Le groupe d’intervention présidentiel chargé de la mise en place de la monnaie unique de la Cedeao s’est réuni ce mercredi à Accra. Les chefs d’États présents ont réaffirmé leur volonté de la mettre en place dès 2020, avec une réduction du nombre de critères de convergence et la création d’un Institut monétaire de la Cedeao en 2018.
La cinquième réunion de la « task force » présidentielle sur le programme de la monnaie unique de la Communauté économique de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) s’est tenue le mercredi 21 février à Accra, au Ghana.
Les présidents Nana Akufo-Addo (Ghana), Mahamadou Issoufou (Niger) et Alassane Outtara (Côte d’Ivoire), ainsi que le gouverneur de la Banque centrale du Nigeria, Godwin Emefiele, qui représentait le président Muhammadu Buhari, y ont notamment participé.
Création d’un Institut monétaire de la Cedeao en 2018
Les chefs d’États présents ont réaffirmé leur volonté de mettre en place la monnaie unique dès 2020. Ils ont également défendu à nouveau une « approche graduelle », privilégiant le démarrage de l’union monétaire avec les pays qui respectent les critères de convergence. Les autres économies de la région pourraient rejoindre ultérieurement la monnaie unique.
Parmi les nouveautés figurent notamment « le recentrage et la réduction des critères de convergence de onze à six », ainsi que « la création d’un Institut monétaire de la Cedeao en 2018, pour fédérer et rationaliser les multiples institutions existantes », d’après les déclarations de Mahamadou Issoufou.
Entérinant la fin du franc CFA et des monnaies nationales des États non-membres de l’UEMOA, la création de cette union monétaire doit passer préalablement par une convergence des économies de la région, avec des critères à respecter, tels qu’un déficit public ne dépassant pas 3 % du PIB et un taux d’inflation inférieur ou égal à 5 %.
Akufo-Addo enthousiaste
Dans son discours introductif, le président ghanéen Nana Akufo-Addo s’est montré particulièrement enthousiaste quant à la création d’une monnaie unique à l’échelle de la Cedeao.
« L’introduction d’une monnaie unique en Afrique de l’Ouest va, entre autres, aider à supprimer les barrières commerciales et monétaires, réduire les coûts de transaction, dynamiser l’activité économique et accroître le niveau de vie de la population de la région », a ainsi expliqué Nana Akufo-Addo.
S’assurer que les générations futures ne soient ni les victimes ni les pions de l’ordre mondial
« Il en y a beaucoup parmi nous qui ne peuvent pas accepter que ce soit seulement les Asiatiques qui puissent réussir leur transition de la pauvreté à la prospérité en une génération. Nous devrions être déterminé à imiter cela au cours de notre génération en Afrique de l’Ouest, et s’assurer que les générations futures ne soient ni les victimes ni les pions de l’ordre mondial », a-t-il ajouté.
Réticences nigérianes
Le président de la Banque centrale du Nigeria (CBN) a en revanche exposé ses réserves vis-à-vis du projet, rapporte Business Day.
Selon lui, la non-préparation de certains pays, l’édulcoration des critères de convergence et les disparités macroéconomiques au sein de la Cedeao constituent des obstacles à la mise en place de l’union monétaire, réitérant les réticences du gouvernement nigérian sur le projet d’union monétaire.
Pour Godwin Emefiele, le gouverneur de la Banque centrale nigériane, les pays n’ont pas été suffisamment informé quant aux implications de la mise en œuvre de la monnaie unique. Enfin, le président de la CBN a demandé aux pays membres de l’UEMOA de présenter une feuille de route de « dissociation » du Trésor public français.
Jeune Afrique