Au Togo, la politisation de la vie quotidienne des citoyens, dans tous ses aspects, constitue un sérieux frein au développement de nombreux secteurs d’activité et l’épanouissement même des hommes et femmes qui animent la société. Il n’y a pas de domaine dans ce pays où la politique n’intervient pas.
Cela ne peut être autrement dans la mesure où même pour trouver un petit job (qui est rare d’ailleurs), l’on est obligé de déclarer son appartenance politique, et généralement, il faut appartenir au parti au pouvoir.
Pendant un temps, on a cru que la tradition, celle-là même qui montre les valeurs des sociétés africaines et togolaises, échappe à cette politisation. Mais c’est compter sans le désir de ceux-là qui, pour des ambitions dont eux seuls connaissent le but, veulent aliéner la culture et la tradition. Sinon, on comprend difficilement comment les dieux des ancêtres arrivent toujours à délivrer des messages dont le but est de plaire à quelqu’un, un homme politique.
C’est quand même curieux que la pierre sacrée, prise hier jeudi à Gbatsoumé à Glidji Kpodji dans la préfecture des Lacs, puisse déclarer son soutien total à Faure Gnassingbé et demander à ses collaborateurs de bien l’entourer. Surtout au moment où le peuple togolais, notamment les adeptes de cette pierre, meurtri, marginalisé, ayant perdu tout repère à cause de la misère ambiante qui a pris tout le pays en otage, supplie le protégé de la pierre d’aller se reposer un peu pour laisser une autre personne faire ses preuves à la tête du pays.
« La pierre enlève toutes les malédictions sur le peuple Guin et sur le peuple togolais. Il faut faire des libations pour conjurer ce sort. La pierre dit que sa main est sur le chef de l’Etat et que ses pouvoirs sont avec lui. Pour ce faire, elle demande à ses collaborateurs d’être unis autour de lui », interprétait le prêtre vodou à Glidji Kpodji hier.
Tous ceux qui ont pris connaissance de ce message se demandent depuis hier si c’est vraiment le message que délivre cette pierre qu’ont dit sacrée. Pour les uns, la présence de certains membres du gouvernement, notamment du Premier ministre, Selom Klassou, du ministre de la Sécurité et de la Protection civile, Yark Damehame et bien d’autres sur les lieux des cérémonies, pourrait influer sur le message.
Pour d’autres, il s’agit tout simplement d’un clin d’œil envoyé à Faure Gnassingbé, surtout que 2020 arrive à grands pas et qu’il faut donner l’impression d’être de son côté.
Dans tous les cas, il est regrettable, à en croire de nombreux observateurs, de voir la tradition se laisser politisée jusqu’à ce point. Les cérémonies de la prise de la pierre sacrée, Epé-Ekpé, ressemble plus à du folklore qu’un véritable moment de communion des fils et filles du milieu avec les dieux de leurs ancêtres. La politique étant passée par là.
I.K
Source : www.icilome.com