Malgré les nombreuses actions des ONG et associations de défense des droits de l’Homme et de l’enfant, l’arsenal juridique dont dispose le Togo et les conventions auxquelles le pays a souscrit, le drame continue. De milliers d’enfants, surtout les filles, se voient voler leur enfance en toute impunité par des gens qui, volontairement ou involontairement, hypothèquent leur avenir.
La problématique du mariage des enfants était au cœur d’une rencontre d’échanges entre responsables d’Ong et d’associations, militant des droits de l’homme et de l’enfant, et les professionnels des médias au siège de Plan International Togo, ce matin. Il s’est agi de réfléchir sur le phénomène, revisiter les causes et les conséquences, formuler les recommandations et rechercher encore quelques pistes qui pourraient aboutir à des solutions.
Quand on parle de mariage des enfants, il s’agit de ceux (surtout les filles) qui ont moins de 18 ans. La pratique est devenue courante, notamment dans les régions des Savanes, Centrale et des Plateaux où les filles sont données en mariage, bien qu’elles n’atteignent pas encore cet âge. Ces mariages précoces, différents des mariages forcés qui sont l’union entre deux personnes sans le consentement de l’une d’entre elles, sont à combattre selon Mme Claire Quenum de Wildaf-Togo.
« On doit pouvoir donner l’opportunité aux filles de s’épanouir, de décider de leur avenir. Il faut leur donner la chance de participer au développement de leur milieu, et par ricochet, de leur pays », a indiqué Mohamed Ibrahima Bah, Représentant Résident de Plan International Togo.
Les causes de ces mariages précoces tournent généralement autour de la pauvreté et des considérations religieuses ou culturelles. Du coup, l’enfant n’arrive plus à jouir de ses droits, puisque son enfance lui a été volée. La plupart de la mortalité maternelle et néonatale constatée aujourd’hui provient de ces enfants qui ne sont normalement pas en âge de concevoir. Ces mariages constituent également un frein au développement économique et social de ces enfants.
Ces filles, devenues précocement mères, ne finissent pas leurs études ni leur apprentissage, et donc n’ont pas accès aux moyens de production de la richesse. Elles dépendent entièrement des hommes ou du mari. D’où la féminisation de la pauvreté dont parle la Banque Mondiale.
Le défi aujourd’hui, c’est d’arriver à faire prendre conscience aux Etats, surtout au Togo où les textes sont bien là, mais ne sont pas appliqués. Ce qui fait que ceux qui s’adonnent au phénomène jouissent d’une impunité criarde.
Le Code des personnes et de la famille, le Code de l’enfant et bien d’autres documents encore, sont des instruments juridiques dont dispose le Togo pour faire reculer ce drame. Mais malheureusement, ils ne restent que des textes qui pourrissent dans les tiroirs.
I.K
Source : www.icilome.com