L’éducation au Togo est sans contestation l’un des secteurs les plus malades dans tous les sens du terme. En dépit de son objectif premier qui est la formation de l’élite, on assiste plutôt depuis quelques années à une dévaluation chronique et volontaire du système éducatif togolais.
La faute, elle est imputée aux acteurs de ce secteur qui étalent chaque jour que Dieu fait médiocrité, mauvaise volonté et mauvaise foi. Pour certains parmi ces derniers, les objectifs régaliens de l’éducation sont en parfaite contradiction avec les actes qu’ils posent à longueur de journée, ce qui laisse naturellement planer un doute sur l’aspect conscience professionnelle.
Les soubresauts qui émaillent les activités académiques depuis un moment au Togo sont un indicateur non négligeable de l’intérêt que les autorités du pays accordent à ce secteur. Entre grèves, indifférence, promesse, découpages et redécoupages de l’année, tous les éléments d’un sabotage du système sont réunis. Le dernier élément, c’est naturellement l’organisation des examens. Nul n’ignore la particularité de l’année scolaire qui est en train de s’achever. L’irrégularité des cours n’est un secret pour personne, tant les grèves avaient pris le pas sur l’ordre normal des choses. Si à un moment, certaines sommités de l’éducation ont accusé les responsables syndicaux de noyer les intérêts des apprenants, l’organisation des examens vient plutôt prouver que les décideurs doivent vider le plancher. Plusieurs observateurs brandissent des anomalies graves et des insuffisances dans les épreuves du BEPC qui se sont déroulées il y a deux semaines. On parle d’erreurs qui n’ont été décelées et corrigées qu’à quelques minutes de la fin de certaines épreuves, alors que la majorité des candidats a déjà rendu les copies.
Et comme si cela ne suffisait pas, le CEPD qui s’est déroulé la semaine passée a aggravé la situation. Dans plusieurs centres d’écrit de Lomé et ailleurs, les enveloppes scellées contenaient des épreuves autres que celles qui étaient au programme. C’était le mercredi dernier, deuxième jour de l’examen. Au lieu de l’histoire et géographie, ce fut l’épreuve de problème que les examinateurs ont retrouvé. Ceci s’est passé dans les centres d’écrit des inspections de Lomé-Est et Lomé-Aéroport. La même situation s’est produite à l’intérieur notamment dans le Vo, Yoto, Bas-Mono. Au centre d’écrit de l’EPP Aniko-Palako 1 à Nukafu, deux jeunes filles n’ont pas pu passer l’examen en raison du fait que leurs noms ne figuraient pas sur la liste des candidats. Venue à la rescousse, leur grand-mère a été informée que ses petites filles ne disposaient pas d’acte de naissance. Pourtant, la procédure d’établissement desdits documents a été faite et les frais reversés au secrétariat principal de l’IEPP Lomé-Aéroport pour l’audience foraine dans les délais impartis.
Qu’est-ce qui aurait cloché au niveau du secrétaire principal Atama de l’IEPP Lomé-Aéroport, qui serait au courant de la situation depuis les CEPD blancs ? Toujours est-il qu’on a perdu toute une année à deux jeunes filles, au nom de l’indifférence et de la médiocrité. Dans l’IEPP Lomé-Est, c’est un autre problème de perdiems qui s’est posé ; on a retenu à certains surveillants une somme de 1000FCFA pour dit-on, assurer le fonctionnement de l’inspection. C’est le cas de ceux qui ont surveillé au centre d’écrit de Baguida-Plantation. Cette décision, selon les informations a été prise par Mme Djani Kossiwa, chef d’inspection IEPP Lomé-Est qui aurait par ailleurs menacé de représailles toute personne qui en parlerait notamment sur les réseaux sociaux.
Actuellement, un conflit serait ouvert entre elle et certains chefs centre qui avaient refusé d’appliquer cette mesure aux surveillants placés sous leurs ordres. Voilà, sous quel angle les choses sont faites au Togo. L’on se demande eu égard à tout ce qui précède si les travaux de correction et de secrétariat pourront se dérouler dans de bonnes conditions et les résultats seront « vrais ». Il y a tout de même de quoi s’inquiéter en ce qui concerne les examens qui sont en attente, notamment le BAC1 et le BAC2.
Ce n’est un secret pour personne, le gouvernement togolais a cette habitude de rester muet sur les cas d’anomalies que l’on constate dans le secteur de l’éducation et particulièrement en ce qui concerne l’organisation des examens. Les cas de fuite d’épreuve enregistrés dans le passé n’ont jamais été sanctionnés « conformément à la loi ». Et pourtant…!
Essoyoda B
Source : Le Correcteur No.829 du 23 juillet 2018
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