« Il faut battre le fer quand il est chaud et la crème quand elle est fraîche » (Pierre Dac)
Après le Mali, la Côte d’Ivoire, la Guinée, la Guinée-Bissau, le Tchad…le Togo va-t-il s’improviser méditateur au Burkina Faso ? Le chef de la diplomatie togolaise, Robert Dussey, bras droit de Faure Gnassingbé dans les médiations sur le continent, a effectué mercredi « une visite de travail » à Ouagadougou où il était porteur d’un message de Faure Gnassingbé aux autorités de la transition.
Parallèlement, Robert Dussey s’est entretenu avec son homologue burkinabé, Olivia Ragnaghnewendé Rouamba, ministre des Affaires étrangères, de la coopération régionale et des Burkinabé de l’extérieur.
«Au cours de leurs échanges, les deux ministres ont souligné la nécessité pour l’Afrique d’accroître ses capacités endogènes en vue d’une prise en charge efficace de ses problèmes, ainsi que celle pour les pays, conformément à leurs engagements internationaux, de privilégier les moyens et mécanismes pacifiques et diplomatiques de résolution de leurs différends», précise le communiqué qui a sanctionné la rencontre.
Cette visite de Robert Dussey à Ouagadougou intervient seulement 48 heures après que les autorités burkinabés ont demandé à la France le retrait sur son sol des troupes fançaises, notamment le contingent de 400 commandos de la force Sabre engagés depuis quelques années dans la lutte anti-djihadiste au Sahel. Le timing semble parfait.
Comme on peut le voir les relations entre le Burkina Faso et l’ancienne puissance coloniale la France ont pris un énorme coup de froid, même si à Ouagadougou on tente de temporiser, en estimant que la rupture diplomatique avec la France n’est pas engagée et que la notification concerne uniquement les accords de coopération militaire. Mais dans la foulée de cette décision, Paris a rappelé son ambassadeur.
Le Togo va-t-il s’engager dans une facilitation entre le Burkina Faso et la France ? Officiellement, le sujet n’est pas explicitement abordé en ces termes. « Le Togo et le Burkina Faso partagent une même frontière et les liens séculaires entre nos deux pays sont très forts. Nous sommes venus rassurer le président de la Transition et la ministre des Affaires étrangères, au nom du président de la République togolaise, Faure Gnassingbé, que le Togo reste toujours disposé aux côtés du Burkina Faso et soutenir le peuple burkinabé pendant cette période de transition », a précisé Robert Dussey à sa sortie d’audience.
Quand on parle de « soutien du Togo à la transition », on peut se demander pourquoi seulement maintenant. Le timing n’est pas anodin. Quoi qu’il en soit, le Togo a plus intérêt que la relation se normalise entre le Burkina et la France. Robert Dussey l’a rappelé, le Togo partage sa frontière avec le Burkina Faso. Pas que. Les terroristes, à travers cette frontière, mènent de réccurentes incursions au nord du Togo où ils commettent des attaques meurtrières. Le Togo compte ses morts presque chaque semaine.
Contrairement aux énormes moyens autant financiers que logistics mobilisés par le Togo pour les diverses facilitations au Mali, en Côte d’Ivoire, en Guinée, en Guinée-Bissau, au Tchad, avec des politiques de prestige qui sont plus au bénéfice personnel du chef de l’Etat togolais qui visait à soigner son image de parrain dans la sous-région, histoire de s’attirer les bonnes grâces de la communauté internationale, une médiation dans ce contexte au Burkina Faso serait beaucoup plus profitable au pays meurtri par les attaques terroristes.
Médard Ametepe
Source: Liberté / libertetogo.info
Source : 27Avril.com