«Le gouvernement se réserve le droit de donner au moment opportun une suite judiciaire au contenu de ce rapport.» Ainsi est voilée la menace du régime à l’endroit du REJADD et du RAIDHS, deux organisations de défense des droits de l’homme qui ont suivi bout en bout la répression barbare orchestrée sur les populations depuis le 19 août dans les contrée du Togo.
Le 09 Février dernier, l’ancien président de la Ligue Togolaise des Droits de l’Homme, Me Raphaël Kpandé-Adzaré, tel un devin prédisait ceci : «Au Togo, lorsqu’on veut vous faire taire, on utilise la justice ». C’est bel et bien le dernier recours des hommes obscurs à la tête du pays qui, acculés par un rapport de deux organisations de la société civile, brandissent leur dernier recours, la soi-disant «justice» pour museler ceux dont le travail dérange. Combien ne sont-ils pas derrière les barreaux ou dans les locaux des services de renseignement, torturés et privés de leur libertés pour s’être engagés à la cause de la démocratie et de la dignité humaine?
Sinon, où était cette justice quand l’opposition et la société civile réclamaient une enquête internationale indépendante sur la répression sauvage de pauvres populations dont le seul crime est de vouloir contester la néo-monarchie installée manu militari au Togo ?
«Depuis le 19 août 2017, le bilan des morts résultant des manifestations tel qu’issu du monitoring de la plupart des organisations de défense des droits de l’homme (ODDH) fait état diversement de neuf (09) morts (WANEP); dix (10) plus deux (02) morts(Amnesty international), 14 morts (CACIT) et vingt (20) morts pour les organisateurs. En réalité ce bilan est de sept (07) morts par balles et sept (07) morts pour diverses causes dont deux (02) militaires égorgés ». C’est le passage qu’il faut lire pour comprendre que le ridicule ne tue plus dans l’entourage du prince. Quelle subtilité dégelasse pour nos «intellectuels» à la solde du prince Gnassingbé, quelle manille de jouer sur les mots pour minimiser des crimes odieux dont le citoyen contribuable est victime!
2 morts, 7 morts, 14 morts, 100 morts… où est donc la différence ? Le nombre ? La mission des Nations Unies a clairement relevé plus de 500 morts en 2005, plusieurs milliers selon l’opposition et autres ODDH.
Qu’est-ce que cela avait-il changé ? C’était plutôt un prétexte pour organiser des cérémonies de décoration à l’endroit des tortionnaires et d’autres commanditaires de cette boucherie à l’image du major Kouloum bien indexé par les organismes internationaux, mais décoré par Faure Gnassingbé.
Sortir du bunker avec un communiqué arguant une hypothétique «bonne foi» d’un gouvernement à coloration politique (du président de la république au président de l’Assemblée nationale en passant par le premier ministre, ministre de la sécurité, militant du parti UNIR) est plus que ridicule.
Y-a-t-il eu répression ou pas ? Mort d’Homme ou pas ? Deux questions essentielles pour ouvrir une vraie enquête internationale indépendante au lieu de pondre des communiqués pour menacer les organisations de défense des droits humains.
Un gouvernement dont les conseillers comme Charles Debbasch sont en cabale, car en conflit avec la loi dans son pays en France, ce genre de gouvernement n’a aucune leçon à donner à qui que ce soit en ce qui concerne la justice ou les droits de l’Homme.
Quelle que soit l’ampleur des chiffres, on organisera des cérémonies de purifications après, et sur le dos d’une hypothétique justice transitionnelle, on fera des criminels, des commandeurs de l’ordre du mono ou autre décoration selon le bon vouloir de Faure Gnassingbé. N’est-ce pas ça la méthode de ceux qui se disent gouvernement du Togo?
Le reste n’est que diversion!
A. Lemou
Source : www.icilome.com