On en sait un peu plus sur les contours de l’interpellation du Prof Majesté NazobaWateba IHOU, Vice-doyen de la Faculté des Sciences de la santé (FSS), détenu à la Gendarmerie nationale, sur recommandation du Service de renseignements et d’investigations (SRI).
Le Vice-doyen de la Faculté des sciences de la santé (FSS), le Prof Majesté NazobaWatebaIhou est détenu depuis trois jours dans les locaux de la Gendarmerie nationale où les éléments du Service de renseignements et d’investigations l’interrogent.
Selon les premières informations non encore officielles qui filtrent sur l’arrestation du Professeur, il lui serait reproché de favoriser certains étudiants, de coller de mauvaises notes à d’autres. Tout partirait de l’examen de l’année académique 2016-2017. A l’époque, un étudiant s’est plaint d’avoir eu une note qu’il juge anormale. L’affaire fait grand bruit. Les autorités de ladite faculté et celles universitaires s’en saisissent et recommandent que la copie au centre de la polémique soit recorrigée par d’autres enseignants que celui du cours en question. Une nouvelle correction qui confirme la note initiale.
Harcèlement, intimidation, menaces…
Depuis lors, l’universitaire quadragénaire est intimidé, menacé par des agents de Service de renseignements et d’investigations, rapporte sa famille. Plus les jours passent, plus la tension devient forte, ajoute-elle. Selon les explications fournies par la sœur de l’interpellé, AfounorStelaIhouWateba, celui-ci a informé ses proches des menaces et intimidations qu’il reçoit depuis un temps à travers des appels téléphoniques. Il s’est d’ailleurs confié à ses proches qu’il a l’impression que son téléphone était sur écoute. .
Il y a quelques jours, l’affaire prend une autre nouvelle tournure. « Le samedi passé, on était allé à un enterrement à Tchèkpo, on sentait qu’il ne suivait pas la messe, il était tout calme. Après la messe, il nous a quittés puis est rentré dans une église des Assemblées de Dieu, s’est agenouillé pour prier. Le dimanche, ce qui n’était pas de ses habitudes, il était allé à l’ESTAO, toujours pour prier. C’est hier soir (mardi dernier, Ndlr) qu’on a appris qu’il est détenu au SRI. Toute la famille y a passé la nuit », précise AfounorStelaIhouWateba.
Quelle est cette affaire de supposées mauvaises notes attribuées à un étudiant qui mobilise autant les agents du SRI ? D’après nos recoupements, ni l’Université de Lomé ni la Faculté des sciences de la santé ne reprochent rien à l’enseignant. « Même s’il y a un problème de ce genre, c’est à ces deux entités d’y faire face et de prendre des sanctions appropriées », glisse une source. Cette dernière s’étonne que la Gendarmerie s’en mêle jusqu’à interpeller un professeur d’Université.
Atteindre le Prof David Dosseh à travers son collègue Majesté Wateba IHOU
L’angoisse au sein de la famille est grande. La sœur du Professeur, devenue pour la circonstance la porte-parole de la famille, ne comprend pas que son grand frère soit capable de causer du tort consciemment à quelqu’un ou de chercher à nuire à un étudiant. « De quoi on accuse notre frère, on ne sait pas jusqu’aujourd’hui. Ce matin (mardi dernier, NDLR)), on lui a amené à manger, il était tout seul et triste. Nous voulons savoir de quoi il est accusé », insiste-t-elle.
Toutefois, elle reste convaincue que quelqu’un « tire les ficelles » quelque part. « Nous avons essayé d’alerter certaines autorités de ce pays, elles nous ont dit clairement que c’est plus sérieux qu’on ne le pense. Je voudrais que le parent d’élève en question qui estime que son enfant a été défavorisé nous le dise afin qu’on lui demande pardon », lance-t-elle, dépitée.
Ce mercredi 7 mars, en solidarité à leur collègue, tous les enseignants de la Faculté des sciences de la santé ont décidé de suspendre les activités académiques et évaluations du semestre Harmattan et exigé la libération du Professeur retenu au SRI.
Hier jeudi 8 septembre au troisième jour de la garde à vue, le dossier a connu une évolution spectaculaire, avec la convocation du Professeur David Dosseh. Selon plusieurs sources, c’est ce dernier qui est en réalité visé par l’affaire Majesté WatebaIhou. La convocation de l’ancien responsable de la Direction de la Coopération de l’Université de Lomé, Coordinateur des universités sociales du Togo (UST) et du Front citoyen Togo Debout était planifiée de longue date. Son engagement et ses opinions font souvent l’objet d’attaques, de menaces et d’intimidations par les sbires du régime sur les réseaux sociaux. Son domicile, situé dans la banlieue ouest de la capitale, a connu de curieuses visites en fin d’année dernière. Trois cambriolages en moins d’un mois d’individus mystérieux qui ont pris soin de fouiller le domicile et les chambres de fond en comble sans rien emporter.
Son engagement à la tête du Front citoyen Togo Debout et son activisme à l’Université sont devenus une menace pour le régime. A défaut de lui trouver des poux sur la tête dans ses activités citoyennes, il n’est pas exclu qu’on utilise ses activités professionnelles pour lui créer des ennuis. Ses déplacements, ses activités et ses communications sont souvent épiés par le régime. Cette histoire d’allégation de favoritisme remonte au dernier trimestre de l’année 2017. Il est curieux qu’elle rebondisse de façon spectaculaire avec la convocation du Professeur Dosseh et son fils étudiant en première année de médecine.
A ce jour, personne n’a une idée des étudiants plaignants qui seraient proches d’un haut gradé de la Gendarmerie. Plus grave, le traitement de ce dossier par la présidence de l’Université en violation flagrante des règles qui régissent ce milieu suscite des questions. Jusqu’à hier soir, le Professeur David Dosseh dont la convocation suscite une réprobation générale et un sentiment de révolte dans l’opinion, est rentré à la maison hier soir, mais doit se présenter ce matin au SRI.
Source : www.icilome.com