Peut-être le signe du temps au sein du pouvoir : Le pied de nez de Trimua aux ministres Vuvuzela

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Peut-être le signe du temps au sein du pouvoir : Le pied de nez de Trimua aux ministres Vuvuzela

Sur les ondes de la Radio Pyramide FM, ce dimanche, l’ancien ministre Christian Trimua a dit haut, ce que tous pensent bas. Notamment au sujet de la fameuse formule «sur instructions personnelles du Chef de l’Etat», très usuelles au bout des lèvres de nombre de ministres de l’équipe Klassou. Pour l’actuel Conseiller de Faure Gnassingbé, ce bout de phrase est, non seulement «un excès de langage», mais aussi et surtout, une «fuite de responsabilité» de ses collègues qui en font leur marque de fabrique.

« Sur instructions personnelles du Chef de l’Etat…»

Il n’y a pas de cérémonie officielle sans que la formule magique ne soit prononcée. Ceci, au point de devenir presque une devise des ministres du gouvernement togolais. Même le Premier ministre s’y adonne à cœur joie. «Sur instructions personnelles du Chef de l’Etat…». Voilà le bout de phrase devenu une litanie des «ministres Vuvuzela» qui s’en raffolent.

Malgré les répétitives dénonciations de la presse, ces derniers n’en ont que cuir. Au contraire, ils confirment par leur zèle qu’ils doivent, avant tout, leur nomination à leur degré de militantisme. Rien de plus. Aujourd’hui, c’est un pur produit du pouvoir de Lomé qui exprime son exaspération face à la recrudescence de cette formule au sein des différentes équipes gouvernementales qui se succèdent sous Faure Gnassingbé.

L’avis d’un intellectuel, cadre Unir et ancien ministre

Sur la radio Pyramide FM, Christian Trimua a d’abord tenu à nuancer que cela ne vaut pas pour tous les membres du gouvernement. « Il y en a qui assument leur responsabilité et il y en a qui en abusent… », a-t-il précisé. Mais de son avis d’intellectuel et surtout, de cadre du parti Unir et ancien ministre, Christian Trimua a estimé que sous le Président de la République, les ministres ont du pouvoir. Et c’est donc pour cela que cet avocat de formation a estimé que «Ça devient agaçant, non seulement pour le pouvoir et les populations, mais aussi pour le Chef de l’Etat». Et dans son développement, le jeune juriste estimé que «c’est donner le sentiment que systématiquement, même sur des questions de détail, le Chef de l’Etat s’y mêle. Non ! Le Chef de l’Etat a donné à chacun, sa responsabilité et il me semble que les membres du gouvernement devraient en tirer les conséquences ». …

Fuite de responsabilité !

Par ail leurs, l’ex-secrétaire d’Etat chargé des relations avec les institutions de la République, toujours dans l’expression de son ras-le-bol, y est même allé d’une notion de pédagogie gouvernementale.

« Sur certaines questions, c’est évident. Mais si d’autres relèvent de leur propre responsabilité, qu’ils l’affirment. Même s’ils ne l’affirment pas, ils n’ont pas forcément besoin de se référer à cette formule qui devient agaçante pour les uns et les autres». Autrement, «…c’est une fuite de responsabilité… », a-t-il pesté. Car, explique-t-il « c’est supposer que l’action que l’on mène en ce moment-là, si elle échoue, c’est imputable au Chef de l’Etat alors qu’elle est de l’initiative du ministre ».

Si Christian Trimua a eu le mérite de dénoncer cette attitude qu’il qualifie d’ «irresponsable», il ne s’est pas arrêté là. Ce jeune cadre du parti présidentiel alerte et donne des idées en préconisant également des pistes de solutions. Selon lui, l’Etat devrait désormais disposer d’un arsenal visant à sévir face à ces agissements puérils de certains ministres qui ne prendront pas leur responsabilité. «Je suis favorable à ce que dans les prochaines réformes constitutionnelles, que l’on aille même jusqu’à une responsabilité individuelle des ministres. Parce que nous avons aujourd’hui un mécanisme de responsabilité collective qui fait que vous ne pouvez pas entreprendre une motion de censure pour renverser un gouvernement pour un ministre qui ne vous plaît pas. En revanche, si nous avons un mécanisme parlementaire où on peut sortir un ministre du gouvernement, sans avoir besoin de renverser tout le gouvernement, il me semble que la responsabilité des ministres sera plus accrue et que les gens prendront au sérieux d’assumer leur propos», a-t-il affirmé.

Et si Trimua disait toute la vérité ?

Au demeurant, plusieurs sont les analystes qui ont épousé cette sortie du Conseiller du chef de l’Etat. Surtout au regard du courage ayant caractérisé ses propos. Toutefois, il est également vrai qu’ils souhaiteraient le voir aller plus loin dans son développement, au-delà du cas des «ministres vuvuzela».

En effet, fort de son statut de Conseiller spécial du Chef de l’Etat, Christian Trimua fait partie du gota d’imminence grise censée indiquer la voie de la lumière au Président de la République. En effet, le retour de Christian Trimua dans les grâces du pouvoir Unir après les caprices dont il a été victime pour des hi et des ha, montre que le régime a aujourd’hui besoin des jeunes sangs, plus en phase avec la modernité pour répondre aux exigences de la rue. Ceci d it, l’ex-Secrétaire d’Etat pourra faire encore plus utile en amenant le jeune président à poser des actes forts qui montrent qu’il veut baliser la voie à la rupture avec cet esprit clientéliste et vassalisant que la rue dé- nonce entre autres depuis le 19 aout 2017.

Bien conseiller le Chef de l’Etat, c’est parvenir à lui faire comprendre que 50 ans à la tête d’un pays, pour une seule famille biologique et politique, dans une démocratie, c’est trop. Bien jouer son rôle de Conseiller spécial revient, en outre, à faire entendre raison Faure Gnassingbé que, malgré son bilan non moins ridicule, il ne pourra malheureusement se défaire des événements malheureux de 2005. Lesquels ont consisté notamment aux multiples coups d’Etat constitutionnels suivis de la succession dynastique opérée au sommet de l’Etat, après le décès de son père, aux fins de faire de lui, le seul héritier, l’image des urnes volées par les militaires à Lomé, en plus des 800 morts.

Ce lourd passif, toujours vivace dans la mémoire collective, a été lesté par l’exécution bradée qu’ont connue les recommandations formulées aux termes des travaux de la Cvjr et du Hcrrun. Tout comme, de moindre mesure, les 38 ans de calvaire vécu par beaucoup de togolais sous l’ère de son feu père, qualifié à tort ou à raison de «dictateur», et dont beaucoup portent encore les séquelles à ce jour. Christian Trimua rendrait encore mieux service à Faure Gnassingbé s’il parvenait à lui faire comprendre que les togolais ne sont pas contre sa personne, mais aspirent seulement au changement et à l’alternance politique. Et par conséquent, il est temps pour lui de sortir par la grande porte en 2020, car «il y a aussi une vie après le pouvoir». Cela sous-entend donc que cela serait bénéfique pour son pouvoir de faire économie du dilatoire et des subterfuges dont il a habitués les togolais afin de vite opérer les réformes politiques auxquelles appelle de tous ses vœux, le peuple togolais.

Ce faisant, Christian Trimua, outre sa vérité aux «ministres vuvuzela», rendrait un grand service aux togolais en disant toute la vérité à Faure Gnassingbé.

Source : www.icilome.com