Niamey « sonne le glas » des règnes illimités en Afrique : Cas du Togo.

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Niamey « sonne le glas » des règnes illimités en Afrique : Cas du Togo.

Sur l’initiative du National Democratic Institute (NDI) et de ses partenaires, les anciens Chefs d’Etats ainsi que les membres de la société civile se sont réunis du 02 au 04 octobre 2019 à Niamey, la capitale du Niger en faveur du constitutionnalisme, de la limitation des mandats présidentiels et du transfert pacifique du pouvoir.

Le Togo, c’est connu de tous est dirigé depuis plus de 50 ans par une seule famille caractérisée par le refus systématique de transfert de pouvoir en connivence avec une communauté africaine et internationale qui cautionnent le régime togolais de père en fils et avalisent un transfert héréditaire au prix d’au moins 500 togolais tués selon le rapport 2005 des Nations-Unies.

Cette rencontre de Niamey est certes intéressante mais un mécanisme plus contraignant en son temps vis-à-vis des Chefs d’Etats souffrant du syndrome du pouvoir éternel aurait pu éviter les nombreuses pertes en vies humaines constatées notamment au Togo au nom du refus de l’alternance.

La conférence de Niamey et après ? Les anciens Chefs d’Etats ont-ils la capacité d’empêcher un 4em mandat au fils d’Eyadema qui a créé une dangereuse jurisprudence en s’offrant à coups de falsifications électorales un 3em mandat sous l’œil attendri d’une communauté internationale ?

S’il faut féliciter ces Chefs d’Etats qui ont compris peut être tardivement que nul n’est irremplaçable et plus intelligent dans une République pour oser faire obstruction à un véritable leadership politique d’éclore, la conférence a néanmoins constaté le recul démocratique suite à des modifications constitutionnelles intempestives, qui ont supprimé le verrou de la limitation des mandats adopté lors du renouveau démocratique des années 1990.

Selon la déclaration de Niamey, « sur les 21 pays africains qui ont maintenu les limites de mandats, les Chefs d’Etat ne sont au pouvoir que depuis 4 ans, en moyenne. Par contre, le temps moyen au pouvoir pour les 10 dirigeants africains qui ont éludé la limitation de mandats est de 22 ans. Or, la suppression de la limitation du mandat sape la confiance des populations, accroît la concentration du pouvoir entre les mains d’un ou d’une poignée d’individus et réduit de ce fait l’espace politique ».

Il n’est plus à démontrer que le Togo en la matière a le prix Nobel de suppression du verrou constitutionnel faisant la part belle à une présidence à vie pour la seule famille Gnassingbé et comparses depuis plus d’un demi-siècle.

Dans le contexte actuel, monsieur Faure Gnassingbé, grâce aux députés nommés a remis à zéro le compteur constitutionnel pour se donner un semblant de virginité présidentielle et est bien parti pour un énième holdup électoral dont il est coutumier afin de s’octroyer un 4em mandat. Les élections présidentielles de 2020 vont confirmer de nouveau le statut de Togo-royaume dont s’accommodent les fervents démocrates assermentés sur papier que sont les grandes puissances ainsi que les entités régionales du noir continent.

Les anciens Chefs d’Etats qui affirment dans la déclaration de Niamey s’engager pour faire limiter les mandats présidentiels peuvent il faire entendre raison au numéro un togolais pour qui aucun torrent de sang, aucune menace ne sont au-dessus du fauteuil présidentiel ? A ce titre, lui seul totalise 15 ans cadeau à la tête d’un Togo devenu une propriété familiale.

Il est bien réconfortant de lire dans la déclaration de Niamey, que « les révisions constitutionnelles ou les modifications décidées au seul profit d’un individu ou d’une minorité par le biais de la suppression ou de la modification de la limitation des mandats présidentiels sont contraires aux aspirations démocratiques. Bien que de tels changements puissent cadrer avec la loi, ils ne respectent pas la parole donnée qui doit être sacrée et contrarient de ce fait l’esprit de la constitution originale. Au-delà d’un instrument juridique, les constitutions doivent être considérées comme un engagement moral entre citoyens ».

Si les anciens Chefs d’Etats qui connaissent bien le pouvoir répressif du Togo, soutenu par l’armée fortement clanique aident à opérer le miracle d’un transfert pacifique du pouvoir, ils auraient accompli un miracle et sauver l’humanité d’une des dictatures aussi nocive que sanguinaire.

Fabbi Kouassi

27Avril.com