L’opposition togolaise renoue avec la rue. Jeudi, dans les artères de Lomé, des milliers de Togolais ont répondu à l’appel du Combat pour l’alternance politique en 2015 (CAP 2015) pour « exiger les réformes constitutionnelles, institutionnelles et électorales prévues par l’Accord Politique Global (APG) signé en 2006 ».
En tête de peloton, se trouve le chef de file de l’opposition togolaise et leader de l’Alliance Nationale pour le Changement (ANC), Jean-Pierre Fabre. A ses côtés, se trouvait la présidente de CAP 2015 et Secrétaire générale de la Convention Démocratique des Peuples Africains (CDPA) Brigitte Kafui Ajamagbo Johnson, les présidents du Parti Socialiste pour le Renouveau (PSR), Prof Komi Wolou, de l’UDS-Togo, Antoine Folly, et celui du Parti démocratique panafricain (PDP) Targone Sambiri N’wakin.
Ces leaders entendent amener le gouvernement à mettre en œuvre de façon consensuelle, transparente, participative, le processus de décentralisation et l’organisation transparente, équitable et crédible des élections locales.
Au rythme des fanfares, des vuvuzelas, des klaxons de motos, et des chansons reggaes (d’origine togolaises dénonçant le régime Rpt-Unir), du carrefour Bè-Gakpoto au bas-fond du Collège Saint Joseph, en passant par Déckon et Colombe de la paix, des milliers de Togolais ont scandé des slogans hostiles au pouvoir de Lomé II. Ils ont tous ensemble réclamé les réformes et dit non aux coups de force permanents du régime RPT/UNIR.
« Non ça suffit, Non à la CENI dite technique unilatérale, Nous exigeons la relecture de la loi portant création des communes, Faure où sont nos assassins de 2005? La dictature se nourrit du silence et de l’inactivité, Officier par ton zèle, où sont Tidjani Komlan-Ameyi, etc. », lit-on sur les pancartes.
Pour Jean-Pierre Fabre, la situation sociopolitique qui prévaut actuellement au Togo doit inquiéter plus d’un. « Nous devons barrer la route aux coups de force permanents du régime», a-t-il lâché. Et de poursuivre: « la conférence épiscopale et les Églises Évangéliques et Méthodistes ont mis en garde le régime contre son refus de faire bien les choses. Si le régime ne veut pas écouter l’opposition, qu’il prenne en considération au moins ce que disent les autorités morales ».
Sans incident, la marche de protestation démarrée aux environs de 12h30 minute a chuté au bas-fond du Collège St Joseph où attendait une foule compacte. S’en est suivi le traditionnel meeting d’informations.
Tour à tour Jean-Pierre Fabre et sa camarade de lutte Brigitte Adjamagbo Johson ont entretenu les manifestants épris de justice, de paix et d’alternance, sur les dernières actualités sociopolitiques du pays. Entre autres, le vote du projet de loi portant création des communes, la composition de la CENI technique et la fameuse tournée de la Commission de réflexion sur les réformes.
Pour la Secrétaire Générale de la CDPA, cette tournée de Awa Nana n’est qu’une perte de temps, un gaspillage du denier public. « Est-ce qu’on a encore besoin de consulter une fois de plus le peuple avant de se mettre à l’évidence que les réformes et la décentralisation sont très importantes pour les Togolais. Mais que cette commission dirigée par Awa Nana dise réellement ce que le peuple togolais lui a confié. Qu’elle ne fasse pas comme une commission qu’on a connu dans les années 80-90 qui, après une tournée, a proclamé que les Togolais ne veulent pas de la démocratie, qu’ils préfèrent le Régime RPT », a prévenu la présidente du CAP 2015.
« En tout cas, le train de la libération des Togolais est déjà en marche et nous ne baisserons pas les bras avant de gagner cette lutte », a-t-elle ajouté.
Jean-Pierre Fabre, a profité de l’occasion en rappelant au gouvernement que l’opérationnalisation de réformes politiques et le processus de décentralisation soient conduits de manière participative et inclusive. Il également martelé au régime que la population veut la limitation des mandats et un scrutin présidentiel à deux tours.
Selon les responsables du CAP 2015, cette marche a été une réussite. A plus forte raison que la mobilisation été très forte. Ils annoncent des séries d’action d’envergure dans les prochains jours. Puisque, disent-ils, comme le régime refuse la voie du dialogue, ils n’ont d’autre moyen que la rue pour réclamer les réformes.
Mais reste à savoir si les responsables de l’opposition togolaise vont réussir à capitaliser cette mobilisation pour tourner la page de la dictature des Gnassingbé et concrétiser l’alternance, pour qu’enfin le pays « retrouve son harmonie, la paix nécessaire pour son évolution démocratique ».
KG.
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