Mgr Nicodème Barrigah : « Ce que le peuple est en train de demander, est plus que légitime »
Dans une interview accordée ce dimanche à la radio Maria, Monseigneur Nicodème Barrigah-Bénissan, celui qui a conduit au Togo les travaux de la Commission vérité justice et réconciliation (CVJR), n’est pas passé par quarte (4) chemins pour dire ses vérités sur la crise politique que traverse le Togo à cause des réformes politiques.
Le prélat dit qu’après la remise des rapports de cette commission au chef de l’Etat, Faure Gnassingbé en février 2012, rapports qui contenaient 68 recommandations, il s’attendait à ce que les choses aillent plus vite, afin, dit-il, « qu’on parvienne à une décrispation et à la consolidation de la démocratie et partant, à l’apaisement du climat social ».
Si le travail de la CVJR n’a pas été vain, a-t-il poursuivi, « mes attentes n’ont pas été comblées ».
Selon Monseigneur Barrigah-Bénissan, la déclaration que la Conférence des Evêques vient de rendre publique ce dimanche, contient essentiellement trois (3) éléments.
Le premier, a-t-il relevé, est un message de solidarité vis-à-vis du combat que le peuple est en train de mener afin que les réformes se fassent. « J’estime que si elles (les réformes, ndlr) avaient été faites plus tôt, on ne serait pas dans cette crise qui fait peur. Ceux qui veulent que les réformes soient faites, doivent trouver en la Conférence des évêques, un appui et un soutien. Nous estimons que nous n’avons pas choisi un camp contre celui du peuple. Nous sommes avec le peuple et nous estimons que ce qu’il est en train de demander est plus que légitime », a-t-il marqué.
Cette déclaration fait également état d’un certain nombre de préoccupations, a-t-il souligné. « Depuis quelques semaines, le climat est tendu, inutile de faire semblant que tout marche bien au Togo. Cela ne sert à rien. Le peuple attend des choses. En plus, il y a des informations qui nous sont parvenues faisant état de poursuites de gens jusque dans leur domicile. Nous estimons que si ces informations sont exactes, les forces de l’ordre et de sécurité font bien au-delà de ce qui relève de leur responsabilité. Ce n’est pas normal », a-t-il regretté.
La deuxième préoccupation des évêques, c’est qu’à voir la situation, on a l’impression qu’on est engagé dans un bras de fer pour voir finalement celui qui est le plus puissant. « D’un côté, ceux qui pensent que les réformes doivent être faites le plus vite possible et de l’autre ceux qui estiment que le président a déjà fait suffisamment et qu’il doit rester au pouvoir », note-t-il.
« Nous pensons qu’un débat de fonds doit être mené sur cette question afin que les réformes soient faites effectivement selon la Constitution de 1992 pour décrisper la situation et qu’on puisse passer à autre chose », a-t-il proposé.
Le dernier élément est un appel à la mobilisation pour la prière. « N’oublions pas que c’est l’esprit de Dieu qui peut convertir les cœurs. Parfois je me demande pourquoi des choses qui semblent aussi simples ne sont pas comprises par les autorités pour que les choses avancent », a indiqué Monseigneur Barrigah-Bénissan.
Kofi Telli
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