude Le Roy, le sélectionneur des Eperviers, qui serait la source du blocage. Une prétendue rencontre entre Faure Gnassingbé et le Français a été évoquée, rencontre au cours de laquelle le coach aurait posé son véto sur le choix. La FTF, pour sa part, préfère s’abriter derrière l’opération Claude-bashing, ourdie dans les officines facilement identifiables. La situation se cristallise. A l’évidence, les choses risquent de se compliquer davantage.
Tchanilé Tchakala est-il le nouveau DTN du Togo ? À ce jour, aucune décision officielle nommant le promoteur de l’académie Liberty d’Agbodrafo n’est disponible ni rendue publique. Des sources proches du dossier renseignent que le processus de recrutement d’un nouveau DTN lancé par la FTF n’est pas encore arrivé à terme. « Après la fin de la phase d’examen des dossiers soldée par l’arrivée en tête de M. Tchanilé Tchakala, comme on a pu le lire sur le fameux courrier avec la note de 18/20, on attend toujours la seconde phase, celle de l’interview », explique notre source. Le processus en soi serait discutable. A preuve, certains candidats « recalés » n’ont pas hésité à manifester leur désapprobation.
A l’issue des travaux d’évaluation, 4 candidats ont obtenu des meilleures notes sur la base des critères tels que « le niveau de formation, la carrière de joueur (expérience de joueur, niveau de pratique et palmarès), expérience de coaching, poste et fonctions occupés, titres et palmarès d’entraîneur », comme indiqué dans le courrier du 16 mai dernier adressé par la FTF au ministre des Sports. Les trois autres candidats recalés, Gneni Sebabi, Djima Oyawole et Kodjo Afiadegnigban ont du mal à digérer le processus manifestement vicié. Les quatre candidats sortis d’un lot de seize candidatures, devraient passer par un entretien qui n’a jamais eu lieu. « Je crois que la procédure n’a pas été tout à fait respectée, puisque l’audition n’a pas été faite comme prévu avec les membres de la FTF et du ministère, et avec l’expert belge dont on nous a parlé. Donc j’estime que c’est le choix que la FTF a fait et proposé au ministère puisque je ne comprends pas sur quelle base M. Tchanilé Tchakala a été noté et a obtenu 18 sur 20 », s’est indigné Gneni Sebabi, ancien coach de l’As OTR, et président de l’Association des entraîneurs de football du Togo.
Kodjo Afiadegnigban, pour sa part, assure avoir pris toutes les dispositions pour monter un dossier « imbattable » et s’apprêtait à aller défendre ses projets dont il a une parfaite maîtrise devant le comité. « Hélas, pas même un seul coup de fil de la FTF pour me dire tu es retenu ou non sur la short list », dénonce-t-il. Comment se fait-il que la FTF sort une lettre pour informer le ministre des Sports que Tchanilé Tchakala est retenu alors même que la seconde phase censée départager les 4 candidats en lice n’a pas eu lieu ? Certains expliquent ce qui ressemble à une maladresse, par le fait que le ministre Foli Bazi Katari aurait forcé la main au président de la FTF, le Col Guy Akpovy, alors que d’autres avancent la thèse de rétro commissions que Tchakala devrait verser à certains responsables de la FTF comme c’est l’habitude de la maison.
La démarche du Comex est curieuse. Cette indélicatesse dans la gestion administrative de la Fédération fait bloquer l’appel d’offre pour le choix de l’équipementier. Un autre enjeu lucratif pour les décideurs à la FTF. Selon des sources bien renseignées, certains membres du Comex n’hésitent pas à pointer un doigt accusateur sur le Col Guy Akpovy et le Secrétaire Général Pierre Lamadokou. Mais pour l’instant, on semble vouloir astucieusement distraire les Togolais avec la piste du « mal-aimé » Claude Le Roy. « Encore que ce dernier n’est pas associé au choix du DTN et n’était pas au pays au moment des allégations », confie l’un de ses proches. Mais la fatwa lancée à son endroit est implacable. Le silence entretenu par la FTF depuis que la presse s’épanche sur cette piste, montre bien qu’il y a anguille sous roche.
Des sources avancent la thèse d’une raison de « moralité douteuse » qui a conduit Faure Gnassingbé à vouloir voir plus clair dans le choix de M. Tchanilé Tchakala fait dans la précipitation par Guy Akpovy et son Secrétaire Général. Le tableau du football togolais sous la gestion du Col Akpovy n’est pas aussi reluisant. Les affaires d’équipementiers, AgouwaGate, la corruption des arbitres, l’affaire de la direction technique nationale, la gestion des fonds de la FIFA…sont autant de scandales qui ternissent sa gestion.
Pierre Canésuis
Source : www.icilome.com