Phénomène gaymen : La dérive xénophobe

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Phénomène gaymen : La dérive xénophobe

La frayeur et les morts d’homme (réels ou supposés) attribuées aux gaymen ont balisé la voie à la psychose qui débouche fatalement sur la vindicte populaire et par ricochet sur la xénophobie. De la nécessité des pouvoirs publics au Togo de réagir face à la résurrection des démons xénophobes.

La semaine dernière, des gaymen (du nom des sacrificateurs de jeunes enfants pour des rituels) ont été extradés du Togo vers le Bénin. Dans la même semaine, dans la banlieue sud-est de Lomé, deux gaymen sont brûlés vifs. Les images horribles font le tour des réseaux sociaux. Hier, au quartier Sokpanou à Atiégou, le corps inanimé d’une femme de 42 ans a été retrouvé devant sa porte. La découverte macabre a donné lieu à un lien rapide. Elle serait l’œuvre des gaymen selon les témoins de la scène.

C’est la résultante de la traque au Bénin des jeunes véreux prêts à ôter la vie humaine pour le confort matériel. Ils sont en fuite et ont trouvé refuge au Togo. Mais le phénomène dont les échos ont traversé les frontières du Bénin, a mis les Togolais en alerte. Des arrestations des gaymen ont conforte beaucoup de citoyens que les adeptes du fétiche Kininsi (fétiche qui assure la richesse en contrepartie avec le sang humain) sont dans leurs murs. Et il ne se passe de jours où les réseaux sociaux ne relaient les informations de l’arrestation de ces individus ou des découvertes horribles des corps sans vie. La rumeur qui a enflé d’un cran dans la capitale togolaise a laissé la place à la résurgence de la vindicte populaire. Cette fois, les ressortissants béninois sont la cible. Une stigmatisation qui vire dangereusement à la xénophobie.

Les images choquantes publiées sur les réseaux sociaux montrant les corps calcinés des gaymen (supposés ou réels) calcinés soulèvent de vives protestations de l’autre côté de la frontière togolaise. Au Bénin, les voix s’élèvent contre la stigmatisation dont font l’objet leurs compatriotes au Togo. Certains vont jusqu’à promettre des représailles contre les ressortissants togolais au Bénin. L’affaire a conduit les autorités béninoises à calmer les passions déchaînées.

Dans une sortie, elles ont fait savoir que le Bénin n’a pas encore enregistré officiellement des victimes béninoises au Togo. La sortie vise à inviter les deux peuples frères à ne pas céder aux démons xénophobes. Car, autant les Togolais sont nombreux au Bénin, autant les Béninois le sont au Togo. Ce sont deux peuples qui ont beaucoup de similitudes et il ne serait pas bien qu’ils en viennent à se regarder en chiens de faïence.

Au Togo où le phénomène des sacrifices rituels défraie la chronique, il urge que les pouvoirs publics veillent à éviter la dérive xénophobe. Cela passe par des sensibilisations à l’endroit des populations. Car comme le dit la loi, nul n’a le droit de se faire justice; il existe des tribunaux pour s’en occuper. C’est salutaire pour les deux peuples afin que l’amalgame ne déborde pas sur le plan de la stigmatisation.

Il y a des Béninois bien intégrés au Togo qui gagnent bien leur vie sans recours aux forces occultes. Il en est de même aussi pour les Togolais établis au Bénin. Aussi, il y a nécessité d’endiguer la méfiance qui est en train de naître entre les deux peuples frères afin d’étouffer les relents xénophobes.

Source : www.icilome.com