Nouvel exécutif : Objectif 2020 ?

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Nouvel exécutif : Objectif 2020 ?


Jeudi 22 Janvier 2018, le Président de la République a nommé le Premier ministre et les membres du nouveau gouvernement. C’est un exécutif de 26 ministres qui a été présenté. On note l’absence dans l’équipe de grands noms qui ont toujours été reconduits jusque-là, depuis près de 10 ans. Une nouvelle qui semble avoir en ligne de mire 2020.

Remaniement…

Trois semaines après avoir rendu sa démission, Komi Selom Klassou, a été reconduit au poste de Premier Ministre par le Chef de l’Etat, Faure Gnassingbé jeudi dernier et ce, après moult spéculations. Komi Selom Klassou dirigera cette fois-ci une équipe de 26 ministres. 10 nouvelles entrées sont à signaler dans la nouvelle équipe : celles de Kodjo Adedze, Taïrou Babiègue, Demba Tignokpa, Zouréatou Tchakondo-Kassa Traoré, Koffi Akpagana, Olatokoun Wonou David, Kossivi Egbetonyo, Kanfitine Issa Tchede et Christian Trimua qui revient comme ministre des Droits de l’homme chargé des relations entre les institutions de la République, puis Foli Bazi Katari au portefeuille de la Communication, des Sports et de la formation civique. Il faut également souligner que les ministres de l’Economie et des Finances, de la sécurité, des Affaires étrangères, de la Fonction publique, du Développement à la base ou encore de l’Economie numérique sont reconduits à leurs postes.

Enseignement I : Les ministres à scandales out…

Comme susmentionné, certains ministres ont perdu leur place dans le nouvel exécutif après une décennie passée au sein du gouvernement. Et c’est ici qu’il convient d’analyser les choix des entrées et sorties opérées par Faure Gnassingbé dans la composition de sa nouvelle équipe exécutive.

Au registre des sorties : Le premier, Ninsao Gnofam, a fait son entrée au gouvernement le 15 septembre 2008 en tant que Ministre de la Fonction Publique et de la Réforme Administrative jusqu’au 31 mai 2010. Il est ensuite Ministre des Transports du 31 mai au 1er août 2012 puis Ministre des Travaux Publics du 1er août 2012 au 18 septembre 2013. Il est reconduit à la tête de ce département d’abord, en tant que Ministre des Travaux Publics et des Transports du 18 septembre 2013 au 30 juin 2015 et ensuite Ministre des Infrastructures et des Transports depuis le 30 juin 2015.

Mais au fil des années, celui qui était jusqu’à sa nomination un cadre de banque, notamment de la Banque togolaise de développement (BTD, aujourd’hui Orabank) a été cité dans plusieurs scandales financiers dont le plus spectaculaire reste, à ce jour, les fonds alloués pour la construction de la route Lomé-Vogan-Anfoin. On parle de la disparition de la coquette somme de 26 milliards de FCFA sur les 36 milliards prévus pour la réhabilitation de cette voie. Il y a six mois, alors qu’il était encore ministre des Infrastructures et des transports, M. Gnofam a indiqué que cela n’a pas été un plaisir pour le gouvernement à ce que les choses se soient déroulées de cette façon dans la construction de cette route. Concernant la disparition des fonds, le natif de Bassar expliquait qu’il n’y ait aucunement question d’un quelconque détournement.

Outre, l’affaire de la route Lomé-Vogan-Anfoin, le nom du désormais ex-ministre a été cité par la presse dans d’autres affaires de malversations financières. Et visiblement, les polémiques ont fini par emporter Ninsao Gnofam qu’on a pris soin de remplacer par une dame, Mme Kassa qui avait pour charge le contrôle de la Qualité dans les passations de marchés.

