Peuple, violence et paix, ces terminologies instrumentalisées par le parti au pouvoir

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Qu’est-ce que le peuple? Qu’appelle-t-on violence? Et la notion de paix, comment doit-on la percevoir dans le contexte actuel togolais ? Ces sujets étaient au centre d’une rencontre d’échange initiée par la jeunesse de l’opposition sur la crise au Togo. Thème : ‘Mobilisation populaire pour le retour à la constitution 1992 : comprendre les notions de peuple, de violence et de paix’

Depuis les dernières mobilisations de l’opposition togolaise, celle-ci, affirme-t-elle, ne cesse de porter les aspirations du peuple togolais qui, dans son ensemble, demande le retour à la constitution de 1992 ou le départ de Faure Gnassingbé. De l’autre côté, le parti au pouvoir également clame être le parti du peuple qui ne désire qu’un Togo de paix. Alors qui des deux mouvances parle au nom de ce peuple ? Ce terme a été dès lors galvaudé, instrumentalisé voire travesti.

Pour mieux appréhender ces notions, Dr Emmanuel Gnagnon, membre des FDR, conférencier à cette rencontre, a d’entrée de jeu précisé que les termes Peuple, Violence et Paix doivent être expliqués dans un contexte de gouvernance : l’oligarchie.

L’oligarchie c’est le règne d’une minorité sur une majorité écrasante. Et ce n’est pas Faure Gnassingbé qui dira le contraire. Il l’a déclaré lui-même en pointant du doigt une minorité qui accapare les richesses du Togo. Ainsi, le peuple, c’est justement cette majorité caractérisée par la pauvreté.

« Dans un contexte oligarchique, parlé du peuple, c’est tout simplement parlé des réprimés, des victimes, parler de la grande population ou de la masse, des pauvres, c’est-à-dire des gens qui sont sous le du joug de la paupérisation continue et systématique, le peuple n’a pas droit de cité et non plus le privilège. Le peuple est objectivé, réifié, chosifié, devenant la propriété des dirigeants, à partir de ce moment, le peuple n’est plus acteur », a éclairé Emmanuel Gnagnon.

Parlant de violence, il faut également précisé que le pouvoir oligarchique qui détient le monopole de la violence, le détient d’une manière illégitime.
Ainsi quand la majorité (le peuple) manifeste sa violence, elle n’est pas actrice de cette violence, elle est plutôt réactive face à une situation d’oppression. Et cette violence est légitime puisqu’elle amène le peuple qui se révolte à la liberté.

L’orateur a également énuméré quelques formes de la violence : « Modifier ou violer une constitution, le refus de la mise en application de l’APG, le refus de manifestation, la coupure d’internet ou d’électricité, le mutisme d’un chef d’Etat face aux souffrances de son peuple et la brutalité des militaires et pire des milices qui ont été qualifiés de « groupes d’auto défense sont des formes de violences ».

La paix, le refrain ou slogan scandé par le parti au pouvoir pour expliquer son attitude face aux manifestations des populations est aussi instrumentalisée par la minorité. Elle parle d’une paix, mais en réalité, elle ne fait référence qu’à sa paix.

« Vous allez entendre beaucoup dire : ‘ touche pas à ma paix’ mais cette paix n’est pas la paix de tout le monde, c’est sa paix, c’est leur paix, ce n’est pas la paix générale. L’oligarchie ne prêche pas la paix de tout le monde, l’oligarchie prêche sa propre paix, c’est-à-dire la préservation de ses intérêts, elle ne saurait être une paix valorisante », a déclaré Emmanuel Gnagnon.

C’est une jeunesse de l’opposition mieux informée et aguerrie de ces termes qui est sortie de cette rencontre suivie d’échange ce lundi. Le peuple est caractérisé par l’extrême paupérisation et sa violence est une violence légitime.

Comme l’a dit le philosophe Spinoza, « la paix n’est pas l’absence de la guerre », c’est plutôt un état de bien-être où chacun a ce qui lui revient de droit.

Ainsi la paix prêchée et décrétée par l’oligarchie ne saurait en être une, puisque la minorité, dans sa zone de confort, ne veut sous aucun prétexte voir son joug secouée, c’est cette aisance, qu’elle ne veut pas perdre.

Magnim

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