Message de Togo Debout aux protagonistes de la crise, aux Facilitateurs et à la CEDEAO

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A l’issue de la marche organisée par le Front Citoyen Togo Debout (FCTD) dans les rues de Lomé ce samedi 3 novembre, le mouvement a adressé un message aux autorités togolaises et à la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Voici le message !

MESSAGE AUX CITOYENS TOGOLAIS, AUX AUTORITES
TOGOLAISES ET A LA CEDEAO A LA FIN DE LA MARCHE CITOYENNE DU 03 NOVEMBRE 2018

Peuple togolais, peuple de paix voilà ce qu’on a souvent dit de toi et tu l’assumes mais la paix n’est pas synonyme de pacifisme ou de soumission passive. C’est pourquoi l’heure est venue pour dire à tes gouvernants que tu es aussi un vaillant peuple de combattants, un peuple déterminé qui sait là où il veut aller.

Peuple togolais, peuple de jeunes qui rêvent d’un Togo nouveau, d’un Togo de justice, d’un Togo où la redistribution des richesses du pays est une réalité pour que tu ne sois plus une jeunesse appauvrie et exploitée par des gouvernants sans vision.

Peuple togolais, peuple d’hommes et de femmes qui ont fait la fierté de la Terre de nos Aïeux par les divers apports aux pays voisins. Serions-nous devenus aujourd’hui la risée de nos voisins par les choix incohérents de nos dirigeants qui ne pensent qu’à leurs propres intérêts ? Fidel Castro disait « Si dans ton pays, tu n’as pas accès à la santé, l’éducation, la justice, la culture, tu as le droit de te rebeller». La révolte n’est pas alors une faveur mais le droit de tout être humain qui n’en peut plus et dont la dignité est bafouée.

Oui nous n’en pouvons plus au Togo et personne ne doit venir encore nous dicter un chemin. Un Togo nouveau doit advenir mais il ne peut plus se faire avec les hommes anciens, les anciennes pratiques et les astuces des temps anciens. C’est pourquoi, nous devons dire dès aujourd’hui non à toutes les solutions qui ne nous conviennent pas. Et nous ne prendrons que ce qui va dans le sens de l’intérêt général.

Citoyennes et citoyens togolais du Nord au sud, de toutes les couches sociales, de toutes les confessions religieuses, dans la vie d’un peuple, il arrive des moments qui sont des tournants historiques, un de ces moments est venu pour nous et nous ne rentrerons plus dans 2019 avec les mêmes problèmes : Novembre et décembre sont ainsi des mois déterminants pour nous les Togolais.

Togolais de l’intérieur et de la diaspora, Togolais de tous les partis politiques, togolais de la société civile, ce qui est en jeu n’est plus une question de partis politiques, la nation est en danger et il te revient de te lever pour dire non à l’oppression, à l’injustice, à la détention arbitraire et surtout à un système qui a fait la preuve de ses limites et ne peut plus nous conduire. Notre détermination est et sera notre message aux autorités togolaises et à la communauté internationale et surtout à la CEDEAO.

Voilà pourquoi nous disons :

1- Au Chef de l’Etat,

Vous êtes venu au pouvoir en 2005 de façon illégitime avec un habillage juridique contestable mais pour avoir la paix, le peuple a accepté l’accord de 2006, l’APG. Mais force est de constater que cet accord n’a pas été respecté et tous les accords non plus. Les astuces juridiques, le dilatoire habituel ne marcheront plus. Vous avez l’obligation, si vous aimez ce peuple, de faire cesser les massacres et intimidations dans toutes les localités pour écouter le peuple qui seul est souverain. Inspirez-vous de la sagesse africaine selon laquelle « c’est ensemble et avec les autres que l’on met la pirogue sur un lac » et le peuple vous sera reconnaissant.

– Aux autres membres de l’exécutif, du législatif et du judiciaire,
Vous ne pouvez plus demeurer dans la posture de ceux qui se disent de simples exécutants, car si vous avez la raison et une conscience, vous devez chercher le bien de ce peuple meurtri et humilié. L’argument qui consiste à dire que : « nous ne faisons qu’un travail technique » ne marchera plus. Il est temps d’opter sérieusement pour l’alternance politique dans notre pays.

-Aux autorités militaires,
Vous êtes des citoyens comme nous ; vous êtes de ce peuple qui paie des impôts pour que vous puissiez remplir votre mission. Allez-vous continuer à oublier cela ? Pourquoi acceptez-vous d’être des instruments d’un système au lieu de répondre à votre mission de « forces de défenses et de sécurité » du peuple ? Le sang des Togolais martyrisés crient et vous interpellent et il est encore temps de reconnaître que tous, nous sommes des Togolais et que nous avons une même humanité.

