Message à la Nation : Faure Gnassingbé occulte les vrais problèmes et se fourvoie dans des incantations

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Message à la Nation : Faure Gnassingbé occulte les vrais problèmes et se fourvoie dans des incantations

Il a parlé. Les Togolais n’ont rien compris, ou du moins ne sont pas convaincus des mots alignés par Faure Gnassingbé qui, comme d’habitude, a occulté les vrais problèmes au profit des sujets superflus. L’« homme simple » menace le peuple togolais qui est dans la rue, s’accroche à son référendum, proclamant ainsi l’échec du dialogue, fait des projets étalés sur cinq (05) ans. Bref, il rejette son départ du pouvoir, même en 2020.

En réalité, Faure Gnassingbé était très attendu sur la situation politique qui s’enlise depuis près de 5 mois. Mais sa préoccupation n’est pas de rechercher des voies et moyens pour une solution durable à la crise. Il est plus soucieux de son règne qui l’amène à proférer des menaces à peine voilées à l’encontre des Togolais qui exigent son départ du pouvoir. « Je voudrais réaffirmer que la cohésion sociale doit rester pour nous tous un objectif cardinal, dont il est tenu compte en toutes circonstances. Les réformes à mener dans le sens d’une amélioration des normes et des cadres existants ne sont pas incompatibles avec le maintien de la paix civile. Nous avons fait le choix de la démocratie. Il implique une architecture institutionnelle stable, qui se conforte progressivement en s’adaptant aux évolutions légitimes souhaitées par le peuple. Il implique aussi que l’ensemble des acteurs politiques accepte de se conformer aux règles, et d’exercer ses prérogatives dans le respect des droits et libertés de tous les citoyens », a-t-il déclaré, comme si ce sont les Togolais qui réclament l’alternance dans la rue qui menacent la paix civile.

Pour un pouvoir qui semble sourd aux appels du peuple souverain, il ne faut donc pas beaucoup de réflexion pour trouver les fossoyeurs de la paix. « Récemment, la culture du vivre-ensemble, la courtoisie et la fraternité ont souvent été affectées par des attitudes, des postures et des comportements qui sont aux antipodes de nos valeurs. C’est une situation intolérable et préjudiciable à notre marche commune. Les auteurs responsables d’actes de violence, de destruction et de meurtres doivent être recherchés et soumis aux rigueurs de la loi afin de préserver notre société de ces menaces », a-t-il ajouté.

Visiblement, la culture du vivre-ensemble, la courtoisie et la fraternité seront difficiles à retrouver dans la cité si Faure Gnassingbé, tout en prônant ouvertement et devant l’opinion internationale le dialogue, opte en réalité pour le référendum. On comprend finalement pourquoi le gouvernement use du dilatoire en ce qui concerne les préalables posés par la Coalition des 14 partis de l’opposition, retardant ainsi l’ouverture du dialogue. Le gouvernement, du moins Faure Gnassingbé ne voit donc pas la nécessité d’un projet dont lui-même ne vend pas cher la peau. Autrement dit, il faut beaucoup traîner le pas et faire perdre du temps. Histoire de voir les manifestations de rue s’essouffler et reprendre les manettes du pouvoir. Une stratégie qui a toujours été utilisée par le régime RPT/UNIR.

Justement, c’est pourquoi il jette l’appât des élections aux Togolais, surtout à ceux qui, dans l’opposition (ou ceux qui disent l’être), en raffolent. Pour Faure Gnassingbé, c’est une façon d’amener les opposants à courir derrière les locales et les législatives, en abandonnant les revendications légitimes du peuple togolais. « En 2018, nos concitoyens seront plusieurs fois appelés à décider, par le vote, des grandes orientations de la vie nationale. L’aboutissement du processus de décentralisation permettra aux collectivités territoriales de se doter de représentants élus à l’issue des consultations locales attendues avec impatience. C’est une excellente occasion pour les nombreux talents, jeunes, femmes et hommes de qualité de se mettre au service de leurs communautés respectives et de la nation toute entière en prenant en main la démocratie et la gouvernance à la base. L’élection des députés à l’Assemblée nationale constituera également un important rendez-vous démocratique auquel je convie la classe politique et l’ensemble des électeurs à participer dans un esprit constructif », a-t-il lancé. Pendant ce temps, l’opposition et le peuple dans la rue ne veulent pas entendre parler d’élections au Togo en 2018, s’il n’y a pas retour à la Constitution de 1992, la révision du cadre électoral avec le droit de vote accordé à la diaspora, le déverrouillage des institutions de la République, la libération de tous les prisonniers politiques, etc.

Dans son discours, Faure Gnassingbé n’a pas parlé de la situation des enseignants togolais qui sont régulièrement en grève, avec la descente des élèves dans la rue. Et pourtant, le problème persiste depuis plusieurs années. Il n’a pas non plus évoqué le problème des praticiens hospitaliers qui ont observé une cessation de travail de quelques heures mercredi dernier. Un mouvement d’humeur qui sonne comme un avertissement au gouvernement, car le Syndicat des praticiens hospitaliers du Togo (SYNPHOT) promet des actions d’envergure dans les jours qui viennent. Bref, la situation du fonctionnaire togolais qui végète dans la misère ne semble pas préoccuper le non « dictateur sanguinaire » (appellation que lui-même dit avoir découverte sur les réseaux sociaux). Dans tout cela, il formule encore des projets pour perpétuer son règne sur le Togo.

On dirait que le Prince s’est bien moqué des Togolais mercredi dans son discours. Même pour rendre ce qu’il est allé constater à Atakpamé dans le cadre du projet de contractualisation en phase pilote au CHR, c’est un problème pour lui. C’est difficilement que Faure Gnassingbé est arrivé à articuler des mots pour expliquer ce projet. Une chose qui fait croire que l’homme est aux antipodes de tout ce qui se passe sur le territoire qu’il prétend gouverner. Faure Gnassingbé est vraiment une déception qui n’en finit pas.

Source : www.icilome.com