Ils sont au total six (06) candidats issus de l’opposition à faire face à Faure Gnassingbé, au second tour de la Présidentielle du 22 Février prochain. De l’avènement de l’ère démocratique à ce jour, l’opposition togolaise, à la veille de chaque scrutin, aura ainsi et toujours marqué les esprits par une particularité.
Ce jeudi 06 février, s’ouvre la campagne présidentielle. Des villes aux villages en passant par les hameaux les plus reculés du pays, les sept (07) candidats dévoileront, chacun, aux électeurs, leurs projets de société. Une période au cours de laquelle les togolais, à l’âge de voter étudieront minutieusement chacune des offres politiques pour en choisir, celle qui paraît la meilleure pour un développement inclusif du Togo.
Une opposition plurielle à la conquête du pouvoir
À vingt-quatre heures du coup d’envoi, rien n’a changé du côté de la classe opposante. Contrairement à ce que souhaitent nombre d’observateurs, elle y va toujours en rangs dispersés.
D’une part, Messan Agbeyome Kodjo, pour la dynamique Kpodzro. Et de l’autre, Jean-Pierre Fabre, Wolou Komi, Tchassona Traoré, Aimé Gogue et Georges Kouessan, tous en mode solitaire. Somme toute une opposition plurielle, à armes inégales, qui part à la conquête du pouvoir.
S’il est vrai que certains marquent déjà leur pré campagne par des descentes dans les marchés, sur les campus universitaires ou encore des sensibilisations dans les localités, l’on sent, néanmoins, dans les discours, des attaques orientées entre des «camarades de lutte».
En clair, aussi bien sur des médias interposées que sur les réseaux sociaux, acteurs, militants et sympathisants donnent l’impression de laisser, de côté, l’adversaire commun qu’est Faure Gnassingbé pour s’attaquer mutuellement. On s’attaque, on s’insulte, on se dénigre… Et malheureusement, pour le plus grand bonheur de Faure qui n’en demande pas mieux.
L’ombre laissée pour la proie
Plutôt que d’harmoniser leurs forces et énergies pour contraindre à l’échec, celui qui se sert des moyens de l’Etat pour promouvoir sa formation politique et confisquer le pouvoir, le plus longtemps possible, les acteurs de l’opposition laissent maladroitement l’ombre pour la proie.
De l’Alliance nationale pour le changement (Anc) de Jean-Pierre Fabre aux Forces démocratiques pour le renouveau (Fdr) de Dodzi Apevon en passant par l’Union des Démocrates Socialistes du Togo (Uds-Togo) d’Antoine Folly, les communiqués se suivent et se ressemblent pour dénoncer ce qu’ils appellent «le diktat de Mgr Kpodzro».
Si le Parti orange n’entend point céder en maintenant toujours dans la course la candidature de M. Fabre, les deux autres Fdr et Uds-Togo, à l’image de l’opposition togolaise, jouent à un cirque politique qui paraît très dangereux pour le Togo démocratique. Ceci, en optant pour une consigne de vote ambiguë.
En effet, ne pas choisir, c’est choisir, dit un adage. En laissant la latitude aux militants et sympathisants de choisir un candidat de l’opposition de leur choix, Me Apevon et Antoine Foly, non seulement fuient leurs responsabilités, car incapables d’assumer leur choix, mais expriment aussi tristement leur inconstance, mieux leur soutien voilé au régime de Lomé.
Car, un homme politique, un vrai, est celui qui assume ses choix, bons ou mauvais. Et c’est tout le mérite qu’on peut concéder à Jean-Pierre Fabre qui, au-delà de se cacher derrière des subterfuges, tient droit et solidement dans ses bottes pour assumer sa candidature au risque d’empêcher les réelles chances de l’alternance.
Tout le contraire pour les Fdr et Uds-Togo qui jouent à la mesquinerie pour apporter, sciemment ou inconsciemment, leurs soutiens au régime de Lomé qu’ils prétendent pourtant combattre. Car, dans la situation politique actuelle du pays, ne pas choisir, c’est donner plus de largesse à Faure qui a déjà l’industrie de la fraude à son actif.
L’éternel problème de l’opposition…
Une situation qui fait revivre l’histoire politique du Togo qui, malheureusement, est en passe de se réécrire sous nos yeux, 30 ans après. Ceci, quand, en 1993, l’égo, le mépris, la haine, la délation, la médisance et l’esprit du «moi» ont fait rater le bus de l’alternance, du moment où Gilchrist, l’opposant charismatique et adulé a, du haut de sa popularité et de son arrogance, maladroitement refusé de soutenir Edem Kodjo pourtant en bonne voie pour battre Eyadema, pendant que ce dernier était sérieusement mis en difficulté et affaibli politiquement.
Trois décennies plus tard, l’histoire tend à se répéter avec le feuilleton Fabre – Agbeyome qui, de tout point de vues, porte les germes non seulement d’échec au prochain scrutin, mais aussi d’autodestruction de l’opposition au travers de l’émiettement des voies de l’opposition. Ce, sans oublier le jeu trouble de certains candidats dits de l’opposition qui, en réalité, sont loin de l’être…
C’est à se demander si l’opposition togolaise sait vraiment tirer leçon du passé, en ce sens que rien ne semble démontrer une réelle prise de conscience des acteurs à œuvrer inlassablement pour l’alternance politique, même au prix du sacrifice.
Malheureusement, tout semble dire que le système qui régente le pays est encore bien parti pour rester. Et ce, par la faute à une opposition plurielle aux ambitions multiples et le plus souvent inavouées. Encore que la Presse qui devra servir d’éclaireur par des analyses objectives en rajoute aussi à la confusion. Une sorte de jeu malsain d’une partie de la presse qui, bien que se réclamant du peuple en lutte, joue à l’intoxication et à l’intolérance.
Fraternité
Source : Togoweb.net