Dans une publication récente, Gerry Taama, figure politique togolaise, propose une réflexion approfondie sur la situation politique et économique de certains pays africains. Il déplore le recours récurrent aux coups d’État et aux idéologies révolutionnaires, affirmant que ces actions ne mènent qu’à des impasses et des régressions pour les nations concernées. Il souligne également le rôle crucial de la lutte contre la corruption et de la production agricole dans le développement économique de l’Afrique. Il appelle à une prise de conscience collective pour bâtir un avenir plus prospère et autonome pour le continent. Malgré les critiques qu’il sait susciter, Gerry Taama continue de défendre ses idées avec conviction et ouverture au débat.
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J’ai volontairement choisi de faire un peu de pédagogie sur certains sujets qui agitent le continent. Les néo-panafricanistes vont encore venir verser leur fiel ici mais j’en ai l’habitude. Le seul problème avec ces personnes, c’est le manque d’arguments en dehors des lieux communs habituels. Si tu es contre les coups d’état, c’est que tu es pour la France. Qui me calcule en France même ?
Alors, que va-t-il se passer ? Rien, en dehors de ce qui se passe toujours après les coups d’état. Un autre militaire va faire un second coup d’état parce qu’il n’est pas content, ceci jusqu’à ce qu’un autre en fasse pour organiser des élections ouvertes à tous. Et les hommes politiques qu’on avait écarté vont revenir au pouvoir, et vont reprendre les choses exactement là où elles étaient restées.
Je le dis et je le répète, tant que l’Afrique ne fait pas comme les pays d’Asie du sud-est, en se mettant au travail, en développant l’agriculture, moteur de l’industrie, tous les coups d’état et toutes les idéologies révolutionnaires ne serviront à rien.
Depuis 1950, on a recensé dans le monde 486 coups d’état, dont 214 rien qu’en Afrique. 106 ont réussi, par conséquent si les coups d’état garantissaient le développement et la paix, il y’a longtemps qu’on y serait. Le Burkina Faso est à son 9eme coup d’état dont 8 réussis. Le Mali à son 8eme dont 5 réussis. Le Niger à son 7eme dont 5 réussis, la Guinée à son 6ème dont 3 réussis, le Soudan à son 17eme dont 6 réussis, et le Tchad à son 7eme dont 2 réussis. Il y’a par conséquent rien de nouveau que nous n’ayons jamais expérimenté.
La vérité est que tous ces pays appartiennent au groupe des pays les moins avancés, qui ne peuvent malheureusement pas survivre sans les aides publics au développement (crédits et dons), sauf à lutter contre la corruption et à produire suffisamment. A titre d’exemple, en 2021, le Burkina Faso à reçu en aide public au développement environs 1200 milliards de Fcfa, alors que le budget était de 2400 milliards environs, soit la moitié. Aucun de ces pays, le notre aussi est dedans, ne peut malheureusement survivre sans ces aides. Pour vous faire une idée, allez simplement sur Google taper « aide publique au développement Mali 2023 » pour découvrir la liste des projets engagés rien que cette année à l’endroit du Mali. C’est la même chose que pour le Burkina Faso. C’est la triste réalité.
Donc les coups d’état réduisant l’aide publique au développement et surtout les Ide, la situation devient si critique que les militaires finissent indirectement par lâcher le morceau, mais après avoir fait reculer le pays de 10 ans.
Il et aujourd’hui très difficile de faire de l’isolationnisme dans un monde imbriqué, surtout quand la corruption règne et la production des biens ne suit pas. C’est pour toutes ces raisons qu’aucun des pays ayant fait des coups d’états ne quittent ni la Cedeao, ni le franc cfa. S’ils étaient cohérents avec leur discours. Ils l’auraient fait. En début de ce mois de juillet 2023, le Mali a lever dans l’espace Uemoa 275 millards de francs cfa, ceci grâce aux interventions de Ouatara et de Bazoum, qui ont milité pour un assouplissement des conditions d’éligibilité. Tout ceci est normal, et se passe dans tous les pays, sauf quand vous passez les présidents des ces pays comme des laquais des impérialistes. C’est la réal politique, que malheureusement on ne crie pas sur tous les toits.
Certains pourront dire que désormais il y’a la Russie, pour laquelle le jeune capitaine burkinabè veut travailler en tournant le dos aux traditionnels partenaires. Sauf que malheureusement, la Russie donne peu pour l’aide publique au développement, environs 1,5 milliards USD par par an, et ça majoritairement vers les anciens pays du bloc de l’est et l’Asie. La Guinée est l’un des rares pays africains ayant bénéficié de l’aide de la fédération de russie. Les russes vendent les armes, qu’ils fournissent facilement en avance en laissant payer plus tard, mais ne font pas appui budgétaire ni de subventions. Ce n’est pas leur truc. D’ailleurs, ‘es gens ont mal compris Poutine la dernière fois, il a dit qu’il va livrer 25 à 50 000 tonnes de céréales à certains pays africains, et seulement le transport sera gratuit. Vos histoires d’aide là, Poutine n’est pas dedans. Bref.
Pour moi le pays africain dont on devrait s’inspirer est l’Éthiopie. C’est aujourd’hui le pays le plus florissant, malgré une guerre contre un ennemi bien équipé et en grand nombre. Les troupes du tigré étaient arrivées à portée de canon d’Addis Abeba. Personne n’a fait un coup d’état pour justifier la situation. Le militaires se sont battus et ont repoussé l’ennemi. Leur président, un ancien militaire, est venu au pouvoir par les urnes. Et c’est ce que je soutiens. Tu es militaire, tu veux devenir président, démissionne et présente toi. Prendre les armes payées par l’argent du contribuable pour venir au pouvoir est une escroquerie existentielle. Bref.
Donc, pour moi tous ces coups d’état ne sont que la répétition de ce que nous avons tous connu. Les discours révolutionnaires ne sont que des mises en scène. Je l’ai dit depuis le début ici. Ce qui serait cohérent pour les pouvoirs maliens et burkinabè serait de sortir de la Cedeao et du francs cfa, car ceux qui sont dans ces systèmes sont des laquais des impérialistes. Que Ibrahim Traoré suspende tous les programmes d’aide au développement qu’il reçoit des pays occidentaux et il y aura de la cohérence.
Mon programme politique à moi est simple et repose sur trois piliers. Développement de la production agricole, transformation locale par l’industrie et transfert de technologies pour le secteur tertiaire avec pour objectif de réduire le chômage en attirant les Ide. Et durant toute cette phase, toute personne qui veut m’appuyer, je prends, tant que la contrepartie n’est pas une perte de souveraineté. Mais la souveraineté passe par l’autonomie. Celui qui te donne la moitié de ton budget a de l’influence sur toi, alors même qu’une lutte contre la corruption te permettra déja de combler un quart de ce budget.
On ne nous manque pas de respect parce que nous sommes pauvres, mais plutôt parce nous sommes les fossoyeurs de nos richesses.
Donc on va attendre tranquillement que tous ces systèmes s’écroulent et que les militaires partent en exil, après avoir affaiblit leurs pays. Mais Dieu, nous pourrions éviter tout ceci. On dit que l’Afrique est le berceau de l’ humanité, il est peut être temps que nous sortions de ce berceau. Non ?
C’est dimanche, je me repose et je répondrai à vos commentaires qui font office de débat. Mais vous êtes prévenus, ceux qui viennent insulter sont bannis. Je n’ai pas du temps à perdre.
Commentons vivants.
Gerry
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Source : Togoweb.net