Nicolas Lawson : « Si les soldats sortent et tirent sur la population qui manifeste, alors le Chef de l’Etat est le principal responsable »

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Le président du Parti du renouveau et de la rédemption, Nicolas Lawson, revient ce jeudi avec un autre manifeste dont copie est parvenue à Rédaction. « En plus, l’actuel Chef de l’Etat est aussi le Ministre de la défense nationale. En conséquence, si les soldats sortent et tirent sur la population qui manifeste, alors le Chef de l’Etat est le principal responsable. Nul n’a donc le droit d’attaquer l’armée. C’est aussi de la bêtise humaine de dire que c’est une bavure quand des soldats tirent à balles réelles dans la foule pour tuer ou blesser », écrit-il dans ce document qu’il adresse à l’opposition et au pouvoir dont la gouvernance finit par paralyser le pays. Lisez plutôt !

Manifeste du PRR pour le réarmement moral

La faillite est entrain d’accabler notre chère patrie. Notre peuple souhaite un changement radical dans la gouvernance de l’Etat. Malheureusement, l’opposition togolaise est dans une compromission invariable, dans le ravaudage et se ravilit de plus en plus. Comment peut-on dénoncer une cour constitutionnelle pour sa proclamation répétée de résultats électoraux frauduleux puis, quand il s’agit de son intérêt partisan et narcissique, solliciter cette même cour pour l’amener à légitimer l’Assemblée nationale afin qu’elle se substitue au peuple pour opérer une réforme constitutionnelle bancale ? Quel malheur pour notre peuple !

Pour notre infortune, il se fait qu’il n’y a pas actuellement à la direction du pays une autorité suprême, légitimée par son caractère et appuyée par la confiance du peuple. L’Etat est devenu la proie des fractions politiques, sociales, tribales, divergentes et dévorantes, qui le dominent, le pillent, l’abaissent et finissent par le paralyser. Il faut sans délai une révolution culturelle, politique et impérieusement sociale sans des sauvegardes de réformes profondes et complètes. La carence du gouvernement actuelle et sa corruption devant le péril public sont effrayantes. Dans ce genre de cas, soit le Chef de l’Etat en place se consacre comme le recours ou soit il se fait dégager. Puisque l’intérêt supérieur de la patrie a, au-dessus de tout et à tout moment, son instrument et son répondant en la personne du Chef de l’Etat ou dans le peuple. Il est donc évident que ce sont ceux qui peuvent donner à la République une tête organique et imposer les transformations profondes que les circonstances dramatiques exigent.

L’ancien Président Barack Obama avait tort de proclamer qu’il faut des institutions fortes et non des hommes forts. Quand il s’agit de nations en banqueroute et de nations en formation avec des populations majoritairement analphabètes, il est évident qu’en aucun domaine et nulle part ce que l’infirmité du Chef a, en soi, d’irrémédiable ne saurait être compensé par la valeur de l’institution. C’est la leçon que le Général De Gaulle avait tirée du désordre et de la décadence de la 4è République en France. Aujourd’hui au Togo, la qualité de notre peuple se consume dans l’impuissance de son Chef devant la minorité criminelle, qui l’a pris en otage et nous entraîne vers le chaos.

Il est urgent que le peuple togolais se mobilise pour arracher l’Etat aux désordres des partis politiques et du gouvernement en place. L’instinct de conservation tient en haleine ces factions politiques. Leurs animateurs s’illusionnent et cherchent à se substituer au peuple pour proposer des réformes politiques d’incomplétude et sans un changement radical. Ce sera une nouvelle traîtrise. Leurs propres divisions et leurs surenchères se renforcent et se conjuguent pour favoriser la chienlit dans le pays. Leurs fiefs politiques font de temps en temps trêve à ce qui les divise mais ils parviennent à l’approche des élections à nouer de nouvelles conjurations pour ouvrir la crise latente et destructrice depuis 1990.

Notre peuple, dans sa majorité, ne fait plus confiance aux partis politiques ni au pouvoir en place. Le drame national que nous vivons a donc pour cause première leur incapacité à s’entendre pour faire cesser la crise et pour travailler ensemble pour le redressement national. Exploitant la faculté d’oubli des clientèles électorales, de plus en plus minoritaires, ils reparaissent chaque fois bardés de prétentions et d’exigences proportionnées à leur discrédit et à leur inculture. Ils se dispersent alors en tendances verbeuses et s’agitent dans des manifestations vaines et funèbres. Quand est-ce qu’ils comprendront qu’il n’y a pas de salut en dehors de l’expression libre du peuple et de son consentement ? C’est seul le peuple togolais, en ce moment difficile, qui doit trancher dans ce qui est essentiel à son destin. Pour cela, nous appelons le Chef de l’Etat à mettre en place une commission constituante consensuelle avec l’opposition, à dissoudre la CENI actuelle, à recomposer la Cour constitutionnelle, à mettre en place le Conseil Economique et Social et le Sénat. Nous sommes persuadés qu’il faut incontestablement composer un gouvernement de salut public avec des patriotes compétents et intègres.

Pour abréger le combat politique destructeur et d’usure entre les opposants professionnels et le pouvoir en place, qui dure depuis 1990, nous devons comprendre et accepter les principes républicains et démocratiques. Le Chef de l’Etat est le Chef suprême des armées. En plus, l’actuel Chef de l’Etat est aussi le Ministre de la défense nationale. En conséquence, si les soldats sortent et tirent sur la population qui manifeste, alors le Chef de l’Etat est le principal responsable. Nul n’a donc le droit d’attaquer l’armée. C’est aussi de la bêtise humaine de dire que c’est une bavure quand des soldats tirent à balles réelles dans la foule pour tuer ou blesser. Il est temps que les politiciens togolais mettent un terme à leur dégénérescence et à leurs errements criminels. Le PRR présente ses condoléances attristées à notre frère qui était tué le 28 Février 2017 et partage la douleur des blessés et de leurs familles.

Je rappelle que le Référendum est un acte de pouvoir souverain. Il rend droit et hommage au peuple. Nul n’a le droit de l’en déposséder au profit d’une Assemblée nationale. Ce serait à nouveau une intolérable usurpation. Nous sommes contre ceux qui ont révisé la constitution de 1992 et nous serons contre ceux qui voudront réviser la constitution actuelle sans passer par le Référendum. Du point de vue de l’esprit aussi bien qu’à celui du cœur, chacun doit savoir qu’une interprétation contraire ne peut qu’être néfaste à l’Etat et funeste pour le Togo. Le salut ou le naufrage de notre patrie ne dépend que du Chef de l’Etat ou du peuple. Prions pour que ce qui est juste et bon se décide pour fixer le pays, assurer la République et dégager l’horizon de tout désastre. La conjoncture est très mauvaise et nous sommes inquiets pour l’avenir de notre pays. Que Dieu Tout-Puissant nous protège, nous inspire et balise notre route.

Fait à Lomé : le 9 Mars 2017

Nicolas LAWSON
Président du PRR

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