Menace sur les libertés et droits syndicaux au Togo

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policiers togolais

« Rien n’est plus dangereux que l’autorité en des mains qui ne savent pas en faire usage » (Jean-Jacques Rousseau)

Pour s’être regroupés en syndicat pour défendre leurs intérêts et ceux de leurs camarades, les responsables du Syndicat des Enseignants du Togo (SET) sont l’objet de toutes sortes de brimades de la Police. Les membres de ce mouvement syndical sont impitoyablement traqués, certains embastillés, d’autres ont vu leurs domiciles vandalisés. Si certains responsables de la SET arrêtés ont été libérés, d’autres comme le rapporteur général Baho Essohanam a été déféré à la prision civile de Kara.

La liberté syndicale est reconnue comme partie intégrante des droits fondamentaux de l’homme et pierre angulaire des dispositions visant à assurer la défense des travailleurs dans de nombreux instruments internationaux. De plus, elle est garantie par la Constitution togolaise qui précise que « tout travailleur peut défendre, dans les conditions prévues par la loi, ses droits et intérêts, soit individuellement, soit collectivement ou par l’action syndicale ».

Mais la crainte de menaces de disparitions des droits et libertés syndicales dans notre pays est réelle. Si le gouvernement est accusé de tenter d’annihiler toute revendication syndicale à travers ces arrestations musclées, celui-ci rétorque que les responsables de la SET sont recherchés et poursuivis pour faux et usage de faux en écriture pour n’avoir pas tenu dans les formes requises leur assemblée constitutive et d’avoir produit au ministère de l’Administration territoriale des listes de présence à un congrès virtuel dont les signataires ne s’y reconnaissent pas.

Dans l’opinion et sur les réseaux sociaux, le débat fait rage sur la problématique de l’existence légale et juridique du SET. Certains estiment cependant que si l’existence légale du SET pose problème, cela ne devrait pas justifier les arrestations arbitraires et musclées des enseignants jusqu’à leur incarcération dans le mépris total des droits de l’Homme.

« Aucun enseignant n’a préalablement reçu de convocation et n’a pas obtempéré. Mais à chaque fois, c’est avec une brutalité inouïe que les enseignants sont arrêtés, menottés et directement jetés en prison sans même leur notifier le motif de leurs arrestations. En plus, certains d’entre eux ont vu leurs domiciles saccagés et leurs engins emportés par les éléments des forces de l’ordre. C’est ça l’État de droit que nous voulons bâtir dans notre pays ? », s’est indigné un internaute.

Au Togo, c’est une gageure pour une association qui n’est pas jugée favorable au régime de pouvoir obtenir un récépissé ou être reconnu par le gouvernement. Depuis des années, des milliers d’associations attendent désespérément le précieux sésame alors que pour d’autres mouvements associatifs, surtout ceux de soutien à Faure Gnassingbé, à peine ils sont constitués qu’on leur octroie un blanc-seing pour exercer légalement. Ces associations fantoches poussent comme des champignons et polluent le paysage public et politique surtout à l’approche des échéances électorales.

On se rappelle, il y a six mois, fin juillet 2020, une obscure association dénommée « Les Sentinelles du peuple » créée en 2018 s’était permise, après de curieux échanges épistolaires avec le ministère de l’Administration territoriale, de demander au gouvernement de déchoir de leurs droits civiques, les membres de la Dynamique Monseigneur Kpodzro (DMK) au motif que ce regroupement politique n’aurait pas d’existence légale. La DMK avait lancé un appel à manifester contre le régime de Faure Gnassingbé après les résultats frauduleux du scrutin présidentiel.

Le comble, cette association avait été créée le 19 avril 2018 et avait obtenu immédiatement son récépissé. Pendant ce temps, des milliers d’autres mouvements mis sur pied depuis des années, attendent toujours d’être reconnus par l’Etat…

Médard Ametepe

Source : Liberté

Source : 27Avril.com