2- A LA CEDEAO

Le Togo, notre pays fait partie de l’espace CEDEAO. Et à l’heure actuelle où les peuples aspirent partout à plus de liberté, notre espace ne peut plus être celui où les gouvernants ne tiennent pas compte des aspirations des peuples. Le temps de la CEDEAO, syndicat des chefs d’Etat, doit impérativement finir. Notre institution doit devenir plus crédible et plus démocratique.

• Si vous acceptez que la CEDEAO n’est pas étrangère à la crise que connaît notre pays depuis 2005, alors vous ne pouvez plus faire comme si le peuple togolais n’a pas une société civile responsable et crédible. Vous devez vous départir de toute complaisance et avoir un langage franc et sincère à l’endroit des premières autorités togolaises pour éviter la réédition des tristes et douloureux évènements de 2005.

• Si le protocole additionnel sur la Bonne Gouvernance et la démocratie que vous avez produit vous-même a encore un sens et est d’actualité, alors il est temps de prendre vos responsabilités ! C’est dans le sens de ce protocole que le peuple togolais est sorti pour revendiquer la mise en œuvre des réformes constitutionnelles, institutionnelles et électorales. Il devient donc évident qu’en enfermant la tenue des élections dans un délai sans avoir au préalable fait les réformes, la CEDEAO ouvre une nouvelle voie aux blocages. En clair, les élections doivent nécessairement être la conséquence logique, l’aboutissement ou le point d’achèvement comme pour tester l’effectivité des reformes ainsi opérées, et non l’inverse. Sachez que le peuple togolais n’acceptera plus n’importe quelle décision et vous serez responsables devant l’Histoire !

• Votre postulat de base révèle une erreur monumentale car vouloir remettre entre les mains du Gouvernement togolais, acteur et promoteur de la crise, la mise en œuvre de la feuille de route est une grave erreur d’appréciation. C’est le lieu de réaffirmer que la transition politique reste encore un passage obligé, voire incontournable pour une sortie pacifique et durable de la crise togolaise. Toute autre solution serait une œuvre de précarité et d’à-peu-près.

• Le 23 septembre 2018, le Comité de suivi a demandé la recomposition de la CENI. Sans que cette recomposition paritaire ait été faite (suite au blocage du Gouvernement et de son allié l’UFC), le Gouvernement togolais a lancé de manière unilatérale le recensement et soutient que cette activité est suivie et accompagnée par la CEDEAO, sans aucun mot de votre part. Malgré les innombrables irrégularités ayant émaillé le processus de recensement entrepris sur fond d’intimidations, de menaces, de violences et d’enrôlement de mineurs, par une CENI légalement inexistante, vous avez procédé au recrutement d’Experts pour auditer le fichier électoral. Cette attitude de la part de la CEDEAO nous parait relever d’une incohérence et d’une inconséquence, voire du mépris et de la violation de votre propre feuille de route. Nous espérons vivement les conclusions de l’audit.

• Si le respect des droits de l’homme est encore pour vous une priorité parce qu’ils affirment un ensemble de valeurs auquel adhère la CEDEAO, alors vous devez être des acteurs de paix, de justice, de liberté et de reconnaissance de la dignité de chaque être humain.

3- A tous les responsables politiques de notre pays.

Les Togolais sont sortis pour les réformes et non pour des élections. C’est pourquoi, nous réaffirmons ici qu’il n’y aura pas d’élections dans notre pays sans les réformes constitutionnelles, institutionnelles et électorales.

Voilà pourquoi, nous, citoyennes et citoyens togolais, nous ne reculerons plus, nous irons jusqu’au bout cette fois-ci, dans la non-violence, dans le respect de la diversité et de la dignité de chaque Togolais mais avec détermination. Car nous voulons que l’année nouvelle 2019 soit l’année d’un nouveau départ et nous resterons dans les rues jusqu’à l’effectivité de ce désir légitime.

Nos sœurs et frères citoyens, nous en appelons à votre engagement. Soyez prêts pour des mobilisations citoyennes à venir sur tout le territoire. La victoire de tout notre peuple est au bout de ces mouvements. Que chacun, homme politique, citoyens, responsables d’églises, homme et femme de bonne volonté et de toutes les couches sociales fasse sa part et c’est ensemble que nous relèverons ce pays, notre nation, l’or de l’humanité.

TOGO DEBOUT, LUTTONS SANS DEFAILLANCE

Fait à Lomé le 3 novembre

Le Front Citoyen «Togo Debout » (FCTD)
Le Réseau des Jeunes Africains pour la Démocratie (REJADD)
Le Mouvement « Ton de la Jeunesse Patriotique » (TJP)
Le Mouvement « En Aucun cas »
Le Mouvement Patriotes Togolais (MPT)
La Synergie des Elèves et Etudiants du Togo (SEET)
La Ligue Togolaise des Droits des Etudiants (LTDE)
Le Mouvement « Les Sentinelles de la République »
Le Mouvement pour la Justice Sociale (MJS)
Les Mouvements de la Diaspora

Source : www.icilome.com