Observation électorale : « Espérance pour le Togo » juge « inacceptable » et « insupportable » les arguments de Boukpessi

0
658
Observation électorale :

Le sujet à l’ordre du jour sur le plan politique depuis la fin de la semaine dernière reste le refus, par le gouvernement, de permettre aux organisations de la société civile d’observer les élections municipales qui se sont déroulées le dimanche 30 juin dernier. le mouvement Forces Vives « Espérance pour le Togo » monte au créneau et fustige les arguments fallacieux développés par le ministre de l’Administration territoriale, de la Décentralisation et des Collectivités locales, Payadowa Boukpessi. Lire la réaction du mouvement.

MESSAGE DE PROTESTATION DU MOUVEMENT ESPERANCE POUR LE TOGO

NOUS N’ACCEPTONS PAS !

Non nous n’acceptons pas la réponse qui a été donnée à la demande d’accréditation d’observateurs de la Commission Episcopale Nationale Justice et Paix (CEJP) et de l’ACAT (Action Chrétienne pour l’Abolition de la Torture) associée à la CNSC (Concertation Nationale de la Société Civile). Nous n’acceptons aucun des deux arguments utilisés : les sources de financement et la partialité des demandeurs.

Commençons par les sources de financement qui constitueraient une « préoccupation » pour les autorités. Que signifie cette préoccupation ? Que ces autorités auraient droit de regard sur la manière dont des associations privées comptent rémunérer leurs observateurs ? Au nom de quoi ce droit de regard ? Et les autres observateurs que les autorités convoquent pour ces élections, comment sont-ils rémunérés ? Ce sont les citoyens qui devraient plutôt poser la question des fonds utilisés pour la campagne, alors que les candidats de la majorité, ne se privent pas d’utiliser les moyens de l’État comme les voitures gouvernementales (payées avec l’argent des contribuables !), ce qui est interdit par l’article 72 du code électoral !

5000 observateurs pour l’ACAT (et la CNSC) et la CEJP, les autorités trouvent que c’est un nombre trop important. Combien de bureaux de vote y a – t-il sur le territoire national ? Plus de 8000, alors Combien d’observateurs par bureau de vote alors, moins d’un ? Pour nous membres de la société civile, c’est largement insuffisant. Les autorités savent-elles que la société civile aurait pu trouver des milliers d’observateurs bénévoles, des hommes et des femmes de bonne volonté, mus par le souci de la vérité et non par l’appât du gain.

Les autorités peuvent-elles faire une telle intolérable ingérence dans la vie des associations privées : ont-elles détourné des fonds publics ? Et si elles ont trouvé des bailleurs de fond, en quoi cela regarde-t-il les autorités ?

NON ! NOUS N’ACCEPTONS PAS L’ARGUMENT DU FINANCEMENT !

Fédérer les énergies et les efforts des organisations de la société civile pour bâtir un Togo nouveau Et qu’en est-il de la neutralité ? Selon les termes des autorités ministérielles, les associations incriminées auraient « affiché des positions partisanes au cours des débats sur différentes questions d’intérêt national ». Et donc ne présenteraient pas le caractère de neutralité exigible d’un observateur.

Il est temps de revenir sur cette question de neutralité toujours évoquée à propos de la société civile.

La neutralité signifie-t-elle absence de prise de positions sur la manière de conduire les affaires d’un pays ? Prendre position est un droit de tout citoyen et donc des organisations de la société civile. Et prendre position ce n’est pas nécessairement une position partisane car on peut prendre position au nom du droit ou de principes comme la vérité, la liberté, la justice ! Malheureusement, il semble qu’au Togo, l’argument de la neutralité devienne un moyen de réduire au silence la société civile lorsqu’elle ne s’aligne pas de manière, partisane justement, sur les positions du parti au pouvoir !

En effet, qui peut être qualifié de partisan, le ministre membre du parti au pouvoir, parti qui s’aligne pour les élections en cours ? La CENI contrôlée par le parti au pouvoir ? Ou les associations de la société civile qui demandent juste à déployer des observateurs ? En quoi ceux qui ont observé sont- ils plus neutres que CEJP, ACAT CNSC ?

NON ! NOUS N’ACCEPTONS PAS L’ARGUMENT DE LA NEUTRALITÉ !

La présente prise de position de notre part ne s’explique pas seulement par le fait que la CEJP fait partie de notre mouvement Espérance pour le Togo, mais par le fait qu’il est inacceptable que le Gouvernement croit qu’il peut utiliser n’importe quel argument, n’importe quel procédé pour mettre hors-jeu les personnes physiques ou morales qui ne s’alignent pas sur ses positions! C’est insupportable et inacceptable !

Si la transparence était un des principes de ces élections pourquoi va-t-il utiliser des procédés innommables pour empêcher la société civile de jouer son rôle de veille citoyenne ? Et n’est-ce pas vraiment honteux pour lui de manquer d’assurance au point d’envoyer un courrier un vendredi soir après 19h, pour des élections se déroulant le dimanche suivant, pour annoncer un refus d’accréditation d’observateurs, enlevant toute possibilité de recours à son interlocuteur ?

En fonction de ce refus de l’inacceptable, nous serons du côté de la CEJP, dans toutes les actions qu’elle entreprendra pour répondre à ce traitement injuste et inique, notamment l’exploration de toutes les voies légales. Pour nous il ne s’agit même pas de la personne du ministre qui est à l’exécutant de ce traitement, mais de démontrer la mauvaise foi dont est capable le système en place. C’est pourquoi nous publions cette protestation et la diffusons le plus largement possible.

Pour cela nous nous adressons aux citoyens car s’il en est ainsi pour les élections locales, le Gouvernement ne montre-t-il pas déjà ce qu’il va faire en 2020 ?

CITOYENNES ET CITOYENS TOGOLAIS, NOUS VOUS EN APPELONS. DISONS NON À L’INACCEPTABLE !

Fédérer les énergies et les efforts des organisations de la société civile pour bâtir un Togo nouveau En effet, car comme le dit Desmond TUTU, « Si tu es neutre en situations d’injustice, tu as choisi le parti de l’oppresseur ». Ne choisissons pas d’être du côté de ceux qui nous étouffent en restreignant jour après jour notre droit à la parole.

Le Mouvement des Forces Vives Espérance pour le Togo qui proteste contre le refus d’accréditation des observateurs de la CEJP, prend acte de la libération des citoyens, qui exerçant leur droit de contrôle, ont, cependant, arbitrairement passé une nuit en détention après avoir été arrêté à leur domicile.

Donnons raison à Stéphane HESSEL, qui en 2010, à 93 ans disait : « A ceux qui feront le 21ème siècle, nous disons notre affection : CREER C’EST RESISTER, RESISTER C’EST CREER. »

Fait à Lomé, le 01 Juillet 2019

Pour la coordination

Maryse QUASHIE

3 è Porte-parole du Mouvement Espérance pour le Togo

Source : www.icilome.com