Ouro-Akpo Kamalodine raconte la « sauvagerie militaire » du 20 septembre dernier

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Il n’était pas manifestant. Mais les militaires déversés dans la ville de Mango et Bafilo le 20 septembre tapaient et tiraient sur tout ce qui bougeait, Ouro-Akpo Kamalodine s’est retrouvé, comme plusieurs de ses camarades, à un mauvais endroit au mauvais moment. Il a été tabassé par ces bérets rouges qui ne respectaient rien. Il en sort avec les pieds cassés. Lire son témoignage !

Le jour où on a marché, je suis sorti pour aller au champ. Mais ma femme m’a dit de rester à la maison parce qu’il y a du mouvement en ville. Donc j’ai respecté la décision de ma femme. Et comme elle est souffrante, j’ai profité pour rester à la maison avec qu’elle. Vers l’après-midi, mes enfants ont eu faim. Donc je suis sorti pour leur acheter de la nourriture. Mais en sortant, mes voisins m’ont bien averti que les bérets rouges sont déjà dans notre quartier. Alors pour éviter tout problème, j’ai dû rebrousser chemin.

Quand je suis rentré à la maison, une femme me disait qu’on vend de la nourriture dans l’autre quartier qu’on appelle Kamou. Donc j’y suis allé. Mais au moment où la dame me vendait la nourriture, les bérets rouges étaient presque tout près. Ainsi pour éviter les ennuis, la revendeuse s’est précipitée pour fermer la porte de sa maison sur moi. Les soldats, à leur arrivée, ont frappé plusieurs fois à la porte. Mais, comme personne ne leur ouvrait pas le portail, ils ont escaladé le mur pour rentrer dans la maison. Et c’est là qu’ils m’ont trouvé avec la revendeuse et un enfant. Qu’est-ce que tu fais ici ?, me questionnaient-ils. Je leur ai répondu que je suis venu acheter de la nourriture pour mes enfants. Après avoir répondu à leur question, ils m’ont ramené dans notre quartier. Et là, ils nous ont tabassés à mort, mes petits frères et moi, à l’aide de pilon. Ils ont cassé nos tibias et nos fémurs. Ils ont cassé nos pieds.

Après le passage à tabac, ils nous ont amenés à la Gendarmerie. Là, ils nous ont demandés comment faisons-nous pour aller à la marche. Nous leur avons répondu que nous, nous ne manifestons pas. Nous ne sommes pas des manifestants. Mais cette réponse ne leur avait pas convaincu. Ils ont décidé de nous déférer à la prison. Ils nous déposé à la Gendarmerie de Kara.

Le lendemain jeudi, ils nous ont amené à la Justice de Kara. Là également, ils nous ont posé les mêmes questions. Et nous leur avons réitéré que nous ne sommes pas des manifestants. Mais dommage, nos réponses n’ont pas convaincu le juge. Ils nous ont jetés à la prison de Kara. J’ai vu beaucoup des amis de Sokodé qui croupissent dans cette prison.

Mon état de santé s’aggravait. Le chef de la prison de Kara, conscient de la gravité de ma situation, a décidé de m’évacuer à l’hôpital de Kara. Là, les médecins m’ont soigné et m’ont mis un plâtre. Après m’avoir prescrit quelques médicaments, ils m’ont donné un rendez-vous sur une semaine.

Ouro-Akpo Kamalodine

Propos transcrit par la Rédaction

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