L’Archevêque émérite de Lomé, Monseigneur Philippe Fanoko Kpodzro (qu’on ne présente plus) suit avec beaucoup d’attention l’évolution de la situation politique du Togo. Les derniers événements conduisant à la mort de plusieurs personnes (dont un enfant de 11 ans) tuées par balles par les militaires qui répriment des manifestations organisées par la Coalition des 14 partis de l’opposition, l’ont fait sortir de son silence.
Devant la presse ce matin, le prélat a adressé un message à Faure Gnassingbé, le seul qui peut mettre fin à la situation chaotique qui se profile à l’horizon. Mgr Philippe Fanoko Kpodzro, à la suite de ses pairs de la Conférence des Evêques du Togo, des organisations de la société civile, des Eglises Evangélique presbytérienne et Méthodiste et des cadres musulmans, demande le report des élections législatives organisées unilatéralement par le régime de Faure Gnassingbé et qui sont prévues le 20 décembre 2018.
Pour l’Archevêque émérite de Lomé, il n’est pas question que ces élections se tiennent le 20 décembre prochain, au vu de la tension qui règne dans le pays ces derniers jours.
« Excellence Monsieur le Président de la République, cher fils…, laisse-moi te dire que tu as aujourd’hui la grâce de présider aux destinées du peuple togolais. Je voudrais te demander, implorant le Grand Dieu, notre Père très miséricordieux, en toute humilité, d’user courageusement de toutes tes prérogatives pour proposer un nouveau calendrier réaliste et consensuel en vue des élections législatives. Le 20 décembre 2018 ne saurait être imposé par qui que ce soit comme une date fétiche au détriment du bien commun et dans l’intérêt supérieur de la nation togolaise », a-t-il déclaré.
Il supplie presque Faure Gnassingbé qu’il ne veut pas voir endosser, une fois de plus, la responsabilité des morts au Togo. « Chaque vie humaine étant sacrée, le Seigneur Dieu ne saurait rester sourd à une énième effusion de sang des fils et filles de ce pays », a ajouté Mgr Kpdzro.
Il a rappelé brièvement l’importance de faire les réformes constitutionnelles avant ces élections et a renvoyé Faure Gnassingbé aux différents messages de la Conférence des Evêques du Togo et de plusieurs autres confessions religieuses qui ont appelé à la mise en œuvre rapide de ces réformes.
« Cher fils (Ndlr, Faure Gnassingbé), avec tout le respect que je vous dois, la meilleure solution que je propose est d’accueillir l’alternance politique comme une réalité normale et salutaire pour toute la nation. Tu auras le mérite d’avoir sauvé le peuple togolais de la grande violence aux conséquences indescriptibles. Il n’est pas trop tard de bien faire. Je t’encourage à aller dans ce sens pour le bien de nous tous », a-t-il appelé le prélat.
Après avoir félicité l’opposition et la société civile pour la lutte pacifique qu’ils engagent, malgré la répression meurtrière, il les a appelés à rester fidèle au peuple dont ils disent incarner la volonté. « Tenez bon et allez au large ! Que Dieu vous bénisse ! », a lancé Mgr Philippe Fanoko Kpodzro à l’endroit de la Coalition des 14 et des responsables de la société civile.
I.K
Source : www.icilome.com