Par Serge Lemask, togo-online.co.uk
Cher Monsieur Christophe Tchao, il y cinq jours, nous vous avons suivi, président du groupe parlementaire UNIR, le parti toujours au pouvoir, dans une intervention sur la situation sociopolitique actuelle du Togo. Dans votre discours que vous avez tenté d’enrober d’un ton d’apaisement qui nous a fait rire, nous autres qui vous connaissons, vous et vos collègues, vous avez prononcé une phrase courte, une de ces terrifiantes phrases qui, malgré leur simplicité, cachent une fourmilière de non-dits : « Si ce pays prend feu, ça prend feu avec tous ses habitants. »
Monsieur Tchao, aussi diversifiées et complexes que soient les histoires des peuples, on n’a jamais vu un peuple décider, avec joie, de mettre feu à son pays. Les pays ont toujours pris feu parce qu’il y a parmi le peuple un groupe d’individus cyniques, des ogres aux desseins lugubres, aux ambitions démesurées, aux ventres profonds. Et, ces ogres, Monsieur Tchao, dans notre pays, ce sont les membres de votre régime familial cinquantenaire.
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C’est vous, Monsieur Tchao, vous et votre bande, qui n’avez pas hésité à incendier ce pays en 2005 quand vous avez décidé de nous imposer le fils d’un dictateur, une calamité nationale nous ayant terrorisés, affamés et humiliés pendant 38 ans. C’est vous qui avez fourni des armes, des machettes, des gourdins cloutés… à vos policiers, militaires, gendarmes et miliciens pour exterminer ce peuple qui ne voulait pas de votre héritier. Nous connaissons tous le résultat : plus d’un millier de Togolais assassinés, des milliers mutilés ou envoyés en exil…
Une fois rassurés que vous avez gardé le pouvoir, votre Graal, vous êtes venus vers nous nous promettre que plus jamais vous ne mettrez feu au pays, et vous avez initié un carnaval agrémenté de mots pieux dont vous ne connaissez pas le sens comme « pardon », « justice », « réconciliation »… Nous ne vous avons jamais crus.
Vous voilà de nouveau prêts à enflammer ce pays, parce que le peuple veut simplement le retour d’une constitution qu’il a votée à 97% et à laquelle votre feu chef a tordu le cou pour ses intérêts personnels. Vous ne disiez pas vraiment « Si ce pays prend feu… », mais plutôt « Si nous mettons encore feu à ce pays… » Parce que c’est vous seuls qui êtes capables de brûler votre propre pays chaque fois que vous sentez le pouvoir et vos privilèges vous glisser des mains.
Mais, rassurez-vous, cette fois-ci, le Togo ne brûlera pas de vos mains. Nous ne vous laisserons plus brûler notre pays, le pays de nos pères, le pays de nos enfants. Nous sommes désormais prêts à le défendre de ses pyromanes. Et même si brûler définitivement ces derniers pour que plus jamais notre pays ne coure le risque d’être brûlé est l’ultime solution, eh bien, nous le ferons, les larmes aux yeux, mais avec dignité.
David Yao Kpelly
Togo-Online.co.uk