Il serait plus 100 000 partisans de nombreux partis d’opposition regroupés mercredi dans 10 villes à travers le Togo pour manifester alors que le gouvernement a joué l’apaisement en annonçant des réformes constitutionnelles.
L’ONG Amnesty International a estimé à « au moins 100.000 » le nombre de manifestants dans la capitale, selon son directeur au Togo, Aimé Adi.
« C’est du jamais vu, je pense qu’il y a plus d’un million de personnes à Lomé », a de son côté affirmé à l’AFP le chef de file de l’opposition, Jean-Pierre Fabre. Ces chiffres n’ont pu être confirmés de sources indépendantes.
« Le président a déploré les incidents graves survenus à Sokodé et à Lomé lors des manifestations du 19 août dernier (qui ont fait au moins deux morts) et a appelé la population au calme, à la sérénité et à la modération », a affirmé un communiqué publié à la suite du Conseil des ministres mardi soir, avant des marches de l’opposition qui s’annoncent de grande ampleur.
Validation du projet de loi
Le Conseil des ministres a validé un projet de loi de « modification constitutionnelle », concernant la « limitation des mandats et le mode de scrutin », que l’opposition réclame depuis plus de dix ans au régime du président Faure Gnassingbé, qui a succédé il y a douze ans à son père, lui-même resté au pouvoir près de quarante ans.
« Nous avons constaté qu’il y avait une attente forte au sein de la population », a expliqué à l’AFP le ministre de la Fonction publique, Gilbert Bawara.
« La Commission de réflexion mise en place pour évaluer les attentes de la population », que l’opposition décriait comme une manière de gagner du temps, « n’a pas pu terminer son travail », a-t-il poursuivi, invitant les opposants au « dialogue et au débat ».
Toutefois, la limitation à deux mandats présidentiels ne se fera pas de manière rétroactive selon le projet de loi. « Il n’y a pas de raison législative de le faire », a soutenu le ministre. « Mais nous avons besoin d’un consensus pour que cette réforme soit acceptée », soit les 4/5e des votes au parlement, a-t-il dit.
Une grande partie de l’opposition togolaise (coalition de cinq partis Cap 2015, le Groupe des six et le Parti National Panafricain -PNP), a décidé de s’unir mercredi pour de grandes marches à Lomé et en province.
Leurs revendications portent sur l’accélération des réformes constitutionnelles (limitation du mandat présidentiel et scrutin à deux tours), sur lesquelles le parti au pouvoir et le parlement travaillent depuis des années, sans aboutir sur rien de concret pour l’instant.
Malgré le pas en avant du gouvernement et de la présidence, l’appel à manifester dans 10 villes du Togo a été maintenu.
« Peuple déterminé »
« Unir (le parti présidentiel, NDLR) demande le dialogue dès qu’il est acculé », regrette Tikpi Atchadam, leader du PNP et figure importante des manifestations.
« Je pense que le peuple est déterminé car il en a marre », confie-t-il à l’AFP, invitant le chef de l’Etat à « sortir par la grande porte ». « Je ne crois plus au dialogue avec le régime ».
L’annonce du gouvernement n’a pas non plus découragé les manifestants.
Amnesty a appelé les autorité togolaise à « s’abstenir de tout recours injustifié ou excessif à la force lors des manifestations de l’opposition ».
Togo Les autorités doivent s’abstenir de tout recours injustifié à la force lors des manifestations de l’opposition https://t.co/SeiJxQ82zn
— Amnesty Suisse (@Amnesty_Suisse) September 6, 2017
Un homme qui se rendait à la marche mercredi matin, assurait, sous couvert d’anonymat, que « la plaie du Togo est trop béante » après 50 années de pouvoir de la même famille.
Par ailleurs, l’internet mobile (3G…) a été coupé à Lomé peu avant le début de la marche, selon François Patuel, bien que les réseaux wifi soient encore accessibles.
#Togo: Internet est coupé. Les manifs ont commencé. Whatsapp ne fonctionne plus gênant les journalistes & activistes dans leur travail
— Francois Patuel (@FrancoisPatuel) September 6, 2017
Le président Faure Gnassingbé a succédé à son père, le général Gnassingbé Eyadéma qui a dirigé sans partage le pays pendant 38 ans, à la présidentielle de 2005 avec l’appui de l’armée, ce qui avait entraîné de violentes manifestations et une féroce répression.
Il a été réélu en 2010 et en 2015 lors de scrutins très contestés par l’opposition.
Source : VOA Afrique
27Avril.com