Nathaniel Olympio conteste le juridisme brandi par Faure Gnassingbé

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Le président du Parti des Togolais a effectué un déplacement à Dakar (Sénégal) le week-end dernier, pour soutenir les Togolais résidant dans ce pays dans leur lutte pour le retour de la démocratie au Togo. « Ma présence à Dakar est une prolongation de ce qui se passe à Lomé », a-t-il annoncé à la presse sénégalaise. Nathaniel Olympio a également réagi à propos de l’interview de Faure Gnassingbé dans le magazine Jeune Afrique.

Dans son intervention dans ce journal panafricain, Faure Gnassingbé a balayé du revers de la main la rétroactivité de la loi, notamment celle qui réfère à la limitation du mandat présidentiel si la Constitution de 1992 venait à être rétabli. Pour le chef de l’Etat togolais, le compteur doit être remis à zéro pour lui permettre de briguer deux autres mandats, après les trois qu’il a déjà faits.

Cette démonstration n’est pas du goût du président du Parti des Togolais, qui rejette cette proposition. C’est d’ailleurs la position des leaders de la Coalition de l’opposition et de tout le peuple togolais qui est dans la rue depuis bientôt 5 mois.

« Je suis très étonné que le chef de l’Etat fasse référence à la loi aujourd’hui. Il a été le premier à violer la constitution en la modifiant unilatéralement en une période de vacance où il est interdit de modifier la constitution. Il est très mal placé pour parler de respect de la loi », a d’abord indiqué Nathaniel Olympio dans une interview à la presse sénégalaise.

Il a ensuite souligné que le retour de la Constitution de 1992 avec la limitation du mandat présidentiel n’a rien à voir avec la notion de rétroactivité.

« Faure Gnassingbé, lorsqu’il s’est exprimé dans ce journal, a omis de dire une chose : le retour de la Constitution que nous réclamons et qui intègre la fameuse phrase, en aucun cas nul ne peut faire plus de deux mandats, cela n’a aucune dimension de rétroactivité. Lorsqu’on lit la constitution de 1992, si elle revenait, le texte dirait : personne ne doit faire plus de deux mandats. Et on regarde le cas de chacun, qui a fait et qui n’a pas fait. La loi ne dit pas que celui qui a déjà fait deux mandats, on n’en tient pas compte parce que c’est une nouvelle Constitution. Pas du tout. La constitution n’efface pas votre passé individuel. Ce n’est pas une question de rétroactive, mais la façon dont le texte est libellé », a-t-il dit.

Faure Gnassingbé, à en croire Nathaniel Olympio, verse dans le juridisme avec cette question de rétroactivité. « Quand il parle de rétroactivité, c’est pour ramener le débat sur le plan juridique alors qu’il s’agit d’un problème politique. Il s’agit d’un problème de bon sens et on ne peut répondre à un problème politique par des arguments juridiques. Malheureusement, c’est le seul argument dont il dispose et il l’exploite mal. Parce que cela ne correspondant pas à la situation de notre constitution dans sa formulation, en aucun cas nul ne peut effectuer plus de deux mandats », a-t-il déclaré.

Et d’ajouter : « Mais le peuple va beaucoup plus loin et exige le départ immédiat du Chef de l’Etat. Vous devez comprendre que le grand défi que les Togolais rencontrent, c’est que le Chef d’Etat doit intégrer le fait que tôt ou tard, il doit falloir qu’il quitte le pouvoir. Il faut qu’il intègre la notion de pouvoir laisser le pouvoir un jour. Et je pense que c’est la plus grande difficulté à laquelle nous faisons face et les Togolais n’entendent plus laisser quelqu’un diriger le pays de manière dictatoriale et maintenir les populations dans une précarité avancée et toutes les conséquences qui découlent de la mal gouvernance. Que ce soit clair, ce que l’opposition demande, c’est le retour à la constitution de 1992 dans le respect de son esprit qui va permettre que la vie démocratique soit saine et rythmée par les élections propres et équitables. Et à côté de ça, le peuple exige le départ immédiat de Faure Gnassingbé. Il appartient au Chef de l’Etat d’écouter son peuple, d’écouter son opposition politique et de poser les actes qu’il faut pour sortir le pays de la crise ».

I.K

Source : www.icilome.com