C’est véritablement un premier test majeur pour pouvoir de Lomé et l’opposition, au lendemain de la levée de l’interdiction sur l’organisation des marches en semaine. Mais déjà hier mardi, au premier jour de la marche populaire de trois jours à laquelle a appelé l’opposition, le constat relève d’un paradoxe saisissant. La marche s’est déroulée sans heurts à Lomé et dans d’autres villes de l’intérieur du pays. Mais à Sokode et à Bafilo, la manifestation a été purement et simplement étouffée puis réprimée.
En revenant, la semaine dernière, sur sa décision de restreindre les marches de protestation en semaine, l’on croyait que le pouvoir de Lomé cédait, de bonne foi, face aux nombreuses interpellations de la communauté internationale. Mais non ! Les jours qui ont suivi ont dé- chanté plus d’un.
Trois jours de marche… Un seul message : Le retour à la Constitution de 1992
En effet, la coalition des 14 formations politiques de l’opposition a de nouveau appelé, cette semaine, à trois jours de manifestations. Ceci, en vue de contraindre le pouvoir de Lomé à céder à leurs revendications dont la première est le retour à la Constitution de 1992. A cela s’ajoutent, entre autres, l’exigence du droit de vote de la diaspora et la libération des détenus arrêtés dans le cadre des précédentes manifestations. Mais à la veille, le pouvoir de Lomé a donné l’impression de jouer un gros coup en annonçant à la libération de 42 détenus ainsi que la restitution des engins saisis au cours des précédentes marches. Ces mesures salutaires ajoutées aux recommandations des puissances comme les États-Unis et la France de garantir la liberté de manifestation dans le pays, laissaient penser à une situation revenue à la normale. Mais visiblement c’est sans compter avec le double langage du pouvoir cinquantenaire qui régente le Togo.
Une marche, deux réalités !
A Lomé, la marche s’est déroulée sans heurts. Il en est de même pour plusieurs villes de l’intérieur du pays, notamment à Kpalime, Kévé, Guérin-Kouka, Anié, Notsè, Badu, Kévé, Gboto et autres. Une situation d’accalmie dont on se devrait de féliciter si elle était pareille sur toute l’étendue du territoire national. En effet, contrairement à l’ambiance qui prévalait dans la capitale et dans certaines villes du pays, les villes de Sokode et Bafilo ont été, elles, vite quadrillées par les militaires armés de cordelettes et gourdins. Dans leur besogne, ces derniers ont dispersé, à coup de grenades lacrymogènes, toute tentative de rassemblement. A l’arrivée, des course- poursuites et des jets de pierre ont fait quelques blessés. Une dizaine selon une organisation de défense des droits de l’homme présente sur place.
S’expliquant sur la situation dans la mi- journée sur BBC, le ministre de la Sécurité et de la Protection civile, le Colonel Damehale Yark a fait comprendre qu’il serait risqué pour le gouvernement de laisser manifester à Sokode où des munitions et des armes seraient dé- tenus par des manifestants. Dans son développement, l’ancien Directeur général de la Gendarmerie nationale a fait allusion aux deux militaires qu’auraient lynchés les manifestants après l’arrestation de l’Imam Djobo Hassane. Ces explications, aux yeux de nombre d’analystes sont moins convaincantes dans la mesure où aucune note ne signifiait aux organisateurs, l’interdiction de la marche à Sokode. Cette méthode soldatesque peut donc s’expliquer par l’expression d’une volonté manifeste de réduire le peuple au silence, furent-elles grandes ses peines.
Duplicité et mauvaise foi
Cette situation a de quoi donner véritablement raison aux esprits sceptiques qui, à ce jour, rechignent de faire confiance à la sincérité des déclarations du pouvoir Lomé, connu si excellent dans le dilatoire et la duperie. Le pouvoir a certes donné l’impression de lâcher prise dans sa tentative d’interdiction des marches en semaine. Malheureusement, le premier des trois jours de manifestations en a été illustratif et en d it long sur la sincérité de chacun des parties. S’il a permis à l’opposition de revoir les contours de l’organisation, en posant des garde-fous tout autour pour éviter des cas de dérives, il a également permis à l’opinion de s’apercevoir de la mauvaise foi et du double langage du pouvoir de Faure. A dé- faut des miliciens, les militaires ont encore fait parler la force sur les manifestants à Sokode lors d’une manifestation qui n’est pourtant pas interdite. Mais alors, jusqu’où ira-t-il dans sa politique de force brute? Les jours à venir nous situer.
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