Depuis les élections législatives controversées du 20 décembre 2018, la lutte pour l’alternance politique au sommet de l’Etat semble en avoir pris un coup. Les Togolais qui, depuis le 19 août 2017, affichaient une détermination sans faille pour en finir avec le régime cinquantenaire des Gnassingbé, semblent gagner par une déception profonde. La faible mobilisation constatée lors de la dernière marche de la Coalition, le 26 janvier 2019, illustre bien le tableau.
Mais devant la presse mardi à Lomé, l’archevêque émérite de Lomé Mgr Philippe Fanoko Kpodzro a invité tous les Togolais, épris de justice, de liberté, de paix et d’alternance politique, à se ressaisir et reprendre la lutte là où ils l’ont laissée.
Pour le prélat octogénaire, il est temps que le peuple togolais prenne conscience de sa situation et aspire à un changement en lieu et place du désespoir.
« Je demande aux Togolais de faire leurs œuvres de citoyens. Est-ce que c’est bon qu’on accepte passivement un texte qui annule tout l’effort que nous avons fait jusqu’à présent pour avoir une limitation de mandats ? Que les Togolais, les citoyens eux-mêmes prennent consciences et qu’ils ne soient pas comme des moutons, qu’ils disent non quand ça ne va pas, et qu’ils disent oui pour aller de l’avant », a lâché l’ancien président du Haut Conseil pour le République (HCR).
Revenant sur l’étude de proposition de lois du gouvernement togolais portant modification des articles 59, 60 et 100 de la Constitution de 1992 et pour laquelle la Commission des lois de l’Assemblée nationale s’est réunie hier mardi à l’hémicycle, Mgr Philippe Kpodzro estime que ce texte proposé par le régime RPT-UNIR ne garantira aucune limitation de mandats. « Cela donnera un grand boulevard au président Faure Gnassingbé de se présenter autant de fois qu’il veut. Ce n’est pas passible », a pesté l’homme de Dieu.
A l’en croire, obliger les députés mécaniques de la nouvelle législature à voter ce texte serait une pure provocation des Togolais qui, depuis des décennies, sont en lutte pour obtenir une limitation de mandat pouvant favoriser une alternance politique au sommet de l’Etat.
« Il y a un proverbe qui dit : Il ne faut pas s’amuser en enfonçant les doigts dans la gueule d’un serpent qui ne mord pas, parce qu’il a une autre façon pour mordre si vous le provoquez. C’est pourquoi je dis que le peuple togolais peut faire des surprises », a averti l’archevêque émérite de Lomé.
Le prélat invite également le gouvernement à reprendre le recensement, afin que les prochaines élections soient organisées dans des conditions de transparence requises.
Godfrey Akpa
Source : www.icilome.com