Même emprisonné, l’activiste Foly Satchivi s’oppose au 4ème mandat de Faure Gnassingbé

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Foly Satchivi, Porte-parole du mouvement « En Aucun Cas »

Condamné il y a quelques semaines à 3 ans de prison dont 1 avec sursis, le Porte-parole du Mouvement En Aucun Cas, Foly Satchivi, n’a pourtant pas abandonné son combat pour l’alternance politique et la démocratie au Togo. Depuis la prison civile de Lomé, l’activiste invite les populations à rester debout et mobilisés afin d’empêcher le Chef de l’Etat actuel, Faure Gnassingbé, de briguer un 4ème mandat. Au cas contraire, « nos aïeux et nos morts ne nous pardonneront jamais cela », avertit-il.

Lisez en intégralité le message de Foly Satchivi…

Message de Foly SATCHIVI, à l’occasion de son anniversaire aux combattants de la liberté.

Le 16 janvier 2019, à l’issue d’une audience qui n’a duré qu’une minute, le tribunal correctionnel de Lomé s’est mis à la disposition des forces occultes en me condamnant de façon injuste et arbitraire à 36 mois d’emprisonnement dont 12 de sursis, ordonnant ainsi mon incarcération jusqu’en août 2020.

Pour les membres de ma famille, mes proches et tous ceux qui me portent dans leur coeur, ce fut un coup très dur à digérer. Ils n’en revenaient pas. Tant mon innocence sautait aux yeux. Aucun argument, aucun élément ne militait en faveur de ma condamnation.

Jusqu’à cet instant, ils ne croyaient pas que le juge allait trahir de façon aussi spectaculaire son serment, en légitimant, par le droit une injustice aussi criarde.

Leur cœur meurtri, violé et déchiré par cette sentence ne cesse de saigner. Depuis, c’est la désolation totale. Tous sont tristes et se lamentent sans cesse.

Mais personnellement, ce verdict ne m’a pas surpris. Elle ne m’affecte pas non plus. Je suis resté, malgré cette condamnation moi-même. Je savais, dès mes premiers pas dans cette lutte que tout pouvais m’arriver et je m’étais psychologiquement préparé en conséquence.

Je n’étais donc pas étonné de les entendre m’accuser de trouble aggravé à l’ordre public et d’apologie aux crimes et délits.

C’était leur propre. Quand ils ne trouvent aucun autre argument pour vous nuire ou vous discréditer, ils vous accusent de rage.

Je savais, en effet, depuis un temps que mes actions et mes sorties médiatiques, aussi minimes soient-ils troublaient le sommeil et la tranquillité de ces voleurs et fossoyeurs de la République. Le procureur, dans son réquisitoire l’a si bien confirmé.

Il ne pouvait de toute façon en être autrement. Je ne pouvais regarder assis, les bras croisés, la bouche muette, dans une indifférence et une passivité totale ces incapables et ces incompétents ruiner notre pays et notre économie. C’est pas mon genre.

Je ne pouvais pas non plus accepter que des millions d’âmes soient pris en otage par un groupuscule sans foi ni loi qui ne comprennent que le langage de la violence et qui n’ont, pour solution à toutes les légitimes revendications du peuple que la force des baïonnettes.

Mais ils ont commis un péché grave. En ordonnant mon incarcération pour mes opinions politiques, ce système inique qui écrase et torture les faibles, emprisonne les innocents, cautionne l’impunité, terrorise mon peuple, transforme nos mères en veuves et leurs enfants en orphelins n’a fait qu’accroître mon aversion contre l’injustice, l’oppression, l’exploitation et la dictature et stimuler encore plus en moi le désir de me battre aux côtés de mon peuple pour un Togo libre, démocratique et nouveau.

Ils n’ont fait, aussi qu’élargir mes horizons et m’ont donné l’occasion d’etudier avec la plus grande concentration la dictature et les contours de la noble mission pour laquelle je me sents destiné.

Je vous prie donc d’essuyer vos larmes et de cessez de me pleurer. Oui ne me pleurez pas.

Ne vous lamentez pas. En le faisant, vous découragez les esprits faibles et aidez mes persécuteurs à atteindre leur objectif, puisqu’il s’agit, selon eux d’une condamnation exemplaire.

Ne leur donnez donc point l’occasion d’atteindre leurs sulfureux objectifs.

La prison fait partie de la lutte. D’ailleurs deux (2) ans ce n’est point 20 ans ni 200 ans. Ce qui importe, c’est ce qu’ils auront fait de nous dans ces deux ans.

Les pères des indépendances, les combattants anti-esclavagiste, anti-racisme et anti-apartheid sont tous passé par là.

Sachez que même dans ma cage, je continuerai, dans la mesure du possible par jouer ma partition afin que l’alternance et le changement rêvés par tous soient au rendez-vous d’ici 2020.

En retour, je vous demande de rester debout et mobilisés.

Ne désespérez donc pas.

La nuit a beau être longue, le jour viendra. Il suffit d’y croire et d’agir en conséquence.

Nous avons peut-être échoué à empêcher les élections législatives, mais nous ne devons, en aucun cas échouer à empêcher Faure GNASSINGBE d’être candidat en 2020.

Nos aïeux et nos morts ne nous pardonneront jamais cela.

Sur ce je vous prie de n’avoir aucun regret pour le passé, aucun remord pour le présent, mais une confiance inébranlable en la puissance de notre nombre et de notre détermination.

EN AUCUN CAS, ILS NE DOIVENT FAIRE UN 4ÈME MANDAT.

 

Fait à la prison civile de Lomé, le 05 février 2019

Foly SATCHIVI

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