Le second, Prof. Octave Nicoué Kuété Broohm, a fait sa première entrée au gouvernement en 2008 en tant que ministre du Travail, de l’emploi et de la Sécurité Sociale et ce jusqu’en 2013. L’ancien syndicaliste prendra ensuite le portefeuille de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche. Cet enseignant de Philosophie n’est pas non plus épargné par des scandales. On peut, entre autres, citer l’affaire de fausses bourses à l’étranger octroyées à des étudiants au nom d’un partenariat bidon introduit par une ONG des moins crédibles nommée Oapec. Mais selon une source proche de la présidence, le départ de Nicoué Broohm du gouvernement est surtout dû à la prise de position de son parti dans la crise politique que connait le pays depuis août 2017. Francis Ekon, le leader du parti Convergence Patriotique Panafricaine (CPP), dont Nicoué Broohm est l’un des cadres, a laissé entendre que l’idéal est de voter les lois et penser à son applicabilité après. « La candidature de Faure Gnassingbé en 2020 sera un problème politique à régler après. Pas nécessairement avec des discussions dans la rue », a-t-il souligné. Une prise de position floue qui n’a pas été du goût de certains caciques du pouvoir de Lomé qui, selon certaines sources, ont conseillé au Chef de l’Etat de faire désormais sans le CPP. Et cette thèse aura été renforcée par la position tranchée que l’ex mentor de Broohm, celui-là même qui l’a mis à la disposition de Faure, l’ancien Premier ministre Edem Kodjo qui a carrément pris position contre la candidature du fils d’Eyadema en 2020.

Outre ces deux ministres, le Chef de l’Etat s’est également passé des services du Col Koura Agadazi, qui a montré ses limites à coordonner certains projets vitaux pour l’épanouissement des populations rurales, particulièrement les agriculteurs. Il est remplacé par l’un de ses anciens « subordonnés », Bataka Koutera qui était chargé de coordonner le projet MIFA. Une petite humiliation pour ce militaire dont le goût pour la nuisance et les règlements de comptes a fini par le rattraper. Il y a également eu changement au ministère de la Communication, des sports et de la formation civique. Le très contesté Guy Madjé Lorenzo a pris la porte. Il est à retenir que ce ministre a plus nuit au sport roi qu’il ne l’a aidé, au point de pousser le journal FRATERNITE, à publier en manchette qu’il est « Le cœur du problème du Sport roi ». C’est à Foli Bazi Katari que le poste est désormais confié.

Toutefois, le choix de ce natif de Sokodé n’est certainement pas anodin. Quand on sait que durant la crise politique, cette ville du centre Togo a joué un rôle prépondérant dans la mobilisation contre le régime de Faure Gnassingbé. En limogeant Ouro-Koura Agadazi qui est également natif de cette ville. On se souvient l’impopulaire et ombrageux Colonel Ministre n’avait pas hésité à traiter « ses propres frères » de tous les noms. Foli Bazi Katari est remplacé par un homme assez populaire et qui préside le club de football de la ville. On comprend que le pouvoir de Lomé cherche, sans aucun doute, à retrouver des couleurs dans une localité où il a totalement perdu le contrôle. Foli Bazi ajouté à un certain Atcha Dédji Affoh vice-président du parti présidentiel, qui a largement remué le terrain depuis Décembre 2017 jusqu’ici réussiront-ils à faire rebrousser chemin la vague rouge du Pnp avec tous ces morts accumulés dans les placards et ce, pour rien?

Enseignement II : Fédérer pour 2020…

Les élections présidentielles de 2020 représentent un enjeu majeur pour le parti au pouvoir. A cet effet, il cherche par tous les moyens à rassembler ses forces pour ne laisser aucune chance à l’opposition. Une opposition qui a suffisamment démontré sa capacité de mobilisation à travers les différentes manifestations. Pour ce faire, le parti de Faure Gnassingbé use de tous les stratagèmes : implication des jeunes des instances dirigeantes du parti, mis en quarantaine des certaines personnalités, opération de charme dans les régions, promotion de la femme, responsabilisation des personnes directement impliquées dans le dénouement de la crise politique etc. Aucune place n’est laissée au hasard à un an de ces élections présidentielles. D’ailleurs l’un des slogans scandés par certains membres du parti depuis le début de l’année est : 2020, c’est maintenant. Tout est dit !

En somme, l’objectif assigné au nouvel exécutif est d’œuvrer pour une victoire du parti au pouvoir en 2020. Surtout qu’à ce stade, tout semble montrer que Faure Gnassingbé ne renonce pas encore à être candidat pour un quatrième mandat.

Source : www.icilome.com