Perspective de sortie de crise en Gambie : Jammeh a-t-il été inspiré par Kabila ?

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Avec le renvoi en mai de ses audiences pour vider le contentieux électoral en Gambie, la Cour Suprême a  placé le pays dans une impasse électorale qui y ouvre une période de  vide institutionnel.
En Effet, à partir du 19 janvier 2017, Jammeh n’est plus le Président légal de la Gambie, alors que les résultats contestés de la Présidentielle du 1er Décembre  ne seront validés par la Cour Suprême qu’en mai 2017 !
Du point de vue constitutionnel, Jammeh continue légalement de gouverner le Pays jusqu’à l’installation du Président élu pour sa succession, qui ne pourra intervenir qu’en  mai au plus tôt, si Jammeh est reconnu défait par la Cour Suprême.
Ainsi, Jammeh vient de s’aménager légalement une période de transition de 5 mois au moins, qui est  plus longue que celle prévue par la Constitution Gambienne et qui n’était que d’un mois.
Ce scénario qui se profile,  rappelle la prouesse de Kabila qui a su, en reportant l’élection présidentielle de la fin de son mandat,  manœuvrer habilement  pour  rester au pouvoir durant  une période de transition d’un an,  qui lui permet de mieux négocier les conditions de son départ.
La tactique de Kabila n’a pas jeté  la RDC dans les affres d’une guerre civile, comme c’est le cas au Burundi suite à sa crise post -électorale,  que grâce à l’intermédiation décisive de l’Eglise dans ce pays, à travers la CENCO.
En effet, face à  l’incapacité de l’Union Africaine à faire respecter le calendrier républicain par Kabila, et malgré les menaces ouvertes proférées contre lui par la France, les USA et l’Union Européenne,  menaces qui ont fait craindre un nouveau scénario libyen, la CENCO a fait la prouesse de faire accepter au pouvoir, à l’opposition et à la société civile, une période de transition d’un an pour créer les conditions apaisées de tenue d’une élection présidentielle à laquelle Kabila ne serait pas candidat.
En RDC,  l’Eglise  a su ainsi, d’une part,  préserver la paix civile et la stabilité du pays et, d’autre part,  empêcher une intervention militaire des grandes puissances occidentales, tout en faisant éviter à l’ Union Africaine,  de revivre l’humiliation que la France lui a fait subir en lui interdisant publiquement d’envoyer une mission de médiation de Chefs d’Etat en Libye, en vue d’une sortie négociée de la crise politique qui y sévissait, ce qui aurait déjoué leurs objectifs de faire partir Khadafi par la force pour y installer leurs hommes de main.
En Gambie, la décision du gouvernement américain d’évacuer ses ressortissants sur Dakar, et les informations indiquant le mouvement d’un de ses navires de guerre vers les côtes gambiennes, et la mise en alerte de l’armée Française basée à Dakar, font craindre, une réeddition du scénario Libyen, si la CEDEAO, en écartant publiquement la solution militaire, ne parvient pas à négocier une sortie pacifique de crise post- électorale avec Jammeh durant cette période de transition légale qui s’est ouverte  dans ce pays.
Jammeh devrait partir à l’issu de cette nouvelle période de transition, durant laquelle, le pays serait dirigé par un gouvernement d’Union nationale négocié entre Jammeh et Baraw sous l’égide la CEDEAO.  
Dans cette perspective, toutes les forces vives des pays de la CEDEAO devraient  élever leur voix pour dire non à une intervention militaire unilatérale de la France et des USA dans la crise Gambienne, et appeler Jammeh et Baraw à s’ouvrir vers cette perspective de sortie pacifique de la crise post éléctorale sous la médiation de la CEDEAO.
Des signaux forts dans ce sens devraient être émis principalement par Jammeh et Baraw, lors de la venue prochaine de la mission de médiation de haut niveau, dépêchée à Banjul par la CEDEAO, ce vendredi 13 janvier.
Les Chefs religieux (musulmans et chrétiens) du Sénégal et de Gambie,  devraient être sollicités comme facilitateurs auprès de Jammeh et de Baraw,  pour les amener à accepter une solution négociée de cette crise lors de cette mission, qui ne saurait être en aucun cas, celle de la dernière chance.
Dans le même sens, les organisations de la société civile à Dakar, et les ressortissants gambiens installés ou refugiés au Sénégal, devraient s’abstenir à attiser le feu, qui ne ferait que l’affaire de ceux qui, dans les grandes puissances et le jyhadisme, veulent mettre notre sous- région à feu et à sang,  pour leurs objectifs géopolitiques de contrôle des immenses ressources minières, de pétrole et de gaz qu’elle  régorge.  
Les forces républicaines, démocratiques et de paix au Sénégal et dans la sous-région sont interpellées. 
Une transition pacifique d’un régime de Dictature à un régime démocratique ne se fait pas en un mois. Même le Burkina a dû s’imposer une période d’un an de transition, alors que les grandes puissances et la CEDEAO voulaient un maximum de six mois. 
Le sort de la Démocratie, de l’Etat de Droit et de la paix en Gambie et dans la sous -région mérite tous les compromis de transition avec les dictateurs de ce continent.
Ce sont nos peuples qui ont tout à perdre dans le chaos et la violence. 
         Nous pouvons et devons l’éviter en Gambie.
         Ibrahima SENE PIT/SENEGAL/CDS
Dakaractu

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