Le gouvernement allemand a indiqué vendredi avoir demandé le rejet d’une demande en réparation pour génocide de descendants de tribus namibiennes qui ont poursuivi l’Allemagne devant un tribunal de New York.
« La plainte est irrecevable du fait du principe de l’immunité de l’Etat. C’est pourquoi il était nécessaire, en droit américain, de notifier cela au tribunal de manière formelle. Nous l’avons fait via un avocat », a indiqué la porte-parole du ministère allemand des Affaires étrangères, Maria Adebahr, dans un point de presse.
« Nous ne commentons pas une procédure en cours », a-t-elle ajouté, au lendemain d’une audience sur la procédure de ce dossier devant un juge fédéral à New York.
C’était la première fois que l’Allemagne était représentée à une audience depuis le début de la procédure.
Lors de l’audience de jeudi, la juge fédérale Laura Taylor Swain a déclaré recevable le recours en irrecevabilité de l’Allemagne, après avoir rejeté une première version.
La magistrate n’a pas donné de date pour le rendu de son jugement concernant ce recours, mais a fixé au 3 mai la prochaine audience.
Des représentants des tribus des Héréro et Nama ont déposé cette plainte pour obtenir des dédommagements pour la guerre « raciale » menées contre ces peuples indigènes dans l’Afrique allemande du Sud-Ouest (1884-1915).
Privés de leurs terres, de leur bétail et de tout moyen de subsistance par des colons allemands, les Héréros se sont révoltés le 12 janvier 1904, massacrant 123 civils allemands.
Après la sanglante bataille de Waterberg, en août de cette année-là, quelque 80.000 Héréros fuient avec femmes et enfants pour gagner le Botswana voisin. Les troupes allemandes les poursuivent à travers les étendues désertiques de l’actuel Kalahari, où seuls 15.000 survivent. Et en octobre 1904, le commandant militaire de la colonie, le général Lothar von Trotha, ordonne l’extermination des Héréro.
Quant à la tribu nama, plus petite, elle connut un sort similaire. Quelque 10.000 de ses membres furent tués en essayant de se rebeller contre les Allemands entre 1903 et 1908.
Même si l’Allemagne a mis longtemps à reconnaître la gravité des faits, plusieurs de ses représentants utilisent désormais le terme de « génocide » pour décrire les faits.
Un processus politico-diplomatique est aussi en cours avec la Namibie depuis plus de deux ans et doit aboutir à une déclaration commune sur ces crimes.
Mais Berlin a toujours considéré ne pas avoir à payer de dédommagements individuels aux descendants des victimes, arguant notamment de l’aide « généreuse » au développement avec des montants « records » par habitant versée à la Namibie depuis son indépendance de l’Afrique du Sud en 1990.
Source : www.cameroonweb.com