Mounia, l’Artiste-Photographe qui à travers ses clichés prend le ‘’parti des femmes’’

0
334
Mounia, l’Artiste-Photographe qui à travers ses clichés prend le ‘’parti des femmes’’

Dans les méandres de ses motivations à la recherche d’une harmonie culturelle cachée où un regard distancié, émancipé et assumé sur la place de la femme dans la société africaine d’aujourd’hui donnent force aux clichés et mettent en relief le combat de revendication, d’émancipation d’égalité du genre, Mounia Youssef revisite l’histoire culturelle des femmes afro dans la société autrefois marginalisé, à travers une série de productions au cœur de cette exposition.

Ouvert, le 05 Octobre dernier sur les cimaises du musée de la villa Karo, the Finnish-African Cultural Centre, (Ndlr, centre culturel Finlandais Africain) de Grand Popo, au Bénin, lieu touristique par excellence, symbolique historiquement très riche, l’exposition de l’Artiste photographe et designer graphique Libano-Togolaise qui a cours jusqu’au 31 décembre est essentiellement riche de couleurs et de messages.

Après « Chaméleon », une résidence de création de photomontages et de collages de mars-mai 2019 à l’espace culturel ‘’Le Centre’’ à Abomey Calavi où le leitmotiv reste quasiment le même, ‘’ la reprise des attributs du pouvoir par la femme’’, Mounia revient cette fois-ci et ouvre « Afrovision », tel est l’intitulé de cette exposition qui rappelle à la fois l’étendue et la richesse du patrimoine culturel africain dans sa diversité notamment la beauté afro autour du corps, de la peau, du physique typiquement africain en particulier.

Mais aussi et surtout révèle la quintessence de la question de la présentation et de la représentation physique de la femme africaine au travers du cheveu naturel dans la société et bien au-delà l’affirmation de l’identité culturelle sans complexes ni préjugés avec en toile de fonds la nature crépue du cheveu comme symbole de revendication et d’expression de liberté.

Féministe convaincue de son combat, du cheveu naturel aux revendications d’égalité du genre à travers des travaux graphiques et de collages, Mounia se positionne comme la voix de ces milliers de femmes sans voix qui souffrent en silence dont l’aspiration d’une vie meilleure se brise au quotidien et où l’espoir avachi par de nombreuses années de dictats d’idéaux esthétiques s’affaisse au cachot du désespoir.

« Pour moi, l’avenir est féminin, l’avenir appartient aux femmes, un retour aux sources. C’est ma vision. L’idéal pour moi, serait que tout le monde se sente libre de faire tout ce qu’il a envie, d’avoir ses cheveux comme il en a envie parce qu’on continue de juger à cause de ses cheveux. L’idéal pour moi serait que ces jugements s’arrêtent et que les femmes soient plus considérées et valorisées. Beaucoup de femmes qui sont maltraitées et qui souffrent en silence, ce n’est pas bien. Ou celles qui à force d’avoir tellement souffert pense que c’est normal, non ce n’est pas normal.» , a précisé Mounia.

Les œuvres de Mounia, naturellement portent la marque d’une préoccupation revendicative aux connotations identitaires culturelles empreintes d’une technicité à travers laquelle une’’ touche de naturel ‘’ (sa technique de prédilection, Ndlr) graphique à la bonne maitrise de la lumière au posing minutieux donnent une post production soignée et créent des formes et des silhouettes qui expriment à la fois son appartenance africaine et son positionnement de sa triple identité notamment du Liban où elle est en partie originaire, de Lomé au Togo, où elle a grandi et étudiée puis de Cotonou en République du Bénin, où elle a fréquenté l’Institut Supérieur des Métiers de l’Audiovisuel (ISMA) et où, elle vit et travaille pendant plusieurs années.

Dans une vision ‘’Afro’’ où la femme occupe une place de choix, la ‘’Nappy girl’’ au travers de ses initiatives du moins projets, réflexion tout azimut, notamment des photomontages, collages et de photos de droit libres, défend le besoin d’éducation pour tous, du changement du regard des médias sur les femmes, d’une même égalité et équité, reprend les attributs du pouvoir de la société du golfe de Guinée pour les appliquer à la modernité, la nécessité pour les femmes de disposer de pouvoir…etc.

« Je revendique une affirmation des égalités de genre pour que la Femme Africaine ait toute sa place dans notre société. J’aspire à l’avènement d’une femme actuelle, fière de son identité et de sa culture, puisque face à l’étendard du cheveu naturel, il faut encore lutter contre le regard de ses pairs. », Martèle Mounia.

Influencée par la ‘’natural hair movement’’, mouvement nappy en français, un mouvement né aux Etats-Unis dans les 2000, désignant des femmes afro-descendants qui souhaitent conserver leurs cheveux crépus au naturel, l’artiste-graphiste s’y retrouve et trouve en ce mouvement, un fabuleux canal de communication à titre illustratif et le fait d’assumer, de valoriser la nature crépue du cheveu afro face à la société, la meilleure manière de se réconcilier avec son africanité

De la photographie au graphisme en passant par le design, le travail de Mounia tire sa source bien évidemment de la culture africaine. On s’en aperçoit dans la lecture et l’usage des couleurs exotiques propres à l’Afrique, des symboles simples africains aux motifs d’expression et d’affirmation de l’identité culturelle africaine. Des retouches aux photomontages créant des ombres du clair-obscur, du ‘’black and white’’, des portraits et silhouettes aux portées ‘’mood africaine’’ qui traduisent la force de l’identité de l’Afrique « En travaillant sur la beauté Afro, mon travail graphique m’amène toujours à inclure une touche de naturel dans ce que je crée pour rappeler cette appartenance africaine et mon positionnement », a fait remarquer Mounia.

Le monde culturel et artistique de la talentueuse photographe est ainsi fait. L’on est tenté de dire que les trajectoires des points, des écritures de même que les tracées de couleurs plongent le curieux dans un monde d’exorcisme ou dans un ‘’world wide’’.

« L’hair du Temps », « Les Amazones », ou encore « Manifeste », sont quelques-unes des expositions antérieures inscrites dans le palmarès de l’artiste. La particularité de cette ‘’Afrovision’’ mise à part la valorisation du cheveu naturel Afro, c’est aussi la découverte de nouvelle forme d’écriture appelées écritures inclusives. Un genre d’écriture subtile qui prône l’égalité entre les genres. Une originalité qui traduit l’affirmation de la force expressive de l’équité du genre.

Du haut de cette 7ème exposition de toute sa carrière artistique, tant collaborative que personnelle, « AfroVision » se présente comme une sorte d’ « exhortation d’un retour aux sources » où la valorisation de l’identité de la beauté Afro et l’égalité du genre constituent la trame centrale.

Et où Mounia revient sur son parcours artistique, l’explication d’une démarche entamée de plus de deux ans, du moins le récapitulatif des différentes étapes de recherches et de travail artistiques réalisées ces dernières années, tout en exprimant sa vision, sa ténuité, sa proximité de son combat au détour des personnages réels ou imaginaires assorties de messages de liberté.

Mounia Youssef, L’Artiste

D’origine Libano-Togolaise, Mounia Youssef de son vrai nom, est une artiste visuelle formée à l’Institut Supérieur des Métiers de l’Audiovisuel-ISMA de Cotonou. Elle réside à Cotonou au Bénin où elle travaille comme photographe-graphiste et designer. Passionnée des images fixes lors de ses études, Mounia comprend très vite les potentialités expressives de l’image et surtout la liberté qu’elle propose à qui la crée et la manipule. Elle décide après l’obtention de son diplôme de se lancer dans la photographie.

Mounia est aussi diplômée en Graphic Design à l’Accra International School of Advertising and Design –Aisad. Elle entame ainsi en 2016, une carrière artistique proprement dite. Entre passion et rigueur, son travail interroge les questions de l’identité Noire et l’inégalité de genre dans la société africaine au travers de la photographie et du graphisme.

Pour rappel, « AfroVision »qui est la deuxième exposition personnelle de Mounia a été l’occasion aussi pour la jeunesse de Grand Popo de découvrir la Villa Karo, ce centre culturel d’origine finlandaise et ses collections.

« AfroVision » est produite et à l’initiative de Cotonou Créative en partenariat avec la Villa Karo de Grand Popo et de nombreux autres.

Fabian ATTIOGBE

Source : www.icilome